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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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toujours avec un soin extrême les pages en vélin fragile quand l’abbé apparut avec sa suite de jeunes acolytes. Il tenait d’une main une assiette avec un morceau de fromage et un quignon de pain, de l’autre une tasse.
    — Ce n’est pas grand-chose, mais je crains que ce ne soit tout ce que je puis vous offrir, s’excusa-t-il.
    Conrad ne l’avait pas quitté des yeux. Chose curieuse, ses mains tremblaient légèrement, faisant danser dangereusement la tasse, qu’il finit par poser.
    — C’est l’abondance, mon père, remercia le chevalier franc, son front barré d’un pli. Vous avez droit à toute ma gratitude.
    Il arracha un morceau de pain, qu’il engouffra, puis souleva la tasse. Celle-ci était emplie d’un liquide chaud, d’un jaune doré. Conrad l’approcha de ses narines et le huma. Ce n’était pas un arôme qui lui était familier.
    — Des graines d’anis, expliqua l’abbé. Nous le faisons pousser ici. Lorsque le gel et la sécheresse nous le permettent.
    Conrad haussa les épaules et approcha la tasse de ses lèvres.
    Il venait à peine de la toucher quand ses yeux captèrent le regard du vieux moine. Une alarme retentit alors aussitôt dans son cerveau. Quelque chose n’allait pas. L’intérêt de l’homme était trop évident, et les petits signes révélateurs repérés plus tôt s’étaient multipliés.
    Il récapitula en une fraction de seconde tout ce qu’il savait. Et à cet instant il imagina l’impensable.
    Ce n’est pas possible, se dit-il. Ils ne peuvent pas cacher ça…
    Et pourtant… Des années de confrontation avec la traîtrise en Terre sainte avaient aiguisé ses sens, lui avaient appris qu’il devait s’attendre à être trahi à chaque coin de rue, sentiment que n’avait fait qu’intensifier le fait de devoir vivre incognito en terre étrangère. Ses sens lui soufflaient maintenant que l’impensable pouvait en réalité expliquer pas mal de choses.
    Il garda la tasse contre ses lèvres et, sans avaler la plus petite goutte de liquide, continua de scruter le visage de l’abbé.
    Puis il l’écarta de sa bouche, très légèrement.
    — Je dois vous dire, mon père, que vous me paraissez vous-même plutôt pâle, dit-il en fixant le vieillard droit dans les yeux. Peut-être avez-vous plus besoin que moi de ce breuvage.
    Et il tendit la main, présentant la tasse au vieux moine.
    — Mais non, mais non, je vais très bien, fit celui-ci en se reculant légèrement. Je vous en prie. Nous prendrons notre repas quand nous en aurons terminé avec le travail de la journée.
    Conrad ne cilla pas. Se penchant en avant, il approcha la tasse plus près encore de la bouche de l’abbé tout en posant son autre main très ostentatoirement sur le manche de la grosse dague qu’il portait à la ceinture.
    — J’insiste.
    Et il maintint la tasse d’une main ferme, à quelques centimètres du prêtre. De légers tics agitèrent le visage du vieillard, les coins de sa bouche, ses narines, ses paupières.
    — Prenez-la, ordonna Conrad.
    Le vieux moine s’exécuta d’une main hésitante.
    — Buvez, siffla le chevalier franc.
    La main de l’abbé tremblait maintenant si fort qu’il faillit renverser le liquide tandis qu’il portait la tasse à sa bouche. Une fois à ses lèvres, il la laissa là un moment, la main bougeant de plus belle, une lueur d’affolement absolu dans le regard, ses yeux allant de la tasse à Conrad et inversement.
    — Buvez, mon père, répéta le chevalier d’une voix calme mais ferme.
    Le vieux moine ferma les yeux, et tout le monde crut qu’il allait avaler une gorgée de liquide, mais il arrêta brusquement son geste, lâcha la tasse. Celle-ci s’écrasa sur le sol en pierre.
    Conrad transperça le prêtre du regard, tira lentement sa dague de son fourreau et la posa sur la table.
    — Bien. Et maintenant, si vous me disiez enfin comment ces épées ont abouti ici ?
     
    — Tout se passera bien, dit Conrad au négociant en lui tendant la bourse. A partir de maintenant, c’est à nous seuls de jouer.
    Mehmet jeta un rapide coup d’œil aux pièces d’or que contenait la bourse, puis en resserra les cordons et la glissa sous sa large ceinture.
    — Constantinople est loin. Les parages sont dangereux. Et, au retour, vous risquez de tomber sur des bandes de ghazis.
    — Tout ira bien, répéta le Franc. Nous n’avons pas l’intention de retourner là-bas.
    — Ah bon ?
    Conrad se contenta de confirmer d’un

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