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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Avec quelle solde ? Il songea alors au fils Mondreville. Ce freluquet fortuné aurait place libre. Et s'il parvenait à convaincre les parents d'Anaïs de devenir leur gendre ? Après tout, il disposait du soutien de Bréval.
    Par association d'idées, Thibault en vint à penser aux hommes l'ayant empêché de se battre avec ce fat. Ils se disaient à Condé et semblaient bien connaître Bréval, puisque l'un d'eux l'avait accompagné à Rouen. Que pouvaient-ils avoir à faire ici ? Cela avait-il un rapport avec le Prince ? Mondreville œuvrait pour Longueville, et Longueville était le beau-frère du Prince. Existait-il là quelque sournoise intrigue pour que Longueville, ou Condé, facilitât le mariage de Mondreville avec Anaïs ?
    L'idée le fit d'abord frémir, avant de s'emparer complètement de son esprit. L'inquiétude le tourmenta à un point tel qu'il décida de ne pas partir à Compiègne avant d'en savoir plus. Jusqu'à dimanche, il devait rester au donjon où son vieux domestique lui demandait de l'aide depuis des semaines afin de réparer des trous dans la toiture, mais dès lundi, il se promit de demander à Anaïs ce qu'elle savait sur ces étrangers.
    Le donjon de Houdan, à une bonne lieue du sien, dominait la vallée. L'apercevant entre deux taillis, sa jument sut qu'ils n'étaient plus très loin et pressa le pas, ayant hâte de retrouver son écurie et son avoine. Si, par pauvreté, Thibault mangeait souvent de la bouillie d'orge, son cheval se voyait autrement mieux nourri.
    Avant d'arriver aux quelques masures serrées autour de l'église Saint-Georges, il obliqua par un petit chemin traversant un bois appartenant encore aux Richebourg. Thibault y chassait souvent, piégeant lui-même des lièvres, tuant parfois une biche ou un cerf qui, salé, lui donnait de la nourriture pour un mois.
    Les taillis étaient touffus. Le sentier conduisant du grand chemin à son donjon était envahi par les ronces et les épineux, laissant à peine le passage à un cheval. L'endroit, sombre et désolé, avait jusqu'à présent convenu à Thibault. Pourtant, ce soir-là, pour la première fois, il éprouva un étouffant sentiment de mélancolie, se demandant si Anaïs accepterait de vivre dans une si rude solitude. Le tonnerre gronda avec violence et une bourrasque souleva les branches. Cela faisait trois jours qu'il tonnait chaque soir. L'orage éclaterait bientôt. Il se morigéna de ne pas être revenu la veille, il aurait ainsi eu le temps de réparer son toit. S'il pleuvait cette nuit, tout serait à nouveau détrempé et gâté comme une quinzaine de jours plus tôt. Il fallait qu'il s'occupe vraiment de son pauvre logis. C'est tout ce qu'il pouvait offrir à Anaïs.
    *
    Le chemin commença à descendre et il aperçut la tour rectangulaire des Richebourg, enveloppée d'une nappe de lierre jusqu'à mi-hauteur. Construit en brique et pierre par son aïeul Charles de Sabrevois en 1522, le donjon avait à peine plus de cent ans, mais, sans entretien, il paraissait complètement ruiné et abandonné. L'une des deux fenêtres se barrait de planches. Des plaques de mousse jaune marbraient les tuiles du toit dont on apercevait la déchirure. La girouette rouillée ne tournait plus. Sans le filet de fumée qui sortait de la haute cheminée, on aurait pu croire les lieux inhabités.
    Un pont-levis, dont il ne restait que les chaînes, surmontait un fossé partiellement comblé par les gravats tombés des corniches et envahi d'orties et de folle avoine. On le franchissait désormais par un pont dormant en bois vermoulu.
    Une fois au-delà, Thibault sauta au sol et poussa le vantail de la porte au linteau de pierre surmonté des armes des Richebourg. Malgré les teintes effacées, on distinguait encore trois chevrons d'or. La porte, aux gros clous à tête de diamant, avait été peinte dans un rouge sang de bœuf dont il restait juste quelques lambeaux de couleur.
    Le jeune homme et son cheval passèrent une voûte ogivale et entrèrent dans une grande salle couverte de paille qui servait d'écurie. Tout un mur n'était qu'un grand râtelier avec des anneaux de fer scellés pour attacher les chevaux. Du temps de son aïeul, il y en avait une dizaine. Thibault attacha

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