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La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak

Titel: La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles De Coster
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méchant
constipé quelque part ; si tu n’es constipé, tu es
foirard ; si tu n’es foirard, tu es chapon ; s’il y a de
la tempérance, ce n’est pas elle qui emplit la tonne de ton ventre,
et si, sur les mille millions d’hommes qui peuplent la terre, il
n’y avait qu’un cocu, ce serait toi.
    À ce propos, Ulenspiegel tomba sur son séant, les jambes en
l’air, car l’homme lui avait baillé un tel coup de poing sous le
nez, qu’il en vit plus de cent chandelles. Puis tombant subtilement
sur lui, malgré le poids de sa bedaine, il le frappa partout, et
les coups plurent comme grêle sur le maigre corps d’Ulenspiegel. Et
le bâton de celui-ci tomba par terre.
    – Apprends par cette leçon, lui dit l’homme, à ne point
tarabuster les honnêtes gens allant en pèlerinage. Car, sache-le
bien, je vais ainsi à Alsemberg, selon la coutume, prier madame
sainte Marie de faire avorter un enfant que ma femme conçut lorsque
j’étais en voyage. Pour obtenir un si grand bienfait, il faut
marcher et danser à reculons depuis le vingtième pas après sa
demeure jusqu’au bas des degrés de l’église, sans parler. Las, il
me faudra recommencer maintenant.
    Ulenspiegel, ayant ramassé son bâton, dit :
    – Je vais t’y aider, vaurien, qui veux faire servir Notre-Dame à
tuer les enfants au ventre de leurs mères.
    Et il se mit à battre le méchant cocu si cruellement qu’il le
laissa pour mort sur le-chemin.
    Cependant montaient toujours vers le ciel les geignements des
pèlerins, les sons des fifres, violes, rebecs et cornemuses, et,
comme un pur encens, la fumée des fritures.

XXXVII
     
    Claes, Soetkin et Nele devisaient ensemble au coin du feu, et
s’entretenaient du pèlerin pèlerinant.
    – Fillette, disait Soetkin, que ne peux-tu, par la force du
charme de jeunesse, le garder toujours près de nous !
    – Las ! disait Nele, je ne le puis.
    – C’est, répondait Claes, qu’il a un charme contraire qui le
force à courir sans se reposer jamais, sinon pour faire besogne de
gueule.
    – Le laid méchant ! soupirait Nele.
    – Méchant, disait Soetkin, je le concède, mais laid, non. Si mon
fils Ulenspiegel n’a point le visage à la grecque ou à la romaine,
il n’en vaut que mieux ; car ils sont de Flandres ses pieds
alertes, du Franc de Bruges son œil fin et brun, et son nez et sa
bouche faits par deux renards experts es sciences de malices et
sculptures.
    – Qui donc lui fit, demanda Claes, ses bras de fainéant et ses
jambes trop promptes à courir au plaisir ?
    – Son cœur trop jeune, répondit Soetkin.

XXXVIII
     
    Katheline guérit en ce temps-là, par des simples, un bœuf, trois
moutons et un porc appartenant à Speelman, mais ne put guérir une
vache qui était à Jan Beloen. Celui-ci l’accusa de sorcellerie. Il
déclara qu’elle avait jeté un charme à l’animal, attendu que,
pendant qu’elle lui donnait les simples, elle le caressa et lui
parla, sans doute en une langue diabolique, car une honnête
chrétienne ne doit point parler à un animal.
    Ledit Jan Beloen ajouta qu’il était voisin de Speelman, dont
elle avait guéri les bœuf, moutons et porc, et si elle avait tué sa
vache c’était sans doute à l’instigation de Speelman, jaloux de
voir que ses terres, à lui Beloen, étaient mieux labourées et
rapportaient davantage que les siennes, à lui Speelman. Sur le
témoignage de Pieter Meulemeester, homme de bonne vie et mœurs, et
aussi de Jan Beloen, certifiant que Katheline était réputée
sorcière à Damme, et avait sans doute tué la vache, Katheline fut
appréhendée au corps et condamnée à être torturée jusqu’à ce
qu’elle eût avoué ses crimes et méfaits.
    Elle fut interrogée par un échevin qui était toujours furieux,
car il buvait du brandevin toute la journée. Il fit, devant lui et
ceux de la
Vierschare
, mettre Katheline sur le premier
banc de torture.
    Le bourreau la mit toute nue, puis il lui rasa les cheveux et
tout le corps, regardant partout si elle ne cachait aucun
charme.
    N’ayant rien trouvé, il l’attacha par des cordes sur le banc de
torture. Elle dit alors :
    – Je suis honteuse d’être nue ainsi devant ces hommes, madame
sainte Marie, faites que je meure !
    Le bourreau lui mit alors des linges mouillés sur la poitrine,
le ventre et les jambes, puis levant le banc, il lui versa de l’eau
chaude dans l’estomac en si grande quantité qu’elle parut toute
gonflée. Puis il laissa retomber le

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