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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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obstacle à ses désirs. Louis de Bourbon n'est qu'un féodal représentant d'une époque révolue, rétorqua le cardinal en un immense mépris. De plus, céder ne me coûtera rien, car… je dispose d'une parade.
    *
    Ce même jour, l'exempt Desgrais se présenta en fin d'après-midi au domicile de Tilly.
    â€” Je suis confus de venir à cette heure, monsieur le procureur, s'excusa-t-il, le chapeau à la main, après qu'il eut salué Armande, mais j'ai pensé que vous aimeriez le savoir : j'ai retrouvé la trace du sieur Canto de La Cornette. Un officier de l'Hôtel de Ville m'en a parlé.
    â€” Magnifique ! Qu'avez-vous appris ?
    â€” Il est entré dans l'armée de la ville durant la Fronde. Il se fait passer pour gentilhomme, mais n'est qu'un ancien commis de monsieur de La Rallière ayant eu maille à partir avec la justice. Je ne sais encore de quelle façon, mais je le découvrirai. Il loge dans la Couture-Sainte-Catherine, derrière les Minimes, partage sa chambre avec le nommé Pichon, qui a effectivement un bras en écharpe. Voulez-vous que je les fasse saisir ?
    Gaston réfléchit un moment. Il ne possédait aucune charge à opposer aux deux hommes, sinon l'enlèvement de Richebourg. Mais dans un procès, ce dernier n'aurait aucun moyen de les confondre.
    â€” Ne faites rien pour l'instant. Je sais où les trouver, cela suffit. La Goutte a-t-il découvert autre chose sur Sociendo ?
    â€” On lui a rapporté qu'il aurait été marchand à Bordeaux et banqueroutier. Dans les cabarets, il tient d'infâmes discours contre la reine, ce qui lui permet d'être apprécié des frondeurs de son quartier.
    â€” Que La Goutte continue de le garder à l'œil, et surveille aussi Pichon et Canto. Je veux savoir s'ils quittent Paris.
    *
    Ã€ Mercy, les moissons avaient commencé. Les blés 5 étaient la principale nourriture des habitants de la seigneurie. Qu'ils en aient suffisamment et ils ne souffriraient pas de la faim ; qu'ils en manquent, et beaucoup mourraient.
    Voilà pourquoi tout le monde participait. Levés bien avant le lever du soleil, après une soupe et un verre de vin, hommes, femmes et enfants se retrouvaient dans les champs, aidés de quelques journaliers engagés par le fermier.
    Pliés en deux, chantant pour ne pas ressentir la fatigue, les hommes avançaient par rangées, saisissant l'une après l'autre une poignée de brins qu'ils coupaient à la faucille, au ras du sol. Dès qu'ils en avaient tranché suffisamment, ils les posaient à terre.
    Femmes et enfants passaient derrière eux pour lier et rassembler les gerbes. Celles-ci étaient ensuite regroupées et, tant qu'il faisait beau, on les laissait encore mûrir au soleil.
    Au plus chaud de la journée, tout le monde s'arrêtait et, à l'ombre de quelques arbres, mangeait un solide repas arrosé d'un vin tiède tiré d'un tonneau transporté sur une charrette. Ensuite, le fermier laissait les plus fatigués se requinquer d'une courte sieste avant de les remettre à l'ouvrage. Le travail reprenait jusqu'au coucher du soleil.
    Le soir, on regroupait les gerbes en meules, au milieu du champ. Deux hommes armés les surveillaient toute la nuit, car les miséreux, rôdant dans les campagnes, cherchaient à manger ou voler les grains.
    Durant ces quelques jours, dès que possible, Louis Fronsac s'était joint aux coupeurs. Certes, il se montrait moins adroit que ses paysans avec une faucille, mais il savait combien ses serviteurs appréciaient que le maître reste parmi eux et accomplisse le même travail exténuant. De plus, ces gestes répétitifs libéraient son esprit et laissaient ses idées divaguer.
    La présence de Canto, Pichon, Sociendo à Longnes, leurs relations avec Bréval et les Mondreville, les faits que Gaston et lui avaient découverts sur l'année 1617, et enfin les paroles entendues par Richebourg au sujet d'un vol, ne laissaient guère de doute. Pourtant, l'impression confuse d'une vérité autre que celle-ci ne le quittait pas. Une phrase, lue quelques semaines auparavant dans un livre d'Averroès 6 prêté par son intendante, l'ancienne libraire Margot Belleville, l'obsédait : L'aveugle se détourne de la fosse où le clairvoyant se laisse tomber

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