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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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signe de tête et lui tendit la main. Le gros négociant fronça les sourcils avant de la lui serrer à contrecœur.
    — En ce cas, bonne chance pour la suite, dit-il.
    — Bonne chance à vous.
    Les trois anciens Templiers regardèrent partir les Turcs. Conrad ne se faisait aucune illusion sur ce qui trottait à n’en pas douter dans la tête du rusé commerçant : les Francs lui avaient versé une petite fortune pour les guider jusqu’à cet endroit, et ils avaient pris soin d’y venir avec un chariot. Un chariot destiné à transporter quelque chose. Quelque chose qui valait certainement beaucoup d’argent compte tenu des risques encourus et des sommes engagées.
    Quelque chose que le négociant convoiterait nécessairement, instinctivement.
    — Je suppose que tu as déniché quelque chose, avança Hector.
    — Ça, on peut le dire, confirma Conrad en suivant du regard les six cavaliers qui disparaissaient un peu plus bas.
    Sa bouche s’ouvrit sur un sourire entendu.
    — Ça, on peut le dire.
     
    Assis à la table de travail du chroniqueur, le père Nicodème sentait la nausée monter à chaque nouvelle ligne couchée sur le papier. Le poids de son fardeau lui obscurcissait l’esprit, le choix de chaque mot se transformant en effort surhumain. Et pourtant, il se devait de faire ce qu’il était en train de faire. Il n’y avait pas de retour en arrière possible. Pas dans ce cas précis.
    Nous aurions dû le brûler, se disait-il. Nous aurions dû tout brûler, il y a longtemps. Il y avait pensé de nombreuses fois, se demandant si c’était bien la chose à faire, manquant passer à l’acte à deux reprises. Pourtant, comme ses prédécesseurs, il n’avait pu s’y résoudre. Comme eux, il n’avait pas osé franchir le pas de peur de commettre une transgression majeure et d’attirer sur lui une colère qui n’eût pas été de ce monde.
    Il sentait le regard de ses acolytes, massés autour de la table, peser lourdement sur lui mais était incapable de lever les yeux et de les affronter. Il décida donc de se concentrer sur les feuilles de vélin devant lui et essaya de garder sa main aussi ferme que possible en maniant la plume d’oie.
     
    J’ai fait défaut à mon Eglise , écrivit-il. J’ai fait défaut à notre Eglise et à Notre-Seigneur, et pour cette défaillance nulle rédemption n’est possible. Je crains que le chevalier Conrad et ses frères templiers n’aient scellé notre sort. Ils traversent désormais le pays, en route pour Corycus et, de là, pour des rivages inconnus, chargés de l’œuvre du démon, rédigée de sa main à l’aide d’un poison tiré des tréfonds de l’enfer, et dont l’existence maudite pourrait ébranler le socle même sur lequel a été érigé notre monde. Je n’aurai pas la prétention de demander l’indulgence ni la miséricorde pour cette défaillance. Tout ce que je puis offrir, c’est cet acte simple pour épargner à Notre-Père qui est aux cieux le lourd fardeau de veiller sur nos âmes misérables.
     
    Il parcourut une dernière fois les feuillets, de ses yeux las et humides, puis, lorsqu’il en eut terminé, reposa la plume sur le côté et alors, alors seulement, osa lever les yeux vers les moines qui l’entouraient. Tous le regardaient en silence, leurs visages plus hâves que jamais, lèvres et doigts tremblants.
    Devant chacun d’eux était posée une simple tasse en terre cuite.
    Le vieil abbé les regarda un à un, fixant leur regard de ses yeux désespérés. Puis il fit un signe de tête qui était adressé à tous et leva la tasse à ses lèvres.
    Tous l’imitèrent.
    Il hocha la tête une fois encore.

13
    Cité du Vatican, de nos jours
    Un silence assourdissant s’abattit sur la pièce.
    Tess embrassa l’assistance du regard, étudiant les visages des hommes présents pour tenter d’apprécier si elle devait ou non poursuivre son récit. Le cardinal Brugnone et le préfet des Archives, Mgr Bescondi, paraissaient particulièrement troublés par ce qu’elle venait de raconter. Ce qui pouvait se comprendre. Pour des hommes d’Eglise, l’idée que des moines – non des moines-soldats comme les Templiers, mais des individus paisibles qui, mus par la plus profonde piété, s’étaient retirés de la société des hommes pour consacrer leur vie à la prière et à l’étude –, l’idée que ces moines se soient livrés au meurtre, quel qu’en fût le motif, était inconcevable.
    Reilly lui aussi semblait

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