La malédiction des templiers
pas nécessairement une mauvaise solution. Ils devraient simplement planifier leur attaque dans les moindres détails.
Un et demi, contre six…
Il leur fallut un bon moment pour les retrouver.
Leurs adversaires s’étaient installés dans une petite forêt en pente douce donnant sur une vallée sinueuse. Après avoir attaché leurs montures un peu plus loin, Conrad et Maysoun s’approchèrent en rampant à une vingtaine de mètres, guidés par la flamme vacillante du petit feu allumé pour le repas. Eclairés par la lune dans son troisième quartier, ils évaluèrent avec soin le périmètre, prenant note de la position relative de ce qu’ils avaient sous les yeux : les chevaux attachés à des arbres en bas de la pente. Un homme, assis en tailleur, adossé à un tronc, chargé de veiller sur eux. Le chariot, auquel ses deux chevaux étaient toujours attelés, la forme caractéristique des coffres sous leur toile. Les hommes, assoupis autour du feu. Un autre garde, à l’autre extrémité du petit campement, qu’ils n’auraient certainement pas vu s’il n’avait fortuitement changé de position dans un léger froissement d’étoffe.
Conrad fit un signe de tête à Maysoun : il avait vu tout ce qu’il avait besoin de voir.
Une fois à couvert, Conrad expliqua son plan à la jeune fille : ils avaient quantité de choses à préparer et ne disposaient que d’un laps de temps limité. Conrad souhaitait passer à l’action juste avant l’aurore, au moment où leurs adversaires seraient plongés dans un profond sommeil.
Aux premières lueurs de l’aube, ils étaient fin prêts.
Après avoir dissimulé leurs chevaux loin du campement, Conrad et Maysoun traversèrent sans bruit les bois et les taillis, transportant les fagots de branches sèches liées par une corde qu’ils avaient rassemblés durant la nuit, et rejoignirent leur poste d’observation surplombant l’endroit où étaient attachées les montures des Turcs. A croupetons, ils examinèrent les lieux. L’homme de faction n’avait pas changé de place. Il était en revanche toujours éveillé. Ce qui n’était pas idéal, mais pas franchement désastreux non plus. Conrad avait un plan le concernant, consistant pour l’essentiel à s’approcher de lui sans bruit, à le bâillonner de son avant-bras mutilé et à lui trancher la gorge à l’aide du poignard de Maysoun.
Un plan qui fonctionna au-delà de toute espérance.
Sa tâche accomplie, il siffla doucement pour signaler à sa complice que tout allait pour le mieux, et celle-ci le rejoignit près des chevaux.
Ils se mirent aussitôt à l’œuvre, rapidement et sans bruit, arrimant fermement un fagot sur le dos de chacune des montures.
Conrad jeta un coup d’œil en direction du chariot : celui-ci se trouvait à une quarantaine de mètres, mais Maysoun devrait emprunter un trajet un peu plus long, en arc de cercle, pour l’atteindre en restant à distance de son père, de son frère et de leurs hommes.
Conrad adressa un signe de tête à la jeune fille, qui plongea la main dans la sacoche de cuir qu’elle portait à l’épaule et en sortit le matériel dont elle avait besoin : un briquet, petite pièce d’acier en forme de C munie d’une sorte de manche droit et pointu ; une pierre à feu présentant en son centre une rainure apparente ; une petite boule d’herbe sèche de la taille d’un œuf ; un morceau d’amadou, cette matière inflammable à base de champignon séché, trempé et bouilli dans l’urine.
Courbée en deux, Maysoun tourna le dos au groupe d’hommes endormis au centre du campement et ouvrit largement sa tunique pour abriter ses mains du vent. Elle entreprit alors de battre le briquet à petits coups rapides et précis, tout en maintenant l’amadou contre la pierre à feu. Avant longtemps, une étincelle atteignit l’amadou, où une braise rougeoyante apparut bientôt. D’une main experte, la jeune fille inséra alors l’amadou dans le nid d’herbe sèche et commença à souffler dessus, très doucement, jusqu’à ce que des flammes en jaillissent. Elle le glissa alors sous un tas de petit bois, qui prit feu presque instantanément.
L’herbe sèche et les branchages se mirent à crépiter dans la nuit.
Dès lors, il n’était plus question de perdre une seconde.
— Vas-y, souffla Conrad à la jeune fille. Je serai juste derrière toi.
— Tu as intérêt, répliqua-t-elle sur le même ton.
Elle déposa un baiser ferme, mais
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