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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Condé détestait celle d'Épernon. Cette haine remontait au temps d'Henri III, quand le premier duc d'Épernon combattait le grand-père du Prince. Elle s'était renforcée lorsque, en 1638, Bernard de Nogaret, lieutenant général à l'armée de Condé 2 , avait honteusement levé le siège de la ville de Fontarabie, désobéissant à son chef. Pour cette lâcheté, il avait été condamné à mort par contumace par Richelieu, avant d'être réhabilité par la régente. De plus, Bernard de Nogaret, marié à une fille de sang royal, se considérait comme prince du sang.
    Tout naturellement, les parlementaires et la municipalité de Bordeaux avaient donc envoyé, en août, des députés plaider leur cause auprès du Prince. Celui-ci avait accepté de les défendre à la Cour, et ce d'autant plus facilement qu'il penchait pour un accommodement, jugeant qu'on ne pouvait hasarder une province aussi importante et remuante que la Guyenne 3 .
    Lors d'un Conseil royal qui se tint le 2 septembre, le prince de Condé affirma donc son désaccord avec la reine, Mazarin et les partisans de la manière forte. Comme M. de Villeroy insistait pour qu'on envoie une armée à Bordeaux, Condé lui répliqua, avec ironie :
    â€” Vous y feriez grand feu et mettriez tous ces peuples à la raison.
    M. de Villeroy répondit sèchement qu'il irait, si on le lui commandait.
    â€” Je n'en doute pas, et que vous n'y fassiez merveilles, laissa tomber Monsieur le Prince avec un immense mépris.
    Ã€ ces mots, il se leva et se retira. Embarrassé par cette nouvelle querelle, Mazarin décida seulement de révoquer le parlement de Bordeaux.
    Un peu plus tard, le même jour, le commandeur de Jars, fidèle de la reine, faisait le matamore dans le Palais-Royal, jugeant trop accommodante la politique de Mazarin envers les anciens frondeurs. L'ayant entendu, Monsieur le Prince lui lança :
    â€” Vous savez fort bien parler de la guerre, monsieur le commandeur !
    Indifférent, Jars poursuivit ses rodomontades, assurant qu'il fallait assommer les rebelles qui incommodaient le monde. Condé le cingla alors de ces mots :
    â€” Monsieur, s'ils ne valaient pas mieux que vous, il y aurait justice de les laisser assommer !
    On s'en souvient, lors de la querelle de juin dans les jardins des Tuileries, les tenants de la Cour contre le duc de Beaufort comprenaient des partisans de la reine, dont le commandeur de Jars, et des fidèles du prince de Condé à l'instar M. de Bouteville. Cette alliance de circonstance venait de faire long feu.
    Or, à ce moment peu favorable, M. Le Tellier insista à nouveau pour obtenir du Prince son consentement au mariage du duc de Mercœur avec la nièce de Mazarin. Condé lui répondit qu'il s'étonnait fort de voir que Son Éminence songeât encore à cette union qui ne lui apporterait aucun avantage. Le soir de ce quasi-refus, Louis XIV, sa mère, son oncle d'Orléans, le prince de Condé et le cardinal assistèrent, à l'Hôtel de Ville, au festin et au feu d'artifice donnés par le prévôt des marchands en l'honneur de l'anniversaire du roi. Si ces festivités, où la Cour fut traitée splendidement, marquaient la fin de la querelle entre la ville et Leurs Majestés, Condé, lui, resta de marbre, observant avec dépit que, lors du bal, le roi dansa deux fois avec l'aînée des nièces du cardinal.
    *
    C'est dans un état d'esprit de grande colère envers Mazarin et la Cour que le Prince répondit donc à la demande d'entretien de Fronsac.
    Louis lui avait écrit le jour même de sa rencontre avec La Bazinière. Il savait que Condé ne réagirait pas rapidement, aussi avait-il pris la précaution d'indiquer dans sa missive qu'il se trouverait dans sa seigneurie de Mercy, mais que Friedrich Bauer, que le Prince connaissait et estimait, serait à sa maison de la rue des Blancs-Manteaux et le préviendrait dès la convocation reçue.
    Le dimanche 5 septembre, Bauer arriva à Mercy. Il avait reçu la veille un courrier, comminatoire, du secrétaire du Prince ordonnant au marquis de Vivonne de se présenter à l'hôtel de Condé lundi à six heures du matin.
    La duchesse de Nemours a brossé un portrait peu flatteur du Prince à cette

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