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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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membres du complot, affirmèrent avec aplomb qu'on leur avait aussi tiré dessus, que Joly était mort et qu'il fallait, sur le champ, décréter une prise de corps contre le Mazarin qui s'attaquait maintenant ouvertement aux syndics des rentes après avoir tenté de les museler au profit de ses amis les grands voleurs financiers.
    Le président Charton exposa, avec une immense émotion, le danger (imaginaire) auquel il venait d'échapper. Il exigea des gardes du corps. Broussel, encore plus effrayé, proposa que l'on ferme les portes de la ville. Pendant ce temps, l'un des conjurés, le marquis de La Boulaye, parcourait les rues à cheval avec une trentaine d'hommes, tous épée haute, faisant un grand tumulte, criant qu'on assassinait le duc de Beaufort et appelant le peuple aux armes afin de défendre les bons citoyens qu'on voulait égorger.
    Seulement, cette fois, le petit peuple parut indifférent. Peut-être était-il las de la guerre civile ou tout simplement ne se sentait-il pas concerné par les préoccupations des rentiers, tout de même riches bourgeois.
    En même temps, quelques conseillers du Parlement soupçonnaient déjà que l'assassinat de Joly relevait de l'imposture.
    C'est au milieu de la matinée que le cardinal Mazarin fut avisé de l'agression et du tumulte régnant au Palais, comme dans les rues alentour. Il envoya aussitôt des gens à lui se renseigner, mais fut vite rassuré par le prévôt des marchands venu au Palais-Royal le prévenir qu'aucune émeute n'avait éclaté et que les boutiques n'avaient même pas été fermées.
    En vérité, cette agitation concernait seulement l'île de la Cité, la rive droite s'y montrant complètement indifférente. Le prince de Condé, qui se trouvait à l'hôtel de Longueville, fut à son tour averti en fin de matinée. Comme il recevait des rapports contradictoires, il décida de se rendre plus tôt au Palais-Royal où devait se tenir à quatre heures la réunion du Conseil d'État relative au traité sur les biens de Mondreville.
    Le Prince bouillait de colère. Cela faisait des semaines qu'il s'irritait contre les assemblées des rentiers de l'Hôtel de Ville où l'on tenait des propos injurieux contre lui. Plusieurs fois, il avait demandé au cardinal d'employer la manière forte, et comme toujours Mazarin avait biaisé et laissé faire. Cela devait cesser !
    Au Palais-Royal, Condé et le cardinal eurent donc une nouvelle discussion orageuse. Le premier déclara au ministre que s'il avait été plus sévère, rien ne serait arrivé, tandis que Mazarin lui répondait que l'arrestation de Broussel avait déjà provoqué suffisamment de troubles, l'année précédente. En réalité, Mazarin voyait avec plaisir cette discorde entre le Prince et le peuple et ne manquait pas de l'envenimer en lui rapportant tout ce qui pouvait le blesser davantage.
    Mais comme Condé exigeait qu'on envoie des troupes, le cardinal lui montra les rapports rassurants juste reçus de ses espions : il n'y avait pas d'émeute, et si les amis de Paul de Gondi faisaient toujours grand fracas autour du Palais, aucune sédition n'éclatait et aucune barricade n'avait été dressée.
    *
    Louis Fronsac et Gaston de Tilly arrivèrent un peu avant quatre heures au Palais-Royal. Louis avait quitté Mercy le matin même pour se rendre chez Gaston. Après avoir dîné, ils avaient vérifié, une ultime fois, les pièces de l'accord devant être entériné par le Conseil d'État. À aucun moment ils n'entendirent parler des troubles autour du Palais de Justice, d'ailleurs déjà calmés. Ils partirent avec le carrosse de Gaston, escorté par Bauer.
    C'est donc seulement au Palais-Royal qu'ils apprirent l'attentat contre Joly et sa mort. Louis en fut atterré. D'abord parce qu'il connaissait Joly et que la nouvelle de son assassinat l'affectait profondément. Ensuite, car on prétendait l'attentat préparé par Mazarin, ce qu'il se refusait à croire tant faire couler le sang n'était pas dans la nature du ministre.
    Fronsac et Tilly attendaient dans une antichambre, commentant à voix basse l'incroyable agression, quand Toussaint Rose vint les chercher. Si le premier secrétaire de Mazarin avait souvent une expression angélique,

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