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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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embuffez point !
    — Je peux comprendre que vous soyez énamourés à voir leurs nobles manières et leur beauté ; en revanche qu’elles succombent à votre déduit…, les taquinai-je.
    « Au fait, gentes dames, oyez que vos chevaliers servants doivent jeûner tous les samedis ; sauf à verser une aumône de quinze deniers dans le tronc des pauvres ! Et il y en a ! Devoir de l’Ordre de l’Étoile oblige, mais je crains que ces mécréants ne l’oublient…
    « Je compte sur vous pour m’inviter à vos noces, si toutefois votre père consent à cette mésalliance, gentes damoiselles. Faute de quoi, mes beaux sires, vous pourriez bien finir enferrés dans un des cachots de la tour de Nesle… », lançai-je en me retirant, après avoir jeté un dernier coup d’œil à ces deux jeunes colombines.
    Elles cachèrent la coloration de leurs joues roses en m’honorant d’une gracieuse révérence.
     
    Ainsi, Onfroi et Guilbaud n’avaient point perdu leur temps à fréquenter les dames de compagnie de Jeanne de Bourgogne. Je préférais les savoir en cette compagnie qu’en celle des ribauds qu’ils avaient côtoyés quelques temps dans les différentes tavernes de la capitale. Puissent-ils seulement obtenir consentement du noble seigneur de Roquedur. Une famille de haut lignage. Et pécunieuse, à ce qu’on disait…

    L’automne passa, parant campagne, sous-bois et forêts d’une robe jaune, rouge, puis ocre. Les feuilles tombèrent, tapissant le sol de fines couches qui craquaient sous les sabots des chevaux et sous les pieds.
    L’hiver arriva. Sauf les résineux, les arbres se dénudèrent pour mieux supporter le poids des flocons qui, une semaine durant, les recouvrirent de leur blanc mantel. Dans les rues de la capitale, des galapians s’étaient livrés à de pacifiques batailles de boules de neige, dans les premières heures. Lorsque la neige se transforma en boue sous l’effet du redoux, ils se départirent de leur bataille pour éviter de bonnes claques sur les joues ou de cinglants coups de verge sur les nasches.
    Après avoir été déculottés.

    Peu disposé à parcourir les rues gluantes, je me réfugiai derechef en la librairie royale du Louvre, sans idée arrêtée.
    Un peu par hasard, en recherchant la généalogie de la famille Roquedur, je feuilletai les pages des archives parisiennes et provinciales.
     
    À la lettre T, j’eus un premier choc.
     
    Ma respiration se bloqua un long moment, un trop long moment.
    Les poumons sur le point d’éclater, j’inspirai profondément. Sur le coup, mon cœur tambourina, martela ma poitrine, puis retrouva peu à peu des battements réguliers.
    Ce que je venais de lire était proprement incroyable : dame Éléonore de Guirande n’existait pas . Plus exactement, elle était inscrite sous le nom de Philippa de Thémines , pour avoir épousé en premières noces, le baron Fulbert Pons de Beynac.
    Veuve en l’an 1348, elle était déclarée remariée avec Hélie de Pommiers, capitaine d’armes du château de Beynac. Philippa de Thémines ! quelle diablesse de femelle !
    Était jointe à cet incomparable document une pièce manuscrite, sur parchemin de veelin, datée du 23 septembre 1358, « copie authentique faite par Jean Vacquaire, notaire royal à Saint Cyprien, à la demande de Pierre de Mornay, Sénéchal du Pierregord, en faveur de Philippa, dame de Beynac, du testament de son époux, Pons de Beynac, baron du Pierregord et seigneur de Commarque. Testament dicté par devant Guillaume de Boynas, notaire royal à Meyrals, en le château de la Roque des Péages, le vingt-sixième jour du mois d’août 1348 ».
     
    L’acte de succession que je détenais depuis l’an 1348 était un FAUX. Un faux en écritures que la perfide et soi-disant dame de Guirande avait délibérément placé sur mon chemin, par un jour d’orage, en le village fortifié de Commarque. Avec la complicité de sa revêche servante, Annette {32} .
    Cette découverte avait des conséquences incalculables que je résumerai factuellement ainsi :
     
    I. Ma sœur Isabeau de Guirande ne pouvait pas être sa nièce, contrairement à ce qu’elle avait réussi à me faire à croire. Mais elle était bien née du second mariage que feu mon père avait contracté avec Marie de Guirande, fille de Jeanne Mirepoix de la Tour et de Pierre Guirande de Laurec.
     
    II. Dame Philippa de Thémines, épouse d’Hélie de Pommiers, n’avait aucun droit à revendiquer le

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