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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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vaillants seigneurs, lesquels avaient voulu
s’emparer par surprise d’Amsterdam.
    Et tandis qu’ils allaient au supplice, étant dix-huit et
chantant des hymnes, les tambourins battaient devant et derrière,
tout le long du chemin.
    Et les soudards espagnols les escortant et portant torches
flambantes, leur en brûlaient le corps en tous endroits. Et quand
ils se mouvaient a cause de la douleur, les soudards
disaient : « Comment, luthériens, cela vous fait-il donc
mal d’être brûlés si tôt ? »
    Et celui qui les avait trahis avait nom Dierick Slosse, lequel
les mena à Enckhuysc, encore catholique, pour les livrer aux
happe-chair du duc.
    Et ils moururent vaillamment.
    Et le roi hérita.

III
     
    – L’as-tu vu passer ? dit Ulenspiegel vêtu en bûcheron.
Lamme pareillement accoutré. As-tu vu le vilain duc avec son front
plat au-dessus comme celui de l’aigle, et sa longue barbe qui est
comme tout de corde pendant à une potence ? Que Dieu l’en
étrangle ! Tu l’as vue cette araignée avec ses longues pattes
velues que Satan, en son vomissement, cracha sur nos pays ?
Viens, Lamme, viens ; nous allons jeter des pierres dans la
toile…
    – Las ! dit Lamme, nous serons brûlés tout vifs.
    – Viens à Groenendael, mon ami cher, viens à Groenendael là est
un beau cloître où Sa Ducalité Arachnéenne va prier le Dieu de paix
de lui laisser parfaire son œuvre qui est d’ébattre ses noirs
esprits dans les charognes. Nous sommes en carême, et ce n’est que
de sang que ne veut point jeûner Sa Ducalité. Viens, Lamme, il y a
cinq cents cavaliers armés autour de la maison d’Ohain ; trois
cents piétons sont partis par petites troupes et entrent dans la
forêt de Soignes.
    « Tantôt, quand d’Albe fera ses dévotions, nous lui
courrons sus et, l’ayant pris, le mettrons dans une belle cage de
fer et l’enverrons au prince. »
    Mais Lamme, frissant d’angoisse :
    – Grand danger, mon fils, dit-il à Ulenspiegel. Grand
danger ! Je te suivrais en cette entreprise si mes jambes
n’étaient si faibles, si ma bedaine n’était si gonflée à cause de
l’aigre bière qu’ils boivent en cette ville de Bruxelles.
    Ces propos se tenaient en un trou du bois creusé dans la terre,
au milieu du fourré. Soudain, regardant à travers les feuilles
comme hors d’un terrier, ils virent les habits jaunes et rouges des
soudards du duc dont les armes brillaient au soleil et qui allaient
à pied dans le bois.
    – Nous sommes trahis, dit Ulenspiegel.
    Quand il ne vit plus les soudards, il courut le grand trotton
jusques à Ohain. Les soudards le laissèrent passer sans être
remarqué, à cause de son costume de bûcheron et de la charge de
bois qu’il portait sur le dos. Là, il trouva les cavaliers
attendant ; il sema la nouvelle, tous se dispersèrent et
s’échappèrent sauf le sire de Beausart d’Armentières qui fut pris.
Quant aux piétons qui venaient de Bruxelles, on n’en put trouver un
seul.
    Et ce fut un lâche traître du régiment du sieur de Likes qui les
trahit tous.
    Le sire de Beausart paya cruellement pour les autres.
    Ulenspiegel alla, le cœur battant d’angoisse, voir au Marché aux
Bêtes, à Bruxelles, son cruel supplice.
    Et le pauvre d’Armentières, mis sur la roue, reçut trente-sept
coups de barre de fer sur les jambes, sur les bras, les pieds et
les mains, qui furent mis en pièces tour à tour, car les bourreaux
le voulaient voir souffrir cruellement.
    Et il reçut sur la poitrine le trente-septième, dont il
mourut.

IV
     
    Par un jour de juin, clair et doux, fut dressé à Bruxelles, sur
le marché devant la Maison de Ville, un échafaud couvert de drap
noir et y attenant deux poteaux élevés, garnis de pointes de fer.
Sur l’échafaud, étaient deux coussins noirs et une petite table sur
laquelle il y avait une croix d’argent.
    Et sur cet échafaud furent mis à mort par le glaive, les nobles
comtes d’Egmont et de Hoorn. Et le roi hérita.
    Et l’ambassadeur de François, premier du nom, dit parlant
d’Egmont :
    – Je viens de voir trancher la tête à celui qui deux fois fit
trembler la France.
    Et les têtes des comtes furent posées sur les pointes de
fer.
    Et Ulenspiegel dit à Lamme :
    – Les corps et le sang sont couverts de drap noir. Bénis soient
ceux qui tiendront haut le cœur, droite l’épée dans les jours qui
vont venir !

V
     
    En ce temps-là, le Taiseux réunit une armée et fit envahir de
trois côtés les

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