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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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avait sur la droite une maison qui ferait l’affaire comme résidence temporaire pour le commandant, et un immeuble neuf assez vaste qu’on réserverait à l’administration. La morgue attenante à la synagogue qui avait été partiellement dynamitée pourrait être transformée en écurie. Kunde indiqua de la main les deux carrières calcaires – l’une au fond d’un petit vallon, l’autre sur une colline derrière la synagogue – situées à l’intérieur du camp. Herr Kommandant pouvait d’ailleurs remarquer le tracé des voies desservant la carrière. La construction de la voie reprendrait dès que le temps se serait amélioré.
    Ils se dirigèrent ensuite vers la partie sud du camp en empruntant une petite route sur les crêtes, tout juste praticable par temps de neige. La route se terminait par un vieux fortin autrichien, creusé à même la colline, dont un artilleur aurait tout de suite apprécié l’importance militaire pour peu qu’on y eût installé un canon qui eût dominé en enfilade la route menant vers l’est. L’Untersturmführer Goeth, lui, voyait les choses différemment : on en ferait un mitard.
    Du surplomb où ils se trouvaient, on dominait la totalité du camp qui, avec ses deux collines descendant en pente douce, avait l’air d’un petit coin de campagne d’autant plus paisible que la neige recouvrait le tout. Vu du fortin, le site ressemblait aux deux pages vierges d’un immense livre pas tout à fait grand ouvert. Derrière une chaumière grise qui se dressait à l’entrée de la vallée, on pouvait voir des groupes de femmes dont les silhouettes noires se détachaient en contrepoint dans la lumière laiteuse de ce crépuscule hivernal. Elles émergeaient des allées verglacées donnant sur Jerozolimska et remontaient la pente sous la garde d’auxiliaires ukrainiens. Arrivées au terme de leur parcours, elles laissaient choir leur morceau de poutrelle ou de panneau devant les baraques à moitié construites où des ingénieurs SS, en pardessus et hambourg, donnaient des ordres.
    L’Untersturmführer Goeth fit remarquer que le rendement était, par la force des choses, limité. Les gens du ghetto ne pourraient évidemment pas être transplantés ici tant que les baraques ne seraient pas terminées, et les barbelés et les miradors installés. Il ajouta qu’il n’avait en fait rien à dire sur les cadences de travail de ces prisonniers. D’autant qu’il était favorablement impressionné de constater qu’aussi tard dans la soirée et par une journée aussi froide, les SS pas plus que les Ukrainiens ne montraient l’intention de laisser le souper interférer dans le déroulement des opérations.
    Horst Pilarzik l’assura que les choses étaient plus avancées qu’il n’y paraissait : le terrain avait été viabilisé, les fondations creusées malgré le gel, et un nombre important de sections préfabriquées étaient déjà sur place. Herr Untersturmführer pourrait d’ailleurs s’entretenir avec les chefs d’entreprise dès le lendemain – rendez-vous avait été pris pour 10 heures. En combinant les méthodes de construction modernes et une nombreuse main-d’œuvre, on pourrait, à condition que le temps se mette de la partie, terminer la construction du site presque du jour au lendemain.
    Pilarzik avait l’air de penser que Goeth était démoralisé. En fait, sans le laisser paraître, Amon se sentait tout ragaillardi. Il pouvait déjà imaginer à quoi ressemblerait l’endroit une fois terminé. Le problème des clôtures ne le préoccupait pas outre mesure. Après la liquidation du ghetto de Podgorze selon les méthodes SS en vigueur, les prisonniers apprécieraient les baraques de Plaszow. Même ceux qui auraient réussi à se procurer de faux papiers viendraient se réfugier ici pour se sentir plus en sécurité. Pour la plupart d’entre eux, les barbelés n’étaient là que pour les rassurer sur leur statut de prisonniers.
    Le rendez-vous avec les chefs d’entreprise et les Treuhänders (gérants des entreprises sous séquestre) eut lieu le lendemain matin dans le bureau de Julian Scherner situé en plein centre de Cracovie. Amon Goeth, un sourire sur les lèvres et impeccablement sanglé dans un uniforme de la Waffen SS rutilant neuf, semblait dominer l’assistance. Il se sentait sûr de pouvoir convaincre les chefs d’entreprise indépendants, Bosch, Madritsch et Schindler, de transférer leur main-d’œuvre derrière les barbelés du

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