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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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Catherine Glover eût offert la faveur d’usage qu’elle vous a accordée ce matin. Si j’ai quelquefois appuyé sévèrement sur le penchant de votre esprit pour la colère, et de votre main pour le combat, c’est parce que je voudrais, si je pouvais y réussir, vous faire haïr les péchés de vanité et d’emportement auxquels vous vous laissez aller trop aisément. J’ai parlé sur ce sujet plutôt pour alarmer votre conscience que pour exprimer mon opinion. Je sais aussi bien que mon père que dans ce malheureux temps de désordres on peut citer les coutumes de notre nation, et même de toutes les nations chrétiennes, pour justifier l’habitude de faire de la moindre bagatelle une cause de querelle sanglante, de tirer une vengeance terrible et mortelle de la plus légère offense, et de se massacrer l’un l’autre par principe d’honneur et souvent même par pur amusement. Mais je sais que ce sont autant de transgressions pour lesquelles nous serons un jour appelés en jugement, et je voudrais vous convaincre, mon brave et généreux ami, que vous devez écouter plus souvent les conseils de votre bon cœur, et être moins fier de la force et de la dextérité de votre bras impitoyable.
    – Je suis convaincu, Catherine, je le suis ; vos paroles seront désormais une loi pour moi. J’en ai fait assez, j’en ai fait beaucoup trop pour prouver ma force et mon courage ; mais c’est de vous seule, Catherine, que je puis apprendre à mieux penser. Souvenez-vous, ma belle Valentine, que mon ambition de me distinguer les armes à la main, mon humeur querelleuse, si l’on peut l’appeler ainsi, ne combattent pas à arme égale contre ma raison et mon caractère plus doux. Elles sont excitées et encouragées par des causes qui me sont étrangères. Qu’il survienne une querelle, et que d’après votre avis je me montre peu disposé à m’en mêler, croyez-vous que je sois libre de choisir entre la paix et la guerre ? Non, par sainte Marie ! Cent voix s’élèveront autour de moi pour m’animer. – Comment donc, Smith, ta lame est-elle rouillée ? dira l’un. – Henry Gow fait la sourde oreille à une querelle ce matin ? ajoutera l’autre. – Bats-toi pour l’honneur de Perth, s’écriera milord le prévôt. – Henry contre eux tous, et je gage un noble d’or pour lui, dira peut-être votre père lui-même. Or que peut faire un pauvre homme comme moi, Catherine, quand tout le monde le pousse ainsi au nom du diable, et qu’il ne se trouve pas une âme de l’autre côté qui lui dise un mot pour le retenir ?
    – Je sais que le démon ne manque pas d’agens pour nous porter à ses œuvres, mais il est de notre devoir de résister à ces vains argumens, quand même ils seraient employés par ceux à qui nous devons amour et respect.
    – Il y a ensuite les ménestrels avec leurs romances et leurs ballades, qui font consister tout le mérite d’un homme à recevoir et à rendre de bons coups. Vous ne sauriez croire, Catherine, de combien de mes péchés le ménestrel Harry l’Aveugle doit être responsable. Lorsque je frappe un coup bien appuyé, ce n’est pas, j’en prends saint Jean à témoin, par envie de faire mal à celui à qui je le porte, c’est uniquement pour frapper comme frappait William Wallace.
    Smith parlait ainsi avec un sérieux si lamentable, que Catherine ne put s’empêcher de sourire. Cependant elle l’assura que des raisons si futiles ne pouvaient être mises en balance un seul instant contre le danger qu’il faisait courir à sa vie et à celle des autres.
    – Sans doute, répliqua Henry enhardi par son sourire ; mais il me semble que la bonne cause de la paix n’en irait que mieux si elle trouvait un avocat. Supposez, par exemple, que lorsqu’on me pousse et qu’on m’excite à mettre la main sur mon arme, je pusse me souvenir que j’ai laissé à la maison un bon ange gardien dont l’image semblerait me dire tout bas : – Henry, point d’acte de violence ! c’est ma main que vous allez teindre de sang. Henry, ne vous exposez pas à un danger inutile, c’est ma poitrine que vous allez mettre en péril. De telles pensées produiraient sur moi plus d’effet que si tous les moines de Perth me criaient : Arrête, sous peine d’excommunication !
    – Si la voix, les avis et l’affection d’une sœur peuvent avoir quelque poids dans ce débat, Henry, dit Catherine, croyez que lorsque vous frappez c’est ma main que vous couvrez de

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