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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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Dieu
leur mit sous la ceinture. Katheline et Nele le seront plus que
d’autres, et, nous croyant diables, nous obéiront en tout :
toi, garde ton prénom, mais ne donne jamais le nom de ton père
Ryvish. Si le juge prend les femmes, nous partirons sans qu’elles
nous connaissent et nous puissent dénoncer. À la rescousse, mon
féal. Fortune sourit aux jeunes gens, comme le disait feue Sa
Sainte Majesté Charles-Quint, maître passé ès choses d’amour et de
guerre. »
    Et le greffier, cessant de lire, dit :
    – Telle est la lettre, et elle est signée : Joos Damman,
écuyer.
    Et le peuple cria :
    – À mort le meurtrier ! À mort le sorcier ! Au feu
l’affoleur de femmes ! À la potence, le larron !
    Le bailli dit alors :
    – Peuple, faites silence, afin qu’en toute liberté nous jugions
cet homme.
    Et parlant aux échevins :
    – Je veux, dit-il, vous lire la deuxième lettre trouvée par Nele
dans la poche cousue à la cote de Katheline ; elle est ainsi
conçue :
    « Sorcière mignonne, voici la recette d’une mixture à moi
envoyée par la femme même de Lucifer : à l’aide de cette
mixture, tu te pourras transporter dans le soleil, la lune et les
astres, converser avec les esprits élémentaires qui portent à Dieu
les prières des hommes, et parcourir toutes les villes, bourgades
rivières, prairies de l’entier univers. Tu broieras ensemble, à
doses égales : stramonium, solanum somniferum, jusquiame,
opium, les sommités fraîches du chanvre, belladone et datura.
    » Si tu le veux, nous irons ce soir au sabbat des esprits :
mais il faut m’aimer davantage et n’être plus chicharde comme
l’autre soir, que tu me refusas dix florins, disant que tu ne les
avais point. Je sais que tu caches un trésor et ne me le veux point
dire. Ne m’aimes-tu plus, mon doux cœur ?
    »
Ton diable froid, HANSKE. »
    – À mort le sorcier ! cria le populaire.
    Le bailli dit :
    – Il faut comparer les deux écritures.
    Ce qu’étant fait, elles furent jugées semblables.
    Le bailli dit alors aux seigneurs et gentilshommes
présents :
    – Reconnaissez-vous celui-ci pour messire Joos Damman, fils de
l’échevin de la Keure de Gand ?
    – Oui, dirent-ils.
    – Connûtes-vous, dit-il, messire Hilbert, fils de Willem Ryvish,
écuyer ?
    L’un des gentilshommes, qui se nommait Van der Zickelen, parla
et dit :
    – Je suis de Gand, mon steen est place Saint-Michel ; je
connais Willem Ryvish, écuyer, échevin de la Keure de Gand. Il
perdit, il y a quinze ans, un fils âgé de vingt-trois ans,
débauché, joueur, fainéant ; mais chacun lui pardonnait à
cause de sa jeunesse. Nul depuis ce temps n’en a plus eu de
nouvelles. Je demande à voir l’épée, le poignard et la gibecière du
mort.
    Les ayant devant lui, il dit :
    – L’épée et le poignard portent au bouton du manche les armes
des Ryvish, qui sont de trois poissons d’argent sur champ d’azur.
Je vois les mêmes armes reproduites sur un écusson d’or entre les
mailles de la gibecière. Quel est cet autre poignard ?
    Le bailli parlant :
    – C’est celui, dit-il, qui fut trouvé planté dans le corps de
Hilbert Ryvish, fils de Willem.
    – J’y reconnais, dit le seigneur, les armes des Damman : la
tour de gueules sur champ d’argent. Ainsi m’ait Dieu et tous ses
saints.
    Les autres gentilshommes dirent aussi :
    – Nous reconnaissons les dites armes pour celles de Ryvish et de
Damman. Ainsi nous ait Dieu et tous ses saints.
    Le bailli dit alors :
    – D’après les preuves ouïes et lues par le tribunal des
échevins, messire Joos Damman est sorcier, meurtrier, affoleur de
femmes, larron du bien du roi, et comme tel coupable du crime de
lèse-majesté divine et humaine.
    – Vous le dites, messire bailli, repartit Joos, mais vous ne me
condamnerez point, faute de preuves suffisantes ; je ne suis
ni ne fut jamais sorcier ; je jouais seulement le jeu du
diable. Quant à mon visage clair, vous en avez la recette et celle
de l’onguent, qui, tout en contenant de la jusquiame, plante
vénéneuse, est seulement soporifique. Lorsque cette femme, vraie
sorcière, en prenait, elle tombait ensommeillée et pensait, allant
au sabbat, y faire la ronde la face tournée en dehors du cercle et
adorer un diable, à figure de bouc, posé sur un autel. La ronde
étant finie, elle croyait l’aller baiser sous la queue, ainsi que
font les sorciers, pour après se livrer avec moi, son ami, à
d’étranges copulations qui

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