La malédiction des templiers
l’envie de rouer de coups son passager. Mais il se contenta de continuer à fixer la voie devant lui, enfonçant encore un peu plus la pédale d’accélérateur. Le moteur de la Mercedes, poussé à plein régime, propulsa le lourd 4 × 4 blindé à une vitesse plus folle encore. La Via Trionfale fut parcourue à un rythme d’enfer avant que, des deux côtés de la rue, les rangées d’immeubles d’habitation à deux étages ne cèdent le pas à un parc arboré, la route s’élevant maintenant sur le flanc d’une colline couverte de forêt.
Toujours pied au plancher, Reilly sentait le gros moteur gronder et vibrer, tandis que les arbres défilaient à toute allure de chaque côté. Ce qui avait toute l’apparence d’une petite forêt en plein centre de Rome n’était en fait qu’un joli parc de quelque huit hectares surmonté, au sommet de la colline, par un hôtel de grand luxe, le Cavalieri Hilton. Regardant subrepticement sur sa droite, Reilly venait de remarquer que l’homme agrippait son accoudoir pour éviter d’être ballotté, quand un virage en épingle à cheveux se présenta brusquement sur sa gauche. Surpris, il se battit avec le volant pour garder le contrôle du véhicule, essayant de le maintenir sur la route, les pneus protestant furieusement, à la limite de la perte d’adhérence. Le 4 × 4 sortit du virage après une embardée et continua à monter à toute allure, moteur rugissant, quand un nouveau coude, sur la droite cette fois, se dessina.
— Ralentissez, bon sang ! aboya le passager.
Va te faire foutre, pensa Reilly. C’est alors qu’il l’aperçut… Ouverte dans le parc paysagé, une petite clairière miraculeusement déserte semblait l’attendre sous le chaud soleil estival, au bout d’un sentier juste avant le virage.
Il leva le pied, feignant de ralentir avant de s’engager dans la courbe, puis accéléra de nouveau brutalement, projetant le véhicule dans le sens opposé. Quittant la route en cahotant rudement, le 4 × 4 s’engagea sur le chemin empierré, dérapant comme sur un lac gelé, avant que Reilly ne tourne le volant à fond sur la gauche et ne tire sèchement sur le frein à main. Dans un rugissement, le 4 × 4 fit un brusque tête-à-queue, ses gros pneus faisant gicler des gravillons. Reilly profita de ce qu’il était déstabilisé pour se jeter sur son passager, le coude droit levé, afin de l’écraser sur le visage de son adversaire.
Vif comme l’éclair, l’homme se servit du lourd volume comme bouclier. Le codex amortit en bonne partie le poids de Reilly, détourna le coup. L’agent du FBI n’en conservait pas moins un certain avantage, son adversaire étant désormais écrasé contre la portière avant droite. De sa main libre, ce dernier ouvrit prestement la portière en question. Reilly passa un bras autour du gros livre, tandis que, de son autre main, il essayait de frapper son adversaire au visage, mais l’autre esquivait toujours. Son corps penchait maintenant de façon précaire hors du véhicule, ce que l’Américain mit rapidement à profit, lui arrachant le codex avant de le propulser à l’extérieur.
Le poseur de bombes roula au sol. Reilly sortit en toute hâte du 4 × 4 pour lui sauter dessus, mais l’homme s’était déjà relevé et détalait à toutes jambes. Ayant rapidement mis une dizaine de mètres entre lui et son poursuivant, il s’arrêta et se retourna. Les deux hommes s’affrontèrent alors du regard, les secondes s’écoulant lentement, interminablement, sous l’impitoyable soleil romain, dans la clairière toujours déserte. Le calme qui y régnait était un peu irréel, surtout après les épisodes chaotiques qu’ils venaient de traverser, seuls le chœur des cigales et le rare gazouillis d’un étourneau rompant le silence.
— Calmez-vous, lança le poseur de bombes à Reilly, lui montrant le téléphone portable de la main gauche, tandis que la droite agitait un index menaçant. Une simple pression et elle disparaît.
L’Américain le fusillait du regard, le codex plaqué contre sa poitrine.
Sans cesser de s’étudier, ils firent l’un et l’autre un pas de côté, à l’unisson, conservant le même espace de sécurité entre eux.
— Où est-elle ? demanda Reilly.
— Chaque chose en son temps.
— Vous ne vous en tirerez pas comme ça.
Les yeux rivés sur son adversaire, tous ses sens en alerte, Reilly passait en revue chaque bribe d’information en sa
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