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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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avons toujours craint que le comte de Douglas n’ait les yeux trop attachés sur la renommée et les biens temporels de cette vie frêle et passagère, pour envisager comme il le devrait ce qui a rapport à un monde à venir.
    – Tout récemment encore, sire, il s’est logé de vive force dans le couvent d’Aberbrothock avec une suite de mille hommes, et l’abbé est forcé de lui fournir tout ce qui est nécessaire pour ses cavaliers et pour ses chevaux. C’est ce que le comte appelle une hospitalité à laquelle il a droit à cause des donations faites à ce monastère par ses ancêtres. Certes il vaudrait mieux rendre aux Douglas leurs terres que de se soumettre à des exactions qui ressemblent à la licence effrénée des sauvages brigands montagnards, plutôt qu’à la conduite d’un baron chrétien.
    – Douglas-le-Noir, dit le roi en soupirant, descend d’une race qui ne peut souffrir qu’on lui dise non. Mais, père prieur, je suis peut-être moi-même un intrus de semblable espèce, car mon séjour chez vous a été bien long, et ma suite, quoique bien moins nombreuse que celle de Douglas, doit vous être à charge par sa consommation journalière. J’ai pourtant donné ordre à mes pourvoyeurs d’alléger vos dépenses le plus qu’il serait possible ; mais si notre présence vous occasionnait quelque inconvénient, il serait temps de songer à notre départ.
    – À Notre-Dame ne plaise ! s’écria le prieur, qui tout en désirant l’autorité n’avait rien de bas et de sordide dans le caractère, et dont la générosité allait même jusqu’à la magnificence. Bien certainement le couvent des dominicains peut offrir à son souverain l’hospitalité qu’il accorde aux voyageurs de toute condition, qui la reçoivent des mains des pauvres serviteurs de notre saint patron. Non, sire ; venez avec dix fois votre suite actuelle, et il ne lui manquera ni un grain, d’avoine, ni une botte de paille, ni un morceau de pain, ni une once de viande. Autre chose est d’employer les revenus de l’Église qui sont plus considérables que des moines ne doivent le désirer ou en avoir besoin, à recevoir avec le respect convenable Votre Majesté royale, ou de se les voir arracher par les mains d’hommes grossiers et violens dont l’amour pour la rapine ne connaît d’autres bornes que l’étendue de leur pouvoir.
    – Fort bien, bon prieur. Et maintenant pour détourner un instant nos pensées des affaires d’état, votre révérence peut-elle nous informer comment les bons citoyens de Perth ont commencé leur jour de Saint-Valentin ? – Galamment, gaîment et paisiblement, j’espère.
    – Je me connais un peu en galanterie et en gaîté, sire. Mais pour ce qui est paisiblement , trois à quatre hommes, dont deux cruellement blessés, sont venus ce matin avant le jour réclamer le privilége du sanctuaire, poursuivis par une foule de gens en chemise, armes de gourdins, de piques, de haches et d’épées, criant : – Tuez et massacrez – plus haut les uns que les autres. Ils n’ont pas même été satisfaits quand notre portier et notre garde leur ont dit que ceux qu’ils poursuivaient avaient trouvé un refuge dans la Galilée de l’église ; mais ils ont continué quelques minutes à pousser des cris en frappant à la poterne, et en demandant que les hommes qui les avaient offensés leur fussent livrés. – Je craignais que le bruit qu’ils ont fait n’eût interrompu le sommeil de Votre Majesté, et ne lui eût causé quelque surprise.
    – Mon sommeil aurait pu être interrompu ; mais que des clameurs m’eussent surpris Hélas ! révérend père, il n’existe en Écosse qu’un seul endroit où les cris de la victime et les menaces de l’oppresseur ne puissent s’entendre, – et cet endroit, mon père, c’est la tombe.
    Le prieur garda un silence respectueux, partageant les sentimens d’un monarque dont la bonté du cœur était si peu d’accord avec les mœurs et le caractère de son peuple.
    – Et que sont devenus les fugitifs ? demanda Robert après un moment de silence.
    – On leur a ouvert la porte avant le jour, comme ils l’ont désiré, sire, après avoir fait visiter avec soin tous les environs pour acquérir la certitude que leurs ennemis ne leur avaient pas préparé quelque embuscade, et ils se sont retirés en paix.
    – Et vous ne savez ni qui étaient ces hommes, ni pourquoi ils avaient cherché un refuge chez vous ?
    – Une querelle

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