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LA LETTRE ÉCARLATE

LA LETTRE ÉCARLATE

Titel: LA LETTRE ÉCARLATE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nathaniel Hawthorne
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la petite fille comme si elle était heureuse d’avoir trouvé pareille compagne de jeu. Hester cependant avançait et fut bientôt sur le point d’entrer à son tour dans le cercle magique.
    – Il va s’en aller, à présent, dit Pearl en secouant la tête.
    – Regarde ! répondit Hester en souriant, j’étends la main et je le touche.
    Comme elle étendait, en effet, la main, le rayon de soleil disparut. Ou, d’après l’expression qui anima le visage de Pearl, Hester fut tentée d’imaginer que l’enfant l’avait absorbé pour le faire rayonner de nouveau sur son chemin quand toutes deux plongeraient dans une ombre plus épaisse encore. Rien ne donnait davantage chez l’enfant l’impression d’une qualité à part, qui n’avait rien à voir avec l’hérédité, que cette inlassable vivacité d’esprit.
    Pearl était certes loin d’être touchée par cette maladie de la tristesse que les soucis de leurs ancêtres ont transmis à presque tous les enfants ces temps derniers, en même temps que des scrofules. Peut-être cet entrain était-il d’ailleurs, lui aussi, maladif, le contrecoup de l’énergie désespérée avec laquelle Hester avait lutté contre son malheur avant la naissance de l’enfant. Il s’agissait en tout cas d’une qualité au charme ambigu, qui répandait un éclat dur, métallique. Il manquait à la petite fille ce qui manque toute leur vie à bien des grandes personnes – un chagrin qui la toucherait profondément et ainsi l’humaniserait, la rendrait capable de sympathie. Mais la petite Pearl avait encore bien du temps devant elle.
    – Viens, lui dit Hester, regardant aux alentours de l’endroit où l’enfant s’était tenue au soleil. Nous allons nous asseoir un peu dans les bois pour nous reposer.
    – Je ne suis pas encore fatiguée, Mère, répondit la petite fille. Mais vous pouvez vous asseoir si vous voulez me raconter une histoire.
    – Une histoire ! et laquelle ? demanda Hester.
    – Oh, celle de l’Homme Noir, répondit Pearl en saisissant un pan de la robe de sa mère. Racontez-moi, et elle levait sur Hester un regard mi-sérieux, mi-malicieux, comment il hante la forêt et transporte un gros livre bien lourd avec des fermoirs de fer. Et comment il tend, le vilain, ce livre et une plume à tous ceux qui le rencontrent ici sous les arbres. Et les gens sont obligés de signer leurs noms de leur sang et alors l’Homme Noir met sa marque sur leurs poitrines ! As-tu jamais rencontré l’Homme Noir, toi, Mère ?
    – Et qui t’a conté cette histoire ? demanda Hester reconnaissant une superstition courante en ce temps-là.
    – La vieille dame du coin de la cheminée, dans la maison où vous veilliez hier, dit l’enfant. Mais tout le temps elle me croyait endormie. Elle a dit que des milliers et des milliers de personnes ont rencontré l’Homme Noir et signé sur son livre et portent sa marque. Et que cette grognon de vieille dame Hibbins en était une. Et, Mère, la vieille dame a dit que la lettre écarlate était la marque de l’Homme Noir sur ta poitrine et qu’elle se mettait à luire comme du feu quand tu allais le rencontrer ici, dans le bois, à minuit. Est-ce vrai, Mère ? Vas-tu rencontrer l’Homme Noir à minuit ?
    – T’es-tu jamais éveillée sans trouver ta mère à côté de toi ? demanda Hester.
    – Non, pas qu’il me souvienne, répondit l’enfant. Si c’est que tu as peur de me laisser seule dans notre chaumière, tu n’as qu’à m’emmener avec toi. Je serai très contente d’y aller ! Mais à présent, Mère, dis-moi : est-ce que l’Homme Noir existe ? Est-ce que tu l’as jamais rencontré ? Et est-ce sa marque que tu portes là ?
    – Me laisseras-tu la paix si je te réponds ? demanda la mère.
    – Oui, si tu me dis tout, répondit Pearl.
    – Une fois dans ma vie, j’ai rencontré l’Homme Noir, dit la mère. Cette lettre écarlate est sa marque !
    Tout en devisant, Hester et Pearl avaient suffisamment pénétré sous bois pour être à l’abri des regards de toute personne qui aurait pu venir à passer par le sentier. Elles s’assirent sur un somptueux amas de mousse qui, à un moment ou à un autre du siècle précédent, avait été un pin gigantesque dont les racines et le tronc restaient dans l’ombre noire tandis qu’il dressait haut sa cime dans le ciel. Hester et Pearl se trouvèrent là comme au creux d’une petite vallée dont les bords en pente douce étaient parsemés

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