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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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risques d’être cassée s’il se mêlait de mes affaires. Il gardera le silence pour sa propre sûreté. Mais qui vient encore ? Par saint Dunstan ! le bavard, le fanfaron, le lâche drôle, Olivier Proudfute.
    C’était en effet le hardi bonnetier qui s’avançait vers eux en chantant le couplet de
    Thomas, mon ami Thomas,
    Tu tiens trop long-temps la pinte.
    Cette gaîté donnait à entendre que son repas n’avait pas été sec.
    – Ah ! mon brave Smith, dit-il, je vous y prends ! Mais le véritable acier peut-il ployer ? et Vulcain, comme le disent les ménestrels, peut-il payer de la même monnaie que Vénus ? Par ma foi ! vous serez un joli Valentin pendant toute l’année si vous commencez le premier jour si joyeusement.
    – Écoute, Olivier, dit l’armurier mécontent, ferme les yeux et passe ton chemin, vieil ami. Écoute encore, retiens ta langue sur ce qui ne te concerne pas, si tu désires avoir toutes tes dents dans la bouche.
    – Moi, trahir un secret ! moi, médire ! et de mon frère d’armes encore ! Je méprise une telle conduite, et je ne voudrais pas parler de ce que j’ai vu, même à mon soudan de bois. Eh ! bon Dieu ! quand je suis dans un coin, je puis être un gaillard aussi bien que toi, mon homme. Et maintenant que j’y pense, je vais aller quelque part avec toi, nous ferons ribote ensemble, et ta Dalila nous chantera des chansons. Eh bien ! n’ai-je pas raison ?
    – Parfaitement, dit Henry qui mourait d’envie de renverser son frère d’armes par un bon coup de poing ; mais trouvant ensuite un moyen plus pacifique de se débarrasser de sa présence, – parfaitement bien ! ajouta-t-il ; j’aurai besoin de ton secours aussi, car il y a cinq ou six des Douglas devant nous. Ils ne manqueront pas de vouloir ôter cette fille à un pauvre bourgeois comme Henry Smith, et je serai trop heureux d’avoir l’assistance d’un brave tel que toi.
    – Je te remercie, je te remercie, répondit le bonnetier. Mais ne vaut-il pas mieux aller d’abord chercher ma grande épée et avertir qu’on sonne le tocsin ?
    – Oui, oui, cours chez toi le plus vite que tu pourras, et ne dis rien de ce que tu as vu.
    – Qui ? moi ! ne crains rien ; fi ! je méprise trop un médisant.
    – Sauve-toi alors, j’entends le choc des armes.
    Ces mots redonnèrent de la vie et de la force aux talons du marchand de bonnets ; et tournant le dos au danger supposé, il prit sa course d’un pas qui dut l’amener promptement à sa propre maison. – Voici une autre pie bavarde que j’aurai à craindre, pensa l’armurier ; mais je sais aussi comment le réduire au silence. Les ménestrels ont un fabliau sur un oiseau qui s’est paré des plumes d’un autre. Ce fanfaron d’Olivier est cet oiseau-là, et par saint Dunstan ! si sa langue babillarde s’amuse à mes dépens, je le plumerai comme jamais faucon ne pluma une perdrix. Il le sait d’avance.
    Tandis que ces réflexions tourmentaient son esprit, Henry touchait au terme de son voyage, et il arriva enfin avec la jeune femme qui tenait toujours son manteau dans le milieu du Wynd {57} qui avait l’honneur de renfermer son habitation, et d’après lequel, suivant l’incertitude qui régnait alors dans l’application des surnoms, on le nommait souvent Henry du Wynd. Là, les jours ordinaires, un fourneau était allumé, et quatre drôles à moitié nus étourdissaient le voisinage par le bruit du marteau et de l’enclume. Mais le jour de la fête de Saint-Valentin aucun ouvrier n’était à l’ouvrage, et les cyclopes avaient fermé la boutique pour vaquer soit à leurs propres affaires soit à leurs plaisirs. Henry était le propriétaire de la maison qui touchait à la forge. Elle était petite, et située dans une rue étroite ; mais un grand jardin rempli d’arbres fruitiers lui donnait un aspect agréable. L’armurier au lieu d’appeler ou de frapper, ce qui aurait attiré des voisins aux portes et aux fenêtres, tira de sa poche un passe-partout de sa propre fabrication, ce qui était alors un objet de curiosité et d’envie, et ouvrant la porte, introduisit sa compagne dans sa maison.
    L’appartement dans lequel ils entrèrent était la cuisine ; parmi les bourgeois de la classe de Henry elle servait de chambre principale, quoique quelques individus, dont Simon Glover faisait partie, eussent une salle à manger séparée de celle où les repas étaient préparés. Dans le coin de cet appartement

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