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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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véritablement à un camp – le temps s’étant amélioré, on avait pu assembler les baraquements, et le dégel avait permis de creuser les latrines et les trous destinés aux poteaux. Une firme de construction polonaise avait installé quelques kilomètres de clôture. De solides miradors s’élevaient déjà sur la ligne d’horizon vers Cracovie, comme à l’entrée de la vallée en direction de la rue Wieliczka, à l’autre bout du camp. Oskar remarqua sur sa droite des groupes de femmes qui portaient de lourds panneaux en pataugeant dans la boue. Plus bas, du fond de la vallée jusqu’à l’autre extrémité du camp, des prisonniers équipés de marteaux, de tournevis ou de clés à molette assemblaient les baraquements avec une énergie qui, vue de loin, semblait témoigner de leur bonne volonté.
    Les longues baraques en bois qui allaient servir d’ateliers avaient été érigées sur le meilleur emplacement, là où le terrain était le plus plat. On pourrait couler du ciment sur le sol pour l’installation des machines lourdes. Les SS s’occuperaient eux-mêmes du transfert de toutes les machines et des équipements. La route qui desservait le camp n’était guère plus qu’un chemin vicinal, mais la firme d’ingénierie Klug avait été contactée pour construire une vraie rue principale et l’Ostbahn avait promis d’amener un embranchement ferroviaire jusqu’à la carrière qu’on voyait en bas à droite. On pouvait utiliser le calcaire et les pierres tombales du cimetière préalablement concassées pour paver d’autres voies. Mais que ces messieurs ne se fassent pas de souci pour les routes, ajouta Goeth. Il veillerait à maintenir en permanence des équipes de carriers et de cantonniers.
    Une petite voie ferrée desservant la carrière longeait déjà l’immeuble de l’administration et les baraques en dur qui devraient abriter les garnisons de SS et d’Ukrainiens. Les wagonnets chargés de pierre calcaire pesaient environ six tonnes. Des équipes de trente-cinq à quarante femmes tiraient chacun d’entre eux à l’aide de câbles fixés latéralement pour compenser les déformations de la voie. Les équipes formaient un tout solidement soudé, et, une fois le wagonnet en marche, il n’était plus question de s’arrêter. Ceux qui tombaient ou trébuchaient étaient piétinés par les suivants. En contemplant ce travail d’esclaves, Oskar sentit monter en lui cette espèce de nausée qu’il avait déjà ressentie dans le parc dominant la rue Krakusa. Goeth n’avait pas imaginé une seconde que ces industriels eussent pu avoir un autre point de vue que lui. N’étaient-ils pas du même bord ? Le spectacle de ces femmes tirant sur les câbles et se piétinant ne l’embarrassait nullement. Ici, comme dans la rue Krakusa, la question était de savoir: Qu’est-ce qui pouvait bien mettre les SS dans l’embarras ? Qu’est-ce qui pouvait bien embarrasser Amon Goeth ?
    L’énergie déployée par les travailleurs était-elle compensée par le fait de savoir leur famille en sécurité ? Même pas. Bien qu’Oskar n’en eût pas encore entendu parler, Amon avait procédé ce matin-là à une exécution sommaire devant ces hommes, afin qu’ils sachent très exactement ce que travailler ici voulait dire. Amon, après la première prise de contact avec les industriels en début de matinée, s’était rendu rue Jerozolimska sur le chantier des futures baraques destinées aux SS, chantier dirigé par Albert Hujar, un excellent sous-officier qui allait d’ailleurs bientôt être promu au rang d’officier. Hujar s’était approché de lui pour faire son rapport. Rougissant, il lui avait annoncé qu’une section des fondations avait cédé. Amon avait remarqué à ce moment-là une jeune femme qui semblait donner des explications et des directives aux équipes de travailleurs. Qui était-elle ? demanda-t-il à Hujar. C’était une prisonnière, architecte, qui avait été recrutée pour la construction des baraquements. Elle prétendait que les fondations n’avaient pas été creusées correctement et voulait qu’on retirât toutes les pierres et le ciment afin de repartir de zéro.
    Goeth pouvait lire sur le visage de Hujar qu’il venait d’avoir une sérieuse dispute avec la femme. Hujar, en fait, avait clos la discussion en hurlant :
    —  C’est des baraquements que vous construisez, pas un quatre étoiles !
    Souriant à moitié, Amon décréta qu’il n’y avait

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