La malediction de la galigai
peut-être va-t-il revenir, suggéra le prévôt, visiblement embarrassé par cette affaire.
â J'en doute. J'ai trouvé son épée, ou tout au moins une épée ciselée aux armes gravées sur le fronton de sa porte. La lame était ensanglantée.
Le prévôt pâlit.
â En effet, cela est troublant. Inquiétant même.
Il se tut un instant avant de demander :
â Ce monsieur de Tilly que vous recherchez est parent de monsieur  Hercule de Tilly ?
â C'était son oncle. Il vient de mourir et mon ami Gaston est venu régler des problèmes familiaux. Monsieur de Tilly est aussi parent avec le marquis de Blaru.
Le gouverneur de Vernon.
â Comment monsieur de Tilly a-t-il pu disparaître ainsi ? Le prévôt des maréchaux a-t-il été prévenu ?
â Oui.
â Tout ceci est incroyable ! J'allons envoyer un sergent et des archers à Richebourg avec une charrette pour ramener le corps. Pensez-vous vraiment qu'on aurait enlevé monsieur de Richebourg ?
â C'est la seule conclusion à laquelle je suis parvenu.
â Mais il était plus pauvre que Job ! intervint le greffier.
Louis écarta les mains, paumes tournées afin d'exprimer son ignorance. Puis il laissa au greffier son adresse à Paris et celle de sa seigneurie de Mercy. Ayant pris congé, il retrouva Bauer et Nicolas.
Ils se rendirent alors en carrosse à l' Ãcu de France , la plus grande auberge de la ville située non loin de la porte de Paris. La salle à manger était pleine et, à la demande de Nicolas, les garçons d'écurie s'occupèrent de changer le fer d'un des chevaux pendant qu'ils mangeaient rapidement. Après quoi, ils partirent pour Longnes où ils arrivèrent au milieu de l'après-midi.
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I gnorant où trouver Anaïs Moulin Lecomte, Louis Fronsac avait d'abord pensé se rendre à la cure de Longnes avant de songer qu'il obtiendrait sûrement des informations sur Richebourg en s'installant dans un cabaret ou une auberge. Bauer connaissait le Saut du Coq et assura qu'on y trouverait tout le village. Il fut donc décidé qu'ils s'y renseigneraient en premier lieu.
Une fois le carrosse entré dans la cour de la belle auberge à pans de bois, Nicolas demanda à un valet d'écurie de faire boire les chevaux et de leur donner de l'avoine, mais sans les dételer, car ils repartiraient sous peu. Ayant pris un pistolet à silex dans le coffre du véhicule, il rejoignit Bauer qui avait lui-même glissé un pistolet d'arçon à son baudrier et détachait la carabine de la selle. Quant à Louis, il examinait les lieux, ayant posé sur une épaule la double sacoche contenant ses pistolets.
Une branche serrée dans de la paille était accrochée à l'un des bois de charpente couleur sang de bÅuf au-dessus de la porte, signe pour le receveur des aides qu'une barrique avait été mise en perce. Chevaux, mules et ânes que l'on apercevait dans les écuries témoignaient de la présence de nombreux clients à l'intérieur.
Bauer entra le premier. La taverne était comble. Il s'efforça de paraître indifférent au vacarme qui cessa complètement quand les attablés eurent remarqué son allure et son armement. Par précaution, le colosse bavarois balaya longuement la salle des yeux afin de repérer quelque péril, mais ne découvrit que la clientèle habituelle des auberges de village : des marchands, des laboureurs et des métayers, des hommes de loi, un médecin, des colporteurs, dont l'un avait étalé sur une table les livres de sa hotte. à l'écart soupaient cinq hommes, dont trois portaient rapière. Ceux-là , le Bavarois décida de les garder à l'Åil.
Louis Fronsac entra à son tour. Il jeta un regard intéressé aux livres du colporteur avant de passer en revue l'assistance. Avec tant de monde, ce serait bien le diable si on ne pouvait les renseigner, songea-t-il.
Nicolas les ayant rejoints, ils se dirigèrent vers une table libre que Louis désigna. Ils avaient tous trois besoin de se désaltérer après la chaleur infernale du long voyage depuis Houdan.
â Du vin, et le meilleur ! lança Bauer à une servante avant de déposer mousquet, espadon et pistolet sur la table choisie par son maître.
*
Une fois
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