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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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d’une propreté extrême, une vieille femme était assise ; ses vêtemens soignés et la symétrie avec laquelle son plaid écarlate était posé sur sa tête de manière à descendre des deux côtés de ses épaules, indiquaient un rang plus élevé que celui de la mère Shoolbred, la femme de charge de l’armurier : cependant elle n’avait point d’autre titre.
    N’ayant pas assisté à la messe du matin, elle se reposait tranquillement auprès du feu ; son chapelet moitié dit pendait à son bras gauche ; ses prières à moitié prononcées s’arrêtaient souvent sur ses lèvres, et ses yeux à moitié fermés sommeillaient tandis qu’elle attendait celui qu’elle avait nourri, sans pouvoir deviner l’heure à laquelle il reviendrait. Elle se leva au bruit qu’il fit en entrant, et jeta sur sa compagne un regard de surprise qui changea bientôt pour exprimer le plus profond mécontentement.
    – Que tous les saints protégent ma vue, Henry Smith ! s’écria-t-elle dévotement.
    –  Amen, de tout mon cœur. Apprêtez quelque chose à manger, bonne nourrice, car je crains bien que cette pauvre voyageuse n’ait fait qu’un maigre dîner.
    – Et je prie encore Notre-Dame de préserver ma vue de toutes dangereuses illusions envoyées par Satan !
    – Qu’il en soit ainsi, vous dis-je, bonne femme. Mais pourquoi toutes ces patenôtres et ces prières ? Ne m’entendez-vous pas, ou ne voulez-vous pas faire ce que je vous demande ?
    – Il faut que ce soit lui-même, malgré tout ! Mais grand Dieu ! on le prendrait plutôt pour un démon avec cette drôlesse pendue à son manteau. Ô Henry Smith ! les hommes vous appellent un jeune débauché pour de pareilles choses !
    Mais qui aurait cru que Henry pût amener une femme de mauvaise vie sous le toit qui abrita sa mère, et où sa propre nourrice, demeura pendant trente ans !
    – Taisez-vous, vieille femme, et soyez raisonnable, dit l’armurier ; cette chanteuse n’est ni ma maîtresse, ni celle de personne que je connaisse ; mais elle doit partir demain pour Dundee par les bateaux, et il faut que nous la logions pour cette nuit.
    – La loger ! Vous pouvez donner un abri à un pareil bétail si cela vous convient, Henry du Wynd. Mais la même maison ne contiendra pas cette vagabonde et moi, vous pouvez en être certain.
    – Votre mère est mécontente, dit Louise se méprenant sur les relations qui existaient entre Henry et sa nourrice ; je ne resterai pas si cela l’offense. S’il y a un coin vide dans une écurie ou une étable, il suffira pour Charlot et moi.
    – C’est sans doute le logement auquel vous êtes le plus habituée, reprit la dame Shoolbred.
    – Écoutez, nourrice, dit l’armurier, vous savez que je vous aime pour votre propre compte et pour celui de ma mère ; mais par saint Dunstan qui était un saint du même état que moi ! je veux être le maître dans ma propre maison, et si vous me quittez sans me donner d’autres raisons que vos soupçons injustes, vous aviserez aux moyens d’ouvrir la porte vous-même quand vous rentrerez, car certainement je ne vous aiderai pas.
    – Enfant, cette crainte ne me fera point déshonorer le nom que je porte depuis soixante ans. Ce ne fut jamais l’habitude de votre mère, et ce ne sera jamais la mienne de me lier avec des jongleurs, des danseuses et des chanteuses ; et je ne suis pas assez en peine de trouver un logement, pour souffrir que le même toit couvre en même temps la mère Shoolbred et une princesse de cette espèce.
    En disant ces mots la sévère gouvernante se prépara à sortir en ajustant à la hâte son mantelet de tartan, de manière à cacher sa coiffe de linon blanc, dont les bords entouraient un visage ridé, mais annonçant la santé. Cela fait elle saisit un bâton, fidèle compagnon de ses courses, et elle se dirigeait vers la porte lorsque l’armurier se plaça entre elle et le passage.
    – Reste au moins, vieille femme, lui dit-il, jusqu’à ce que nous ayons réglé nos comptes ; je te dois des gages échus.
    – Et voici un nouveau rêve de votre tête folle : quels gages dois-je recevoir du fils de votre mère, qui me nourrit, m’habilla et me traita comme si j’avais été sa sœur ?
    – C’est ainsi que vous êtes reconnaissante, nourrice ; vous laissez son fils unique au moment du plus grand embarras.
    La vieille obstinée sembla se repentir un instant. Elle s’arrêta, et ses regards se portèrent

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