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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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faire soumission au roi Édouard et à son nouveau prince, le duc de Galles.
     
    Je suggérai à Marguerite, à cette occasion, de se mettre en rapport avec le vicomte de Turenne et le baron de Beynac pour la vente de notre château de Rouffillac, et nous acquitter ainsi des dettes contractées pour le paiement de ma rançon auprès du juif Salomon. Je lui recommandai, par le même courrier, d’ordonner à Michel de Ferregaye de placer notre prisonnier sous bonne garde, en la prévôté de Sarlat.

    Lors de notre retraite forcée en la capitale, nous eûmes l’heur de revoir, dans le courant de l’été, celui que tout le monde appelait céans le Dogue noir de Brocéliande .
     
    Les retrouvailles furent particulièrement chaleureuses. Messire du Guesclin nous prit en sa brace, l’un après l’autre, en nous écrasant les côtes pour mieux nous serrer sur sa poitrine, nous claqua avec force viriles bourrades, nous conta ses dernières aventures et les méfaits des compagnies de routiers dont l’Anglais et le Français l’avaient chargé, d’un commun accord, de calmer les ardeurs.
    En les écrasant, en les éloignant contre versement de pesants esterlins, de beaux florins, ducats ou francs à cheval. Peu importaient les moyens. Tout le monde souhaitait s’en débarrasser depuis qu’on n’avait plus besoin d’icelles.
    Sa bannière carrée (il avait abandonné le pennon triangulaire des chevaliers bacheliers depuis qu’il avait été fieffé) portait sans vergogne sa devise Dat virtus quod forma negat – le courage donne ce que la beauté a refusé ! Belle devise pour un homme inculte aussi laid, au courage de lion, à l’esprit vif, délié et clairvoyant.
    À la première occasion, nous avions quitté le Palais de la Cité pour nous abreuver et ripailler dans une taverne de la rive gauche. Nous avions veillé, Onfroi, Guilbaud, Gui, notre hôte et son écuyer, Hamon Leraut, toujours aussi discret et fendant, et moi-même, à prendre place dans un coin reculé, hors la présence des estudiants, des bourgeois et autres convives qui ne devaient partager ni nos festivités ni nos discours.
    Nous fêtions ainsi, entre nous, à la fois le gouverneur de Pontorson, le seigneur de la Roche-Tesson, et le nouveau chambellan, conseiller du roi, qui portait fièrement ses armes d’argent à l’aigle bicéphale, éployée de sable, becquée et membrée de gueules, à la cotice du même brochant sur le tout .

    Ô, qu’elles furent belles ces retrouvailles inattendues ! Ses hauts faits d’armes, son courage exemplaire, nourrissaient déjà une légende que colportaient troubadours et trouvères.
    Il terrorisait ses ennemis, il enflammait les foules, il fascinait le régent depuis qu’il avait assisté à l’assaut impétueux que Bertrand avait tenté lors du siège du château de Melun, tenu par Bascon de Mareuil.
    Alors que les traits des archers et des arbalétriers déferlaient sur lui, plus drus que pluie en hiver, que des torrents d’eau bouillante, des tombereaux de pierres et d’énormes billots de bois, des projectiles de toutes sortes étaient balancés sur sa targe, il s’était lancé, seul, à l’assaut des créneaux en escaladant une chanlatte, pour défier le capitaine de la place.
    Un énorme moellon de pierre l’avait finalement fait choir dans le fossé. Son armure s’était gorgée d’eau et l’on avait dû l’en défaire et le réchauffer sous une litière de fumier !
    Le lendemain, lorsqu’il s’était relancé à l’assaut des murailles, la reine Blanche de Navarre avait jugé plus sage de baisser pavillon et pont-levis et de remettre le château au régent !
     
    Bertrand du Guesclin était un chevalier d’humeur trop modeste pour parler de ses apertises d’armes. À quoi bon d’ailleurs l’aurait-il clabaudé ? Nul ne les ignorait. Il nous parla plus volontiers de ses derniers échecs et des missions que le régent et le roi Édouard lui avaient confiées :
    « Les troupes que l’Angleterre et la France ont soldées puis congédiées, mes pauvres amis, se regroupent. Adversaires d’un jour, ils exercent le même métier, celui des armes.
    « Quand les soudoyers sont débandés, ils s’allient comme le cuivre et l’étain pour fondre le bronze. James de Pipe, Seguin de Badefol, Eustache d’Auberchicourt, Robert Knolles, que vous avez combattus à Poitiers, Jean de Ségur, le Bascon de Mareuil, Jean-Jouël et d’autres, tels Armand de Cervole,

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