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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de demeurer mon cousin affectueux… Toute mon amitié, toute ma reconnaissance vous sont acquises…
    – Mais, par la mordieu, pourquoi ce mariage est-il donc devenu impossible ?…
    – Henri ! Henri ! ne m’obligez pas à être cruelle !…
    – Parlez ! Je puis tout entendre…
    – Eh bien, je ne vous aime pas ! dit Jeanne avec une adorable simplicité.
    Henri d’Etioles partit d’un grand éclat de rire qui bouleversa la jeune fille.
    – La raison n’est pas valable ! s’écria-t-il. Moi, je vous aime… et je vous épouse !
    – Monsieur, dit Jeanne suppliante, les mains jointes. Si je vous disais…
    – Quoi ?… Dites toujours, ma chère fiancée.
    – Vous êtes homme d’honneur, murmura la jeune fille d’une voix ardente. Vous ne voudrez pas abuser d’une minute de désespoir… et faire le malheur d’un cœur qui… non seulement ne vous aime pas… mais encore… en adore un autre !…
    M. d’Etioles, tranquillement, donna une chiquenaude à son jabot de dentelle.
    – Est-ce tout ? demanda-t-il d’une voix glaciale.
    Jeanne demeura pétrifiée, sans un souffle, les yeux agrandis par l’épouvante, stupéfiée, comme si quelque monstre lui était soudain apparu.
    – Or ça, continua Henri d’Etioles, voilà assez de galanteries, ma chère. Si vous le voulez, nous allons parler sérieusement, à cette heure.
    – Sérieusement ! bégaya la jeune fille toujours debout, mais vacillante d’horreur. Quoi !… Ce que je vous ai dit…
    – Ne compte pas ! Vous ne m’aimez pas ? J’épouse !… Vous en aimez un autre ? J’épouse !
    – Ah ! éclata la jeune fille, pourpre d’indignation, c’est trop d’audace, et je me révolte ! Qui êtes-vous, monsieur, pour oser me parler ainsi, dans cette maison, chez moi ?… J’avais pitié ! Je tremblais du chagrin que j’allais vous causer ! Votre étrange attitude suffirait à me délier de vingt serments ! Par la mordieu, comme vous dites ! vous allez voir si je suis fille à me laisser insulter… Sortez, monsieur !
    – Vous me chassez !
    – Comme un laquais ! Puisque vous parlez à une femme comme un laquais hésiterait à le faire !
    – Et moi, je ne sors pas ! gronda d’Etioles en se levant à son tour. J’ai parlé en laquais, soit ! Je vais agir en maître !
    – Oh ! c’en est trop ! s’écria la jeune fille en s’élançant vers un timbre pour appeler.
    D’Etioles étendit le bras. Ses yeux lancèrent un double éclair. Sa voix se fit sifflante :
    – Appelle, malheureuse ! Je te jure que le coup de timbre que tu vas frapper sonnera aussi le glas pour la mort de ton père !…
    – La mort de mon père ! bégaya Jeanne foudroyée.
    Elle s’était arrêtée, palpitante, une main sur son cœur pour l’empêcher d’éclater.
    D’un bond, le petit homme chétif et malingre fut près d’elle :
    – M’accordez-vous deux minutes d’entretien ?
    Elle fit oui de la tête, sans force pour prononcer un mot.
    Et lui, la voix rauque, sa petite taille redressée, comme se fût redressée une vipère, le regard enflammé :
    – Ecoutez, haleta-t-il à mots hachés, vous ne connaissez pas notre bon roi Louis quinzième… notre Bien-Aimé…
    Un sourd gémissement déchira la gorge de la jeune fille frémissante.
    – Notre Bien-Aimé est capable de tout lorsqu’il s’apprête à lever des impôts nouveaux… de tout, dis-je, même de donner satisfaction aux clameurs du populaire ! Or, ces clameurs, en ce temps-ci, accusent fort MM. les fermiers généraux… Et, si je ne me trompe, M. de Tournehem est titulaire de la ferme générale de Picardie.
    Jeanne eut un douloureux tressaillement. Un frisson de mort l’agita, la secoua comme une feuille.
    – Hier, continua d’Etioles avec le même grondement de sa voix basse, hier, en revenant de la chasse, le roi a signé une ordonnance… une petite ordonnance de rien… Seulement, elle prescrit une enquête sur les comptes des fermes générales… Malheur à MM. les fermiers qui ne seraient pas en règle !… Le moins qui puisse leur arriver, c’est d’être pendus haut et court… à moins qu’ils ne soient de noblesse, comme M. de Tournehem, auquel cas ils auraient le droit d’avoir la tête tranchée sur le billot par le bourreau patenté…
    – Oh ! je rêve ! murmura Jeanne. C’est un cauchemar atroce !…
    – Eh bien ? reprit d’Etioles avec un effroyable rire. Que dites-vous de ceci :

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