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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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à bonne allure.
    Le 25, jour de la Saint-Louis, le cardinal se rendit à la maison des jésuites de la rue Saint-Antoine. Traversant cette partie populeuse de la capitale, il ne reçut que des témoignages de sympathie et en conclut la Fronde terminée. Le soir, il y eut une fête avec d'immenses manifestations de joie le long du cortège. Une autre fut prévue au début septembre, à l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Louis XIV. Tout allait donc au mieux pour le ministre et l'alliance entre sa nièce et le duc de Mercœur lui permettrait bientôt d'échapper à la pression du prince de Condé.
    Ce dernier ne s'y trompa pas. Il rappela qu'il ne consentirait jamais à cette union si on n'accordait pas Pont-de-l'Arche à son beau-frère Longueville. Comme prince de sang, il était d'usage qu'il signe le contrat de mariage et Mazarin ne pouvait se passer de son consentement. De plus, le Prince avait rassemblé autour de lui des centaines de jeunes messieurs, insolents et railleurs, affichant partout leur mépris envers les parlementaires ralliés à la Cour et au cardinal italien.
    Beaufort restait aussi une épine, mais Mazarin espérait se l'attacher par l'intermédiaire de Monsieur. Le 31 août, le roi des Halles rencontra longuement le duc d'Orléans et l'abbé de La Rivière, en vue d'un accommodement. Seulement rien ne sortit de cet entretien, car on ne lui offrit pas l'Amirauté.
    Le duc décida donc de s'impliquer dans le vol des tailles proposé à Anet. Tard en soirée, accompagné de Mondreville et de Bréval retrouvés un peu plus tôt à l'hôtel de Vendôme, il se présenta chez le coadjuteur.
    *
    Même si la Fronde était terminée, Paul de Gondi demeurait prudent et le vestibule du petit archevêché se voyait gardé par nombre de gentilshommes amis, tous munis d'épée et pistolets.
    La troupe était dirigée par M. de Bragelonne, gentilhomme aux traits grossiers, à la peau vérolée et à la moustache abondante sous un nez cassé. Il portait une lourde colichemarde, une casaque de buffle avec une miséricorde en travers de la poitrine et des bottes à éperons de cuivre.
    â€” Monseigneur, fit-il en s'inclinant devant le duc de Beaufort, son chapeau à la main.
    â€” Je viens voir Gondi, laissa tomber dédaigneusement le duc.
    â€” Certainement, monseigneur ! Puis-je vous accompagner ?
    En même temps, il lançait un regard incisif sur les deux inconnus qui suivaient le duc : un petit-bourgeois quelconque et un gentilhomme de province.
    â€” Par ici, monseigneur, proposa-t-il, montrant l'escalier conduisant aux appartements du coadjuteur.
    Ã€ ce moment, la porte à double battant de la grande salle capitulaire s'ouvrit et deux hommes titubants en sortirent. Le premier, la trentaine, le regard égrillard, visiblement éméché, tenait par les épaules un gentilhomme plus âgé, la quarantaine passée, tout aussi aviné, qui chantonnait :
    Â«Â â€¦ Je n'ai rien dit, ne vous déplaise,
    Je vous honore infiniment
    J'estime votre fondement ! »
    Beaufort s'arrêta un instant et laissa filtrer un sourire en reconnaissant Claude de Chouvigny, baron de Blot, membre du conseil de vauriennerie de Monsieur ; la coterie de libertins qui faisait la débauche avec l'oncle du roi.
    *
    Mondreville et Bréval jetèrent un regard curieux dans la grande salle capitulaire du petit archevêché. Des laquais en livrée remplissaient les verres et proposaient des pâtés et des fruits confits à deux douzaines d'énergumènes qui jouaient aux cartes en buvant et fumant du tabac dans de longues pipes. La plupart criaient, s'interpellaient ou chantaient.
    C'était ce que Paul de Gondi appelait son académie de belles-lettres. S'y retrouvaient quelques bons esprits, des clercs et des abbés, parfois des écrivains de talent mais, surtout, des gentilshommes sans fortune. Tous gros buveurs, libertins et impies auxquels le coadjuteur offrait le boire et la ripaille pour autant qu'ils écrivissent des bouts-rimés contre Mazarin.
    â€” Baron, reviens-nous vite ! cria un jeune abbé, le visage couperosé. J'ai besoin de toi pour les dernières strophes !
    â€” Ne crains rien, Marigny 1 , rétorqua celui qui était sorti et que son ami soutenait

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