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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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Reiter avait circulé à Emalia. Elle avait renforcé la détermination d’Oskar de ne pas transférer son usine.
    Les deux hommes s’assirent l’un en face de l’autre, s’observant. Ils se comprenaient. Chacun savait qu’il était venu à Cracovie en vue d’amasser une petite fortune ; que par conséquent Oskar devait verser des pots-de-vin en échange de certaines faveurs. Oskar avait ce don caractéristique des vendeurs de talent de traiter les gens qu’il abhorrait comme s’ils étaient des êtres chers. Son numéro était tellement au point que Herr Kommandant verrait toujours en Oskar un ami.
    Mais d’après les témoignages de Stern et de bien d’autres, il apparaît évident que, dès les premiers contacts, Oskar détesta cet homme qui faisait dans l’assassinat comme d’autres dans la banque. Oskar pouvait s’entendre avec Amon l’administrateur, avec Amon le spéculateur, mais il savait que les neuf dixièmes de la personnalité du commandant dépassaient les normes généralement admises. En fait quiconque a connu Oskar à cette époque ou plus tard n’a pas eu le sentiment qu’il ait jamais succombé à ce type de fascination morbide. Oskar méprisait Goeth avec passion. Et ce mépris, comme on le verra, ne fera que s’amplifier. On ne peut s’empêcher malgré tout de penser qu’Amon était le Mister Hyde d’un Oskar-Docteur Jekyll , et que le commandant s’était mis dans le rôle de l’exécuteur fanatique et cinglé qu’Oskar aurait pu jouer si les circonstances avaient été autres.
    Pendant qu’ils sirotaient leur cognac, Oskar expliqua à Amon les raisons qui rendaient impossible le transfert de son usine à Plaszow. Il y avait trop de lourdes machines à déplacer. Il croyait que son ami Madritsch était prêt à faire travailler ses ouvriers juifs dans le camp, mais l’usine de Madritsch ne comportait que du matériel léger, principalement des machines à coudre. Les presses, c’était autre chose. D’autant que chacune d’entre elles – comme d’ailleurs toutes les grosses machines de précision – avait développé sa petite particularité. Les travailleurs qualifiés s’étaient habitués à ces bizarreries. Si on déplaçait ces machines, d’autres bizarreries se manifesteraient. Il y aurait des délais. La période de mise en route serait beaucoup plus longue que pour son très cher ami Madritsch. L’Untersturmführer comprendrait qu’avec les contrats militaires très importants qu’il lui fallait exécuter, on ne pouvait pas se permettre une telle perte de temps. Herr Beckmann qui avait le même type de problèmes était en train de licencier tous ses travailleurs juifs à Corona. Il ne voulait pas se compliquer la vie en les faisant aller et venir, sous bonne garde, de Plaszow à l’usine. Mais, malheureusement pour lui, Schindler avait des centaines de travailleurs juifs qualifiés, ce que n’avait pas Beckmann. S’il devait s’en défaire, il faudrait former des Polonais pour les remplacer, ce qui entraînerait des délais de production encore plus considérables que s’il avait accepté l’aimable invitation de Goeth à venir s’installer à Plaszow.
    Amon pensait en fait qu’un transfert à Plaszow pourrait interférer dans les petites combines qu’Oskar ne devait pas manquer de mettre sur pied à Cracovie. Aussi le commandant s’empressa-t-il de rassurer Oskar sur le fait qu’il serait libre de tous ses mouvements.
    —  C’est uniquement les problèmes de fabrication qui m’inquiètent, dit pieusement Oskar.
    Il ne voulait surtout pas gêner le commandant, mais il serait reconnaissant, comme le serait aussi l’Inspection des armements, si l’on autorisait la DEF à rester sur place.
    Pour des gens comme Goeth et Oskar, le mot « reconnaissance » n’était pas un terme abstrait. Cela voulait dire pots-de-vin, liqueurs, diamants…
    —  Je mesure vos problèmes, Herr Schindler, dit Amon. Une fois le ghetto liquidé, je veillerai à vous fournir une garde pour escorter vos travailleurs de Plaszow à Zablocie.
    Quand Itzhak Stern vint un après-midi à Zablocie pour une affaire concernant l’usine du Progrès, il trouva Oskar déprimé. Après avoir bu le café – qu’il arrosait toujours d’une petite lampée de cognac apporté par Klonowska –, Herr Direktor annonça à Stern qu’il s’était rendu une nouvelle fois à Plaszow sous prétexte de voir les installations. Il voulait en fait savoir combien de

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