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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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levé.
    – Partez donc, retournez près de votre Valentine, et si elle vous aime, oh ! ne la trompez pas.
    – Hélas ! pauvre damoiselle, je crains que ce ne soit l’ingratitude d’un amant qui vous ait réduite à embrasser ce misérable état. Mais je ne veux point vous quitter avant de savoir où vous passerez la nuit.
    – Ne vous en inquiétez pas. Le ciel est pur ; il y a des buissons et des taillis sur le rivage ; Charlot et moi nous pouvons nous contenter pour une nuit d’un abri de feuillage ; et demain avec votre aide je serai hors de danger. Oh ! la nuit passe bien vite quand il y a de l’espérance pour le lendemain ! Eh bien ! vous hésitez encore, et votre Valentine vous attend ! Prenez garde, je vous tiendrai pour un amant déloyal, et vous savez de quelle importance sont les reproches d’un ménestrel.
    – Je ne puis vous quitter, damoiselle, répondit l’armurier très radouci. Ce serait un meurtre de vous laisser coucher en plein air, exposée à la froidure d’une nuit d’Écosse au mois de février. Non, non, ma parole ne sera point tenue de cette manière ; et si je cours le risque d’être blâmé, c’est une juste punition pour vous avoir mal jugée et chagrinée par une conduite que vous ne méritiez pas, j’en suis convaincu maintenant. Viens avec moi, damoiselle. – Tu auras pour cette nuit un logement sûr et honnête, quelle qu’en soit la conséquence. Ce serait faire un mauvais compliment à ma Catherine que de laisser une pauvre créature mourir de froid, afin de jouir de sa société une heure plus tôt.
    En disant ces mots Henry chassa avec effort toutes les inquiétudes occasionnées par la décision hardie qu’il venait de prendre. Son âme courageuse résolut de défier la médisance, et de donner à la pauvre vagabonde un asile dans sa propre maison. On doit cependant ajouter qu’il ne prit cette résolution qu’avec une extrême répugnance, mais cédant à l’enthousiasme de bienveillance qui s’était emparé de lui depuis un instant.
    Avant l’époque à laquelle le robuste fils de Vulcain avait donné toute sa tendresse à la Jolie Fille de Perth, des passions impétueuses l’avaient placé sous l’influence de Vénus aussi bien que sous celle de Mars. Mais un sincère attachement le corrigeait momentanément de ses faiblesses ; il était donc justement jaloux de sa nouvelle réputation de sagesse, que sa conduite avec la pauvre vagabonde pourrait exposer au soupçon ; il doutait peut-être aussi un peu de ses propres forces en s’exposant aussi témérairement à la tentation. Il était plus encore désespéré de perdre ainsi la fête de Saint-Valentin, dont le titre lui donnait le droit et lui enjoignait même de passer entièrement la journée près de celle qui devenait sa compagne pour toute la saison. Le voyage à Kinfauns et les différens accidens qui le suivirent avaient employé une partie du jour, et l’heure des complies était près de sonner.
    Comme s’il pouvait racheter par un pas rapide le temps qu’il était obligé de sacrifier à un objet si différent de celui vers lequel il portait son cœur, il traversa le jardin des dominicains, entra dans la ville, levant son manteau jusque sur son visage et enfonçant son bonnet sur ses yeux ; alors il continua de marcher avec la même célérité à travers les rues et les allées, espérant atteindre sa maison sans avoir été remarqué. Cette course dura peut-être six minutes avant qu’il lui vint dans la pensée qu’elle était peut-être trop rapide pour que la jeune fille pût le suivre. Il se retourna, regardant derrière lui d’un air impatient dont il se repentit bientôt lorsqu’il s’aperçut que Louise était presque épuisée de fatigue.
    – Je mériterais d’être pendu pour ma brutalité, se dit Henry intérieurement. Quand je serais encore plus pressé, cela pourrait-il donner des ailes à la pauvre fille, et aussi chargée qu’elle l’est par son bagage ? Je suis un mauvais chien, cela est sûr, un maladroit toutes les fois qu’il est question de femmes ; et je suis certain d’avoir toujours tort, même avec la meilleure intention de bien faire. – Écoute, damoiselle ; laisse-moi porter ce fardeau, nous n’en marcherons que plus vite.
    Louise aurait voulu s’y opposer, mais elle respirait avec peine et ne put même répondre ; elle laissa donc son brave conducteur prendre le petit panier. Lorsque l’épagneul s’en aperçut il vint

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