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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vieux Glover passe pour riche, et sa fortune suivrait sa fille au couvent d’Elcho, sauf ce que les dominicains pourraient en réclamer pour leur part. Et voilà quelle est ta vocation au cloître ! voilà quelles sont tes objections contre Henry Smith !
    – Véritablement, mon père, tout s’est réuni pour m’engager à prendre ce parti, et je n’y avais moi-même aucune répugnance. Sir John Ramorny m’a menacée d’une vengeance terrible de la part du jeune prince, si je résistais plus long-temps à ses sollicitations criminelles. Et quant au pauvre Henry, ce n’est que tout récemment que j’ai découvert que l’amour que m’inspirent ses bonnes qualités est plus fort que l’éloignement que font naître en moi ses défauts. Hélas ! je n’ai fait cette découverte que pour quitter le monde avec plus de regret que je n’aurais cru pouvoir en éprouver.
    Elle appuya sa tête sur sa main et pleura amèrement.
    – Tout cela n’est que de la folie, dit Glover. Jamais un homme sage ne s’est trouvé dans une extrémité assez désespérée pour ne pouvoir trouver un bon parti à prendre, si la hardiesse ne lui manque pas. Nous ne sommes pas ici dans un pays et parmi un peuple que les prêtres puissent gouverner au nom de Rome sans qu’on mette des bornes à leurs usurpations. S’ils doivent faire pendre tout honnête bourgeois qui dit que les moines aiment l’or, et qu’il s’en trouve parmi eux quelques-uns dont la vie fait honte à la doctrine qu’ils prêchent, sur ma foi, Smothervvell ne manquera pas de besogne. Et s’il faut séquestrer du monde toutes les jeunes folles qui se laissent égarer par les sermons d’un prédicateur qui a la vogue, il faut agrandir les couvens et y recevoir les novices à meilleur marché. Nos bons monarques autrefois ont souvent défendu nos priviléges contre le pape même, et quand il prétendit intervenir dans le gouvernement temporel du royaume, se trouva un parlement écossais qui lui rappela ses devoirs dans une lettre qui aurait dû être écrite en caractères d’or. J’ai vu moi-même cette épître, et quoique je ne pusse pas la lire, la vue des sceaux des révérends prélats et des nobles et fidèles barons qui y étaient attachés a fait tressaillir mon cœur de joie. Tu n’aurais pas dû me cacher ce secret si long-temps, ma fille ; mais ce n’est pas le moment de te reprocher ta faute. Va me préparer à déjeuner : je monterai à cheval sur-le-champ, j’irai trouver notre lord-prévôt, je lui demanderai son avis et sa protection, que j’obtiendrai, j’espère, ainsi que celle des autres braves nobles écossais qui ne souffriront pas qu’on opprime un bon bourgeois pour quelques mots prononcés à la légère.
    – Hélas ! mon père, c’était cette impétuosité même que je redoutais. Je savais que si je vous adressais mes plaintes vous prendriez feu sur-le-champ, et vous seriez prêt à susciter quelque querelle, comme si la religion que nous devons au Père de la paix ne nous avait été donnée que pour devenir une Mère de discorde. Plutôt que d’en venir là je pourrais, même encore à présent, renoncer au monde et me retirer avec mon chagrin dans le couvent d’Elcho, si vous vouliez consentir à ce sacrifice. Seulement, mon père, consolez le pauvre Henry quand nous serons séparés pour toujours. Qu’il ne pense pas à moi avec trop de mécontentement. Dites-lui que Catherine ne l’importunera plus par ses remontrances, mais qu’elle ne l’oubliera jamais dans ses prières.
    – Cette fille a une langue qui ferait pleurer un Sarrasin, dit Simon, dont les yeux étaient aussi humides que ceux de sa fille. Mais je ne céderai pas à ce complot tramé entre une nonne et un moine pour me dérober ma seule enfant. Descends, te dis-je, laisse-moi m’habiller et prépare-toi à m’obéir en tout ce que j’aurai à t’ordonner pour ta sûreté. Fais un paquet de quelques vêtemens et de ce que tu as de plus précieux. Tiens, voici les clefs de la caisse de fer dont le pauvre Henry Smith m’a fait présent ; fais deux portions égales de l’or, que tu y trouveras, mets-en l’une dans une bourse que tu garderas et place l’autre dans la ceinture rembourrée que je me suis faite pour la porter dans mes voyages. Par ce moyen, nous ne serons au dépourvu ni l’un ni l’autre si le destin venait à nous séparer ; et en ce cas fasse le ciel que l’ouragan souffle sur la feuille desséchée et épargne

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