La malédiction des templiers
trouver de la nourriture, un lieu où se réfugier, ainsi que des chevaux, des chameaux ou des mules, un moyen de transport quelconque afin de récupérer les ouvrages et de mener à bonne fin ce qu’ils étaient venus faire.
Un objectif qui, compte tenu de la mort de Miguel et d’Hector, semblait désormais très aléatoire.
Maysoun montra de la tête la plaine qui s’étendait devant eux.
— Vers le nord, répondit-elle. Nous y trouverons des communautés chrétiennes, des petits villages et des monastères creusés à flanc de falaise. Ils nous accueilleront.
Conrad la regarda d’un air dubitatif.
— Ils n’auront pas besoin de savoir ce que tu as caché dans ces grottes, dit-elle.
Le chevalier franc haussa les épaules. Elle n’avait pas tort…
Il éperonna son cheval.
Ils s’éloignèrent ainsi tous deux, au petit trot, laissant derrière eux la tombe du père de la jeune fille ainsi que le trésor pour lequel tant d’hommes avaient péri, hésitant sur ce qu’il conviendrait d’en faire.
42
S’efforçant de rester dans l’ombre des falaises, Reilly progressait prudemment le long du canyon.
Il avait repéré la Jeep Cherokee, couverte de poussière, garée dans une petite clairière non loin de la route, un peu à l’écart d’une poignée d’autres voitures. Un panneau rouillé expliquait en trois langues qu’il s’agissait d’un point de départ pour les randonneurs désireux d’explorer les grottes de Zelve, ce qui avait mis tous ses sens en éveil.
Il balayait du regard le paysage environnant, qui aurait à coup sûr inspiré les surréalistes : des formes insolites, auxquelles il n’était pas habitué, projetaient des ombres qui ne l’étaient pas moins, et la région tout entière était criblée d’orifices sombres, sinistres, autant d’yeux qui semblaient épier chacun de ses mouvements. Il avait l’impression d’avoir été littéralement aspiré dans une toile de Dalí, et dans l’incapacité de tout surveiller à la fois il avait choisi de se concentrer sur ce qu’il avait devant lui, veillant toutefois à maintenir sa vision périphérique en état d’alerte.
Il louvoya au milieu d’un groupe de cheminées de fée et atteignit une forêt de cônes rocheux massifs, au pied d’une haute falaise. Chacun d’eux était piqueté de petites ouvertures qui étaient autant de fenêtres, vestiges d’une communauté troglodyte depuis longtemps disparue. La paroi de la falaise obliquait sur la droite, disparaissant à la vue derrière un bosquet d’amandiers. Un calme un peu inquiétant régnait dans la vallée, ajoutant au malaise que Reilly sentait monter en lui à chaque pas supplémentaire dans la ville fantôme.
Il était sur le point de quitter l’ombre du dernier des cônes lorsqu’il perçut du mouvement au-delà des arbres. Il se mit aussitôt hors de vue dans l’entrée de la maison la plus proche. Puis il sortit précautionneusement la tête tout en cherchant son arme dans son sac, et c’est alors qu’il les vit apparaître. L’inconnu marchait en tête, puis venait Tess, elle-même suivie par l’homme qu’il pourchassait.
Le groupe se dirigeait vers lui.
Ignorant de sa présence.
Sans quitter des yeux le trio, Reilly coinça son pistolet entre sa cuisse et la paroi, fit glisser une balle dans la chambre et releva son arme. S’ils retournaient à la Jeep, ils passeraient forcément devant lui. Ce qui lui donnerait l’occasion d’en finir. Définitivement.
Il entreprit de les suivre alors qu’ils faisaient le tour des cônes, disparaissant momentanément derrière l’un d’eux avant de réapparaître entre deux autres. Il se glissait pour sa part d’un rocher à l’autre, sans jamais perdre de vue Tess et les deux hommes, se rapprochant de plus en plus, son arme serrée dans les deux mains, pointée sur sa cible. Il se trouvait à une trentaine de mètres lorsque le dos de l’Iranien se profila devant lui.
Il se demanda s’il devait profiter du moment pour faire feu. A trente mètres, avec une vue parfaitement dégagée, il n’aurait guère de mal à abattre ce salopard. Tendant les bras, il visa sa cible, qu’il eut plein guidon au bout du canon de son automatique. Il retint son souffle tandis que son index se crispait sur la détente. Il lui suffisait de la presser. Une simple petite pression, et la planète serait débarrassée d’une belle ordure.
Sans qu’aucune réponse soit apportée aux questions qui
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