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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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intense de la forêt, en elle-même une lourde épreuve pour l’esprit. Il marchait lentement comme s’il n’avait eu aucune raison, ressenti aucun désir de faire un pas de plus, mais aurait bien mieux aimé se laisser tomber au pied d’un arbre et y rester sans bouger, pour toujours. Les feuilles auraient pu le parsemer, la terre accumuler, petit à petit, un monticule sur sa personne, sans qu’il importât qu’elle recouvrît ou non de la vie. La mort était quelque chose de trop précis pour être souhaitée ou écartée.
    Aux yeux d’Hester Prynne, Arthur Dimmesdale ne laissait voir aucun signe de souffrance positive à ceci près qu’ainsi que la petite Pearl l’avait remarqué, il pressait sa main sur son cœur.

CHAPITRE XVII – LE PASTEUR ET SA PAROISSIENNE
    Le pasteur avait beau avancer lentement, il était presque passé avant qu’Hester Prynne eût pu affermir suffisamment sa voix pour se faire entendre de lui.
    – Arthur Dimmesdale ! dit-elle très faiblement une première fois. Puis plus fort mais d’une voix rauque, elle répéta : « Arthur Dimmesdale ! »
    – Qui parle ? demanda le pasteur.
    Se ressaisissant rapidement, il se redressa comme un homme surpris en un état où il n’entend pas avoir de témoin. Jetant un regard anxieux du côté de la voix, il entrevit une silhouette si sombrement vêtue qu’elle se confondait presque avec la pénombre que le ciel nuageux et le feuillage obscur de la forêt faisaient régner sous bois cet après-midi. Et il n’arrivait pas à discerner s’il s’agissait d’une femme ou d’une ombre. Peut-être le chemin de sa vie était-il hanté par un spectre né de ses pensées.
    Il fit un pas en avant et découvrit la lettre écarlate.
    – Hester ! dit-il. Hester Prynne ? Es-tu en vie ?
    – Oui, répondit-elle, de la vie qui fut la mienne ces sept dernières années ! Et toi, Arthur Dimmesdale, vis-tu encore ?
    Il n’était pas étonnant que chacun mît ainsi en doute l’existence corporelle de l’autre et doutât même de la sienne. Si étrange était leur rencontre dans le bois obscur qu’elle pouvait passer pour la première rencontre dans le monde d’outre-tombe de deux esprits qui s’étaient bien connus dans leur existence première. Mais remis à présent face à face, ils se faisaient mutuellement peur, n’étant pas familiarisés encore avec leur nouvel état, ni accoutumés à la compagnie d’êtres désincarnés. Fantôme chacun d’eux et qu’épouvantait l’autre fantôme !
    Ils étaient épouvantés aussi par eux-mêmes car cette crise leur révélait leur for intérieur, les éclairait chacun sur son histoire, comme la vie ne le fait jamais, sinon durant ces minutes fatidiques qui coupent le souffle. L’âme entrevoit alors son visage dans le miroir de l’instant qui passe. Avec crainte, en frémissant, et comme poussé malgré lui par une nécessité, Arthur Dimmesdale avança une main froide qui toucha la main froide d’Hester Prynne. Ce serrement de mains, pour glacé qu’il fût, fit disparaître ce qu’il y avait de plus sinistre en la rencontre. Arthur Dimmesdale et Hester Prynne se sentirent au moins habitants du même monde.
    Sans dire un mot de plus, sans que ni lui ni elle ne montrât le chemin, mais d’un accord tacite, tous deux se glissèrent à l’ombre des bois d’où était sortie Hester et allèrent s’asseoir sur le tas de mousse où la mère et la fille avaient pris place auparavant.
    Quand ils retrouvèrent une voix, ce fut d’abord seulement pour exprimer les questions et les remarques que n’importe quelles personnes de connaissance eussent pu échanger sur le ciel voilé, la tempête qui menaçait, la santé de l’un et de l’autre.
    Ainsi avancèrent-ils, non hardiment mais pas à pas, vers les questions blotties au profond de leurs cœurs. Si longtemps séparés par le destin et les circonstances, ils avaient besoin de paroles insignifiantes pour prendre les devants et courir ouvrir les portes de leur entretien avant que leurs pensées véritables pussent être amenées à en franchir le seuil.
    Au bout d’un moment, le pasteur fixa ses regards sur Hester Prynne.
    – Hester, dit-il, as-tu trouvé la paix ?
    Elle sourit sombrement et abaissa un regard sur sa poitrine.
    – Et toi ? demanda-t-elle.
    – Non ! Je n’ai trouvé que le désespoir ! répondit-il. Que pouvais-je attendre d’autre étant ce que je suis et menant la vie que je mène ? Si

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