La malédiction des templiers
littéraire, autrement dit en latin, et non en grec.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Abdülkerim.
— On dirait une lettre, répondit Tess en plissant les yeux pour mieux étudier le texte. Mon latin n’est pas génial, dit-elle, tendant la liasse de feuillets au Turc. Vous arrivez à lire ?
Le spécialiste de Byzance fit non de la tête.
— Pour le grec, pas de problème, mais le latin n’est pas ma spécialité.
Tess parcourut rapidement le texte, puis porta son attention sur le bas du dernier feuillet.
— « Osius ex Hispanis, Egatus Imperatoris et Confessor Beato Constantino Augusto Caesari », lut-elle tout haut.
Elle s’arrêta, la tête en feu à l’idée de ce que signifiait très probablement ce qu’elle tenait d’une main tremblante. Perdue dans un univers qui n’appartenait qu’à elle, elle finit par dire à voix basse :
— Osius, évêque de Cordoue, commissaire de l’Empire et confesseur de l’empereur Constantin…
Zahed leva les sourcils, exceptionnelle manifestation de curiosité.
— Osius, l’un des pères fondateurs de l’Eglise, commenta Abdülkerim.
— L’homme qui a présidé au concile de Nicée, précisa Tess.
Une pensée lui vint à l’esprit, qu’elle exprima aussitôt :
— Nicée est tout près d’ici, non ? demanda-t-elle à Abdülkerim.
Ce dernier fit oui de la tête, les sourcils froncés, troublé.
— C’est plus près d’Istanbul, mais, en effet, on ne peut pas dire que ce soit bien loin, répondit-il. La ville s’appelle aujourd’hui Iznik.
Tess voyait bien qu’il brûlait de lui poser mille questions et qu’il avait grand-peine à les réfréner. Nicée était un nom mythique lorsqu’il était question des tout débuts de la chrétienté, et les historiens n’avaient toujours pas résolu un grand nombre de questions concernant ce qui s’était réellement déroulé lors du concile historique qui avait eu lieu en l’an 325 dans cette ville, où Constantin le Grand avait convoqué les évêques les plus respectés de toute la chrétienté pour les obliger à se mettre d’accord sur les croyances censées être communes à tous.
La jeune femme regarda Zahed.
— Il faudrait qu’on fasse traduire cela.
L’Iranien semblait lui aussi perdu dans ses pensées.
— Plus tard, répondit-il. Passez-moi ces feuillets.
Tess jeta un dernier coup d’œil au document, puis le replia avant de le replacer à l’intérieur du codex, à l’endroit précis où elle l’avait trouvé. Elle lui tendit les deux ouvrages, qu’il glissa dans son sac à dos.
— Voyons s’il y a autre chose dans cette tombe, dit-il en lui passant de nouveau le pic.
Elle n’en crut pas ses oreilles : l’homme ne semblait pas ému le moins du monde par ce qu’ils venaient de mettre au jour. Elle faillit s’en étonner à voix haute mais, décidant de n’en rien faire, se remit sans mot dire à fouiller et à sonder le reste de la tombe.
Pour découvrir au bout d’un moment qu’il n’y avait plus rien à y trouver.
Elle interrogea l’Iranien du regard. Celui-ci n’avait pas l’air content.
— Il nous manque quelque chose.
Incapable de se contenir plus longtemps, Tess laissa libre cours à son exaspération :
— Comment ça, « il nous manque quelque chose » ? Et quoi précisément ? lança-t-elle avec rage. On a fait tout ce qui était en notre pouvoir, bon sang ! On a trouvé sa tombe. On a trouvé ces livres et, vu ce qu’ils contiennent, c’est déjà une sacrée trouvaille. Ces évangiles, c’est quelque chose d’unique. Et cet homme, Osius, c’était le conseiller spirituel de l’empereur, de Constantin le Grand. Il était là quand celui-ci a décidé de se convertir au christianisme. Il était à Nicée, quand tous les débats sur la nature réelle de Jésus ont été résolus et quand la chrétienté est devenue celle que nous connaissons encore aujourd’hui. Sa lettre peut nous révéler un nombre incroyable de choses sur ce qui s’est réellement produit. Qu’est-ce que vous voulez de plus ? Qu’est-ce qu’on fout encore là, d’ailleurs ? Qu’est-ce que vous espérez trouver d’autre ?
— L’œuvre du démon, bien sûr, répondit l’Iranien avec un sourire. Toute son œuvre.
— L’œuvre du démon n’existe pas. Ce sont d’antiques évangiles.
A peine avait-elle fini sa phrase qu’elle grimaça. Car une étincelle venait de surgir de l’obscurité et de la
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