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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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voix profonde, qui semblait monter d’un abîme de tristesse, mais sans colère. Je vous pardonne de plein gré à présent. Puisse Dieu nous pardonner à tous les deux ! Nous ne sommes pas, Hester, les pires pécheurs du monde. Il en est un plus coupable que le prêtre profanateur lui-même. La vengeance de ce vieil homme a été plus noire que ma faute. Il a violé de sang-froid le sanctuaire qu’est un cœur humain. Ni toi ni moi, Hester, n’avons jamais fait pareille chose !
    – Jamais, jamais ! murmura-t-elle. Ce que nous avons fait avait une consécration en soi-même. C’était notre impression ! Nous nous l’étions dit ! L’as-tu oublié ?
    – Chut. Hester ! dit Arthur Dimmesdale en se levant. Non, je ne l’ai pas oublié !
    Ils s’assirent de nouveau côte à côte et la main dans la main sur le tronc moussu de l’arbre tombé. La vie ne leur avait jamais apporté une heure plus triste. Leur destin l’avait en réserve depuis bien longtemps et elle se faisait plus sombre à mesure qu’elle s’écoulait. Pourtant, elle répandait un charme qui les retenait là, qui leur faisait réclamer un autre moment, un autre et, après tout, un autre encore. La forêt était obscure autour d’eux et craquait sous une rafale. Les rameaux étaient lourdement ballottés au-dessus de leurs têtes, tandis qu’un vieil arbre solennel gémissait comme s’il eût conté à un autre la triste histoire du couple assis sous ses branches, ou eût été contraint de prédire un mal à venir.
    Et pourtant, ils s’attardaient. Comme il paraissait sinistre, le sentier qui ramenait à la colonie où Hester devrait reprendre le fardeau de sa honte, le pasteur l’apparence creuse de sa bonne réputation ! Aussi s’attardaient-ils, tous deux, un moment encore. Aucun rayon de lumière dorée ne leur avait jamais été aussi précieux que la pénombre de cette noire forêt. Ici, où seuls la voyaient les yeux d’Arthur Dimmesdale, la lettre écarlate n’avait point besoin de brûler la poitrine de la femme déchue. Ici, sous les yeux seulement d’Hester Prynne, Arthur Dimmesdale, menteur à Dieu et aux hommes, pouvait pour un moment être véridique !
    Mais le pasteur tressaillit sous une pensée qui, soudain, lui sauta à l’esprit.
    – Hester, s’écria-t-il, Roger Chillingworth sait que vous entendiez révéler qui il est ! Continuera-t-il à garder notre secret ? Quel cours prendra désormais sa revanche ?
    – Il y a quelque chose d’étrangement dissimulé en sa nature, répondit Hester pensivement, et qui s’est développé comme il s’adonnait aux pratiques clandestines de sa vengeance. Il ne me paraît point probable qu’il trahisse le secret. Il cherchera, sans doute aucun, un autre moyen d’assouvir sa sombre passion.
    – Et moi ? comment continuer à vivre en respirant le même air qu’un aussi mortel ennemi ? s’écria Arthur Dimmesdale en se repliant sur lui-même et pressant nerveusement sa main contre son cœur – geste chez lui devenu machinal. Décide pour moi, Hester ! Tu es forte. Décide pour moi !
    – Tu ne dois pas rester plus longtemps auprès de cet homme, dit Hester lentement et d’un ton ferme.
    – Ce fut pis que la mort ! répondit le pasteur. Mais comment le fuir ? Quel choix m’est offert ? Vais-je m’étendre de nouveau sur ces feuilles desséchées où je me suis jeté quand tu m’as dit qui il était ? M’enfoncer dedans et mourir tout de suite ?
    – Hélas ! quelle épave te voici devenu ! dit Hester, un flot de larmes s’échappant de ses yeux. Vas-tu te laisser mourir par pure faiblesse ?
    – Le jugement de Dieu pèse sur moi, répondit le prêtre. Je ne saurais lutter contre lui !
    – Le Ciel te montrerait de la miséricorde, répliqua Hester, si tu avais seulement la force d’en tirer parti.
    – Sois forte à ma place, dit-il. Dis-moi ce que je dois faire.
    – Le monde est-il donc si petit ? s’écria Hester en fixant son regard profond sur les yeux du pasteur et exerçant instinctivement un pouvoir magnétique sur un esprit tellement ravagé qu’il pouvait à peine se soutenir. L’univers entier est-il donc enfermé dans les limites de cette ville là-bas, qui, il y a si peu de temps encore, n’était qu’une étendue semée de feuilles mortes, aussi inhabitée que celle qui nous entoure ? Où mène ce sentier-ci ? Vers la colonie, dis-tu ? Oui ! mais loin, bien loin d’elle aussi ! Il s’enfonce de plus

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