Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
remercia à sa manière. Par une bonne bourrade. Mais il nous conseilla, dans un premier temps, de servir Pierregord pour y limiter les conséquences des hommages que les grands barons seraient contraints de prêter au prince de Galles en raison du traité de Bretigny qui les livraient aux Anglais.

    Dans le courant de l’été, nous eûmes des nouvelles du Pierregord. J’accueillis la première avec immense et grande joie : Marguerite avait revêtu la toge et l’épitoge des maîtres de l’université de médecine de Montpellier.
    Elle avait brillamment réussi ses examens, poursuivait des études de physique et, comble de bonheur, elle s’était vue promettre une chaire pour y dispenser, à son tour, l’enseignement qu’elle avait reçu des lecteurs royaux ! Une chaire d’apothicaire, eu égard à ses savantes connaissances des plantes, onguents et électuaires !
     
    Nos enfants grandissaient sous la houlette du chevalier de Lebestourac, s’instruisaient auprès d’un précepteur dont Marguerite s’était attaché les services. Dire que les aînés, Hugues et Jeanne, étaient maintenant âgés de douze ans ! Marie et Thibaut, de dix ans ! Et notre dernier-né, Guillaume, grandissait dans sa cinquième année.
     
    Notre château de Rouffillac ayant trouvé acquéreur, Marguerite s’était rédimée de nos dettes auprès de Jacob Salomon. Arnaud de la Vigerie, seule ombre dans ce tableau idyllique, avait été transféré dans une des prisons de la prévôté de Sarlat, sous l’œil vigilant de Michel de Ferregaye, notre capitaine d’armes.
    L’instruction de son procès était pratiquement achevé et il comparaîtrait prochainement devant le viguier qui jugeait des affaires criminelles au nom de l’évêque. Ses jours étaient petitement comptés, m’affirmait ce bon Lebestourac.
     
    Ce qu’il ne m’avouait pas, mais que Marguerite m’apprit, c’est qu’il avait succombé aux charmes de notre jeune servante Élodie, depuis le décès de sa ribaude d’Anaïs, et qu’à la frotter de si près, il finirait bien par l’engrosser ! Et un bastard de plus ! Ce gentilhomme au cœur tendre, au tempérament fougueux, avait aussi l’humeur chaude et câline…
    Le comte Roger-Bernard était décédé cette année. Son fils, Archambaud, cinquième du nom, venait de lui succéder. Il avait aussitôt rendu hommage au roi d’Angleterre dont il s’était déclaré vouloir être bon et féal sujet.
    Monseigneur Élie de Salignac avait quitté l’évêché de Sarlat et avait rejoint l’archevêché de Bordeaux. Avait-il emporté dans ses coffres l’unique fiole en sa possession, ou bien avait-il obtenu cette promotion en la faisant remettre au pape Innocent ?
    Son successeur lorgnait, à en loucher, disait-on, du côté des nouveaux maîtres de l’Aquitaine et du Quercy. J’en redoutais les effets sur le procès d’Arnaud qui avait prouvé autrefois de veules mais fortes sympathies pour l’Anglais et le Gascon.

    Sur l’heure, nous étions cloués à Paris et probablement obligés d’y séjourner encore. Si Gui de la Mothe-Fénelon, mon nouvel écuyer, me suivait en tous mes déplacements, en revanche mes deux bacheliers brillaient par leur absence. Ils s’espinchaient à la moindre occasion, sous les prétextes les plus futiles, d’un air embarrassé. Leur manège m’intrigua jusqu’au jour où, au début de l’hiver, devant me rendre à un conseil du régent en le palais du Louvre, je m’égarai dans un dédale de couloirs et de pièces.
     
    Débouchant dans l’une d’icelles sans crier gare, je surpris mes damoiseaux aux pieds de deux charmantes damoiselles qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau.
    Ils se levèrent hâtivement, rougissant jusqu’à la racine des cheveux. Ces gentes personnes s’esclaffèrent et pouffèrent d’un léger gazouillis, en rougissant à leur tour.
    Je les priai d’excuser mon intrusion inopinée, le bec fendu d’un large sourire : mes chevaliers bacheliers courtisaient deux des damoiselles de compagnie de Jeanne de Bourbon, l’épouse du dauphin… Deux sœurs aussi ravissantes l’une que l’autre, nées Roquedur.
    « Je crains, gentes damoiselles, que vous ayez moins bon goût que ces deux coquardeaux ! Ce sont de fiers soudoyers, mais je doute qu’ils soient de courtois chevaliers !
    — Messire Bertrand ! Nous aimons Ermessende et Bérenguière de fin amor, me répondirent-ils, pris sans vert. Par Saint-Antoine, ne nous

Weitere Kostenlose Bücher