Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
notre roi, Louis le Bien-Aimé, faisant trancher la tête du cher oncle !…
    Le désespoir galvanisa la jeune fille.
    – Misérable ! dit-elle d’une voix qu’elle crut effrayante, mais qui était faible comme un souffle. Misérable, vous savez bien que M. de Tournehem ne peut avoir forfait !
    – J’ai la preuve du contraire, ma douce fiancée.
    – Mais il est absent depuis de longues années !…
    – Mais c’est lui qui a signé toutes les pièces comptables à chacun de ses retours… sans les lire, il est vrai !
    – Infamie !… Lui qui vous a fait nommer son sous-fermier !…
    – C’est justement ce qui m’a permis de saisir les preuves…
    – … les preuves de vos propres vols !
    – Hum ! Mais c’est lui qui signait !
    – Horreur ! Horreur !…
    – Etes-vous ma femme ? J’innocente votre père. Ne l’êtes-vous pas ? Je le tue !
    – Votre oncle !…
    – Insuffisante parenté ! Je ne veux sauver que mon beau-père !
    Pantelante, défaillante, Jeanne s’appuya à un fauteuil, tandis que d’Etioles croisait ses bras…
    Face à face, ils se mesurèrent du regard.
    Ils étaient livides, tous les deux.
    Elle eut un haut-le-cœur, et cette fois ce fut d’une voix rugissante qu’elle reprit :
    – Savez-vous que vous êtes infâme !
    – Après ?
    – Savez-vous que vous êtes plus hideux que le bourreau !
    – Après ? Après ?
    – Savez-vous que je vous hais d’une insondable haine, et que si j’en avais la force je vous étranglerais comme un chien enragé !
    – Après ? Après ? Après ?
    – Grâce ! gémit Jeanne en s’abattant sur ses genoux. Grâce pour moi ! Grâce pour lui ! Grâce pour mon père !… Si vous saviez comme il a souffert !… Si vous connaissiez la générosité de ce cœur !… Ah ! monsieur, vous ne serez pas impitoyable, n’est-ce pas ?… Vous avez voulu m’éprouver, peut-être ?… Oh ! soyez bon… soyez clément… et je vous chérirai comme un frère… et je vous bénirai à chaque heure de ma vie !…
    Et, du fond de sa pensée, la malheureuse voyait se lever le fantôme d’une femme qui, comme elle, avait eu à choisir entre les deux tenailles de l’abominable dilemme…
    – O ma mère !… Au moins, toi, tu aimais celui à qui tu te donnais !… Et malgré sa faute, il était digne de ton amour !… O mon père, saviez-vous que votre faute, à vous, retomberait tout entière sur la tête de votre enfant !…
    Un ricanement de hyène l’interrompit :
    – Vraiment ! grondait Henri d’Etioles, vous me faites l’honneur de vous agenouiller à mes pieds ! Et puis, je devrais m’estimer bien heureux, n’est-ce pas ? Je m’en irai, emportant vos bénédictions !… Merci, cousine !… Oui ! je suis laid, je suis affreux ! Oui, ma hideur morale est capable de faire oublier ma laideur physique ! Oui ! petit, souffreteux, étriqué, l’épaule déviée, le visage sans charme, j’ai l’audace de rouler dans ma tête d’avorton des pensées de grand homme ! Oui, j’ai résolu que votre splendide beauté couvrirait de ses rayons la misère de ce corps débile…
    Il s’arrêta un instant, respira avec effort puis reprit :
    – Ecoutez, Antoinette. Ne faites pas appel à ma pitié, car nul n’a eu pitié de moi, pas même vous ! je veux m’élever d’échelon en échelon, ces échelons dussent-ils être des cadavres, jusqu’au faite de la fortune.
    Moi, l’avorton, je veux faire trembler un royaume sous mon regard ! Or, je veux que ma maison devienne le centre des fêtes, le temple du goût, le phare lumineux qui attirera tous les oiseaux écervelés dont j’ai besoin. Cette lumière, ce sera vous, Antoinette ! Ce sera vous, ou je serai sans pitié !… J’ai dit !
    – Grâce !… Henri ! Henri !… Mon frère… mon ami !…
    Elle se traîna à genoux, sanglotante, à demi folle.
    – Finissons-en ! Etes-vous mienne ? Je me tais ! Est-ce non ? Dans une heure, je me présente au Conseil d’enquête, et ce soir, M. de Tournehem couchera à la Bastille… en attendant mieux.
    – Grâce ! oh ! grâce !… pitié !…
    Henri d’Etioles, d’un geste brusque, remit son chapeau sur sa tête.
    D’une secousse, il se délivra de l’étreinte de Jeanne qui enlaçait ses genoux, et se dirigea vers la porte.
    Au milieu du salon, il s’arrêta, et, sombre, tragique, fatal, il demanda :
    – Est-ce oui ?… Est-ce non ?…
    L’infortunée,

Weitere Kostenlose Bücher