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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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déconsidérer leur juridiction. Le lendemain, après une brève délibération, ils reconnurent à l'unanimité que Gaston de Tilly et Louis Fronsac avaient agi sur ordre du roi et fait leur devoir en pénétrant chez la victime pour la saisir. Dans le même attendu, Bréval était reconnu comme étant le véritable Mondreville, et le lieutenant du prévôt de Rouen comme le brigand Petit-Jacques qui s'apprêtait, avec l' Échafaud , à commettre un nouveau crime.
    Le jour suivant cet arrêt, le procureur de La Barre déposa une requête demandant que les biens meubles et immeubles de Mondreville et de Bréval fussent attribués à Gaston de Tilly, en dédommagement du meurtre de ses parents.
    Cette procédure prit de court la chambre des requêtes. La Couronne avait fait valoir que les biens de Bréval et Mondreville seraient confisqués, puisqu'ils avaient été acquis à partir de la recette volée des tailles de Normandie. Une instruction était d'ailleurs en cours et une requête avait été faite pour que les notaires des deux criminels fissent un inventaire de leurs biens. Mais Bréval et Mondreville reconnus assassins des parents de Gaston de Tilly, sa demande d'attribution des biens des assassins devenait recevable. Très vite informée, la chancellerie s'y opposa et M. de La Barre trouva cette fois devant lui un procureur général ayant reçu des instructions écrites. Par rétorsion, les deux avocats généraux approuvèrent la demande de Tilly !
    *
    Dans ce nouveau procès, la chancellerie ne semblait pas à son avantage, car les preuves étaient apportées par Gaston. Pendant que les mémoires, requêtes et contre-requêtes s'échangeaient, Louis étudia les inventaires notariaux et rendit visite aux deux notaires à plusieurs reprises.
    Ensuite, avec l'accord de Tilly, il se rendit à Paris où il tint plusieurs réunions avec son père, son ami le banquier Gédeon Tallemant et son demi-frère Pierre Tallemant de Boisneau, directeur de la banque Tallemant.
    Au troisième jour, Fronsac demanda une audience à Toussaint Rose, le secrétaire de Mazarin. Celui-ci le reçut dans la journée. La première parole du secrétaire fut pour expliquer combien Son Éminence était contrariée de l'action de M. de Tilly. Et que s'il persévérait, il perdrait sa charge de commission de maître des requêtes.
    â€” C'est à ce sujet que je viens vous trouver, monsieur Rose, répondit Fronsac. Pourriez-vous m'obtenir un entretien avec monseigneur ? Je pourrais lui proposer une transaction.
    â€” Je ne crois pas qu'il puisse y avoir de transaction avec Son Éminence, répliqua Rose avec hauteur. Néanmoins, par amitié, je vais lui en parler. Attendez un moment.
    Il quitta son bureau et gratta à une porte dont Fronsac savait qu'elle ouvrait sur le grand cabinet du ministre. Cela signifiait que Mazarin était là. Rose entra et referma derrière lui.
    Louis attendait dans un mélange d'inquiétude et d'espoir. Son Éminence accepterait-elle de le recevoir ? Et surtout, dans combien de jours, sinon de semaines ? Tallemant lui avait longuement parlé de la situation à Paris, des rentiers de l'Hôtel de Ville qui exigeaient l'emprisonnement des fermiers des gabelles et la saisie des biens des échevins, de Condé qui réclamait, au contraire, l'arrestation des syndics des rentiers, et de Mazarin qui louvoyait entre ces deux partis. Le cardinal, ne voulant pas d'une nouvelle affaire Broussel, savait que s'il utilisait la force contre les traitants des gabelles, plus aucun financier ne prêterait à l'État.
    Dans une situation si confuse et explosive, le temps de Mazarin devait être précieux et les affaires de Gaston de Tilly de peu d'importance. Pourtant, Toussaint Rose l'avait reçu dès sa demande formulée et était allé consulter le cardinal. C'était donc que Son Éminence s'intéressait à l'affaire. Louis en était là de ses réflexions quand la porte s'ouvrit.
    Giulio Mazarini entra, les traits tirés, la barbiche et la moustache grises, des plis d'amertume autour de la bouche.
    â€” Fronsac, m'apportez-vous de bonnes nouvelles ? Avez-vous mis Tilly à la raison ? s'enquit-il sans même saluer, ce qui n'était pas dans ses habitudes,

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