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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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justice.
    – Ne mettez point la lettre dans le bassin, dit un échevin, car
si elle est écrite avec du sel ammoniac détrempé dans l’eau, vous
effacerez les caractères.
    – Non, dit le chirurgien qui était là, les caractères ne
s’effaceront point, l’eau amollira seulement l’enduit qui empêche
d’ouvrir cette boule magique.
    Le parchemin fut trempé dans l’eau, et, s’étant amolli, fut
déplié.
    – Maintenant, dit le chirurgien, mettez-le devant le feu.
    – Oui, oui, dit Nele, mettez le papier devant le feu, messire
chirurgien est sur la route de la vérité, car le meurtrier pâlit et
tremble des jambes.
    Sur ce, messire Joos Damman dit :
    – Je ne pâlis ni ne tremble, petite harpie populaire qui veux la
mort d’un noble homme ; tu ne réussiras point, ce parchemin
doit être pourri, après seize ans de séjour dans la terre.
    – Le parchemin n’est point pourri, dit l’échevin, la gibecière
était doublée de soie ; la soie ne se consomme point dans la
terre, et les vers n’ont point traversé le parchemin.
    Le parchemin fut remis devant le feu.
    – Monseigneur bailli, Monseigneur bailli, disait Nele, voici
devant le feu l’encre apparente ; commandez qu’on lise
l’écrit.
    Comme le chirurgien allait le lire, messire Joos Damman voulut
étendre le bras pour saisir le parchemin, mais Nele se lança sur
son bras vite comme le vent et dit :
    – Tu n’y toucheras point, car là sont écrites ta mort ou la mort
de Katheline. Si maintenant ton cœur saigne, meurtrier voilà quinze
ans que saigne le nôtre ; quinze ans que Katheline souffre,
quinze ans qu’elle eut le cerveau brûlé dans la tête pour
toi ; quinze ans que Soetkin est morte des suites de la
torture, quinze ans que nous sommes besoineux, loqueteux et vivons
de misère, mais fièrement. Lisez le papier, lisez le
papier !
    – Lisez le papier ! criaient les hommes et femmes pleurant.
Nele est brave ! lisez le papier ! Katheline n’est point
sorcière,
    Et le greffier lut :
    « À Hilbert, fils de Willem Ryvish, écuyer, Joos Damman
écuyer, salut.
    » Benoît ami, ne perds plus ton argent en brelans, jeu de dés et
autres misères grandes. Je te vais dire comment on en gagne à coup
sûr. Faisons-nous diables, diables jolis, aimés de femmes et de
fillettes. Prenons les belles et riches, laissons les laides et
pauvres, qu’elles payent leur plaisir. Je gagnai en ce métier, en
six mois, cinq mille rixdaelders au pays d’Allemagne. Les femmes
donneraient leurs cottes et chemises à leur homme quand elles
l’aiment ; fuis les avares au nez pincé qui mettent temps à
payer leur plaisir. Pour ce qui est de toi et pour paraître beau et
vrai diable incube, si elles t’acceptent pour la nuit, annonce ta
venue en criant comme un oiseau nocturne. Et pour te faire une
vraie face de diable, diable terrifiant, frotte-toi le visage de
phosphore, qui brille par places quand il est humide. L’odeur en
est mauvaise, mais elles croiront que c’est odeur d’enfer. Tue qui
te gêne, homme, femme ou animal.
    » Nous irons bientôt ensemble chez Katheline, belle gouge,
débonnaire, sa fillette Nele, une mienne enfant si Katheline me fut
fidèle, est avenante et mignonne ; tu la prendras sans
peine ; je te la donne, car il ne me chault de ces bâtardes
qu’on ne peut avec assurance reconnaître pour son fruit. Sa mère me
bailla déjà plus de vingt-trois carolus, tout son bien. Mais elle
cache un trésor, qui est, si je ne suis sot, l’héritage de Claes,
l’hérétique brûlé à Damme : sept cents florins carolus sujets
à confiscation, mais le bon roi Philippe, qui fit tant brûler de
ses sujets pour hériter d’eux, ne put mettre la griffe sur ce doux
trésor. Il pèsera plus en ma gibecière qu’en la sienne. Katheline
me dira où il est ; nous le partagerons. Tu me laisseras
seulement la plus grosse part pour la découverte.
    » Quant aux femmes, étant nos serves douces et esclaves
amoureuses, nous les mènerons au pays d’Allemagne. Là, nous les
enseignerons à devenir diables femelles et succubes, enamourant
tous les riches bourgeois et nobles hommes ; là, nous vivrons,
elles et nous, d’amour payé en beaux rixdaelders, velours, soie,
or, perles et bijoux ; nous serons ainsi riches sans fatigues
et, à l’insu des diables succubes, aimés des plus belles, nous
faisant toujours payer au demeurant. Toutes les femmes sont sottes
et niaises pour l’homme pouvant allumer ce feu d’amour que

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