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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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prenant le temps de peler une pomme.
    â€” Le roi a onze ans.
    â€” Et alors ?
    â€” Je l'ai vu plusieurs fois, on m'a aussi souvent parlé de lui. C'est un garçon taciturne, vindicatif et despotique. Dans deux ans, il régnera.
    â€” Disons que Mazarin régnera ! plaisanta Fronsac. S'il est toujours là et si le prince de Condé n'a pas pris sa place.
    â€” Peu importe. Pour l'instant, le roi observe l'attitude de chacun. Il n'en dit mot mais se souviendra de tout. Louis XIV perce sous l'enfant qu'il est. Ce sera un souverain dur, sévère, intolérant. Je ne suis pas certain de souhaiter rester magistrat. Et je songe plutôt à cesser toute activité et à vivre comme un rentier avec ma jolie épouse.
    â€” Pour être rentier, mon ami, il faut encore qu'il y ait des rentes. Tout Paris s'agite depuis la faillite des fermiers.
    â€” Je sais ! Et ayant moi-même placé quelques milliers de livres en rentes de l'Hôtel de Ville, j'irai à la prochaine assemblée, puisqu'on parle malgré tout d'en payer une partie. Tu es toujours décidé à rentrer à Mercy demain, malgré le mauvais temps ?
    â€” Oui, j'ai hâte de revoir ma famille !
    â€” La prochaine assemblée est ce soir, mon ami. Le curé de Saint-Jean-en-Grève l'a annoncée hier à la messe, intervint Armande.
    â€” Pourquoi ne pas aller voir ? proposa Fronsac. L'Hôtel de Ville n'est qu'à quelques pas.
    La décision fut vite prise et ils partirent avec un valet portant un flambeau, car la neige ne tombait plus. Bauer ne se trouvait pas avec eux, resté avec sa maîtresse dans la maison des Blancs-Manteaux.
    *
    Quand ils entrèrent dans la grande salle de l'Hôtel de Ville, deux ou trois cents personnes étaient déjà assemblées, mais la réunion n'avait pas commencé. Avec le froid, chacun était enveloppé dans son manteau et coiffé de son chapeau. Sur une estrade, Gaston aperçut Guy Joly avec d'autres syndics, tous frondeurs.
    Ils circulèrent un moment entre les groupes. Les conversations portaient sur l'attitude de la Cour qui avait voulu faire saisir un des syndics, mais qui n'agissait pas avec la même vigueur contre les fermiers et les financiers, tous copains comme larrons en foire avec Mazarin et ses amis.
    C'est alors que Louis aperçut, sous l'un des flambeaux de résine éclairant la salle, trois silhouettes qu'il reconnut. Il enfonça son chapeau jusqu'à ses yeux, remonta le col de sa cape et murmura à Gaston :
    â€” Tu vois ce trio, là-bas ? Les deux à l'allure de gentilshommes avec épée au côté et le gros qui semble un marchand.
    â€” Oui.
    â€” Ce sont Canto, Pichon et Sociendo. Le gros, c'est Sociendo. Le visage long et fardé avec les cheveux blonds, Pichon, celui qu'on a roué en effigie.
    â€” Que font-ils là ? s'interrogea Tilly, stupéfait.
    â€” Si tu allais écouter ce qu'ils disent… Ils ne te connaissent pas.
    Gaston approuva d'un hochement de tête et s'approcha des pendards avec nonchalance.
    La réunion commença. Guy Joly expliqua que la dilapidation des deniers publics et la ruine de tant de familles découlaient du mépris de la Cour envers la loi fondamentale que la chambre de Saint-Louis avait votée.
    â€” On veut détruire ce grand ouvrage ! lança-t-il avec fougue, briser ces tables sur lesquelles se trouvent si magnifiquement gravées la grandeur du prince et le repos des sujets ! À qui le peuple de Paris doit-il s'adresser dans sa misère ? Il ne lui reste que ces généreux protecteurs que sont monsieur le duc de Beaufort et monsieur le coadjuteur, lesquels ont donné maintes preuves de leur zèle pour les libertés publiques…
    Ã€ ces fervents propos 2 , la salle éclata d'applaudissements et de vivats.
    Joly annonça ensuite qu'il changeait chaque nuit d'endroit pour dormir, les sbires de Mazarin se trouvant à ses trousses. (Il y eut des huées.) Il ajouta avec grandiloquence être prêt à donner sa vie pour la liberté du peuple, mais que s'il tombait sous les coups des assassins des sbires de l'Italien, il réclamait d'avance à être vengé.
    Les acclamations, cris et menaces qui suivirent ce discours martial s'éternisèrent plusieurs minutes, puis Louis Charton, président

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