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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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s’il était possible de contourner la ligne française. Le château de Vincennes, fermement tenu en main par le général Daumesnil et garni de canons de gros calibre, représentait un problème de taille... Elles contournèrent cet obstacle, s’emparèrent de Saint-Maur, de Charenton et de Bercy. La cavalerie russe de Pahlen – hussards, uhlans, dragons et cosaques – voulut alors tourner le maréchal Marmont, mais fut arrêtée par vingt-huit canons maniés par les élèves de Polytechnique, soutenus par des gardes nationaux, quelques gendarmes, des dragons et des cuirassiers.
    Des renforts alliés continuaient d’affluer de tous les côtés, telles des abeilles venant s’agglutiner sur chaque position française.
    La gauche française était-elle aussi durement malmenée.
    Après de violents combats, le village d’Aubervilliers avait été pris par les Russes du général Lange-ron, un aristocrate français passé au service de la Russie peu après la Révolution.
    Les villages de la Villette et de la Chapelle avaient résisté pendant des heures, sous un déluge d’artillerie. Mais ils avaient fini par succomber aux assauts sans cesse renouvelés des généraux Kleist, York et Woronzow.
    Des cosaques, envoyés en éclaireurs, atteignaient le bois de Boulogne, à la recherche d’une faille qui permettrait de contourner le maréchal Mortier pour le prendre à revers.
    Le général Langeron avait été ralenti pendant des heures, en partie à cause de la résistance inouïe de la ville de Saint-Denis, due à l’acharnement de Savarin et de ses huit cents hommes. Six mille Russes avaient ainsi été tenus en échec et leur général, Kapzevitch, avait fini par informer Langeron qu’il lui était impossible de prendre Saint-Denis. Ce dernier avait dû composer avec ce problème imprévu. Mais, maintenant que les points de résistance d’Aubervilliers, de la Villette et de la Chapelle avaient été anéantis, il pouvait enfin porter toute son attention sur l’un de ses objectifs principaux : Montmartre.
    Leaume avait demandé à tous ses membres de se rassembler. Mais seuls une quinzaine d’entre eux avaient répondu à son appel. Ils auraient dû être quarante ! Ah ça, pour parler et ergoter et chicaner et critiquer, il y avait toujours du monde ! Seulement, maintenant qu’il fallait agir...
    Depuis des heures, le vicomte de Leaume et les siens s’activaient à décourager les Parisiens. Ils se rendaient aux barrières de la capitale, où des volontaires en civil demandaient aux gardes nationaux de leur fournir des armes. Ils se mêlaient à ces hommes comme s’ils étaient des leurs et tentaient de les démoraliser par d’habiles paroles. « Il faut se dépêcher, nous sommes à un contre dix ! Si on tarde encore, tout est perdu ! » « Comment cela, pas de fusils pour nous ? Et comment qu’on va se battre ? Autant ouvrir tout de suite les portes aux Prussiens ! » « Vous entendez ce vacarme ! Ce sont tous les Alliés qui nous tombent dessus ! » Au bout d’un moment, on leur jetait des regards suspicieux. Il était alors temps pour eux d’annoncer qu’ils allaient essayer de se procurer des armes ailleurs... Des royalistes d’autres groupes faisaient la même chose un peu partout.
    Honoré de Nolant trouvait cette stratégie parfaitement appropriée. Varencourt – qui avait retrouvé la confiance du groupe, puisqu’il était apparu que la police n’encerclait pas la « trésorerie » au moment de leur fuite – l’avait opéré pour lui retirer la balle que le comparse de Margont lui avait logée dans le bras. Nolant souffrait toujours et estimait avoir eu son compte de coups de feu.
    Mais, pour Leaume et Châtel, il fallait en faire plus ! Ils abandonnèrent Honoré de Nolant – qui soutenait que sa blessure l’affaiblissait, qu’il ne pouvait plus marcher... ― et, avec leurs hommes, ils allèrent s’armer de pistolets et d’épées dans l’une de leurs caches. Quand ils regagnèrent les rues, ils arboraient tous des cocardes et des écharpes blanches et des emblèmes des Épées du Roi.
    Prenant la tête de cette petite troupe, le vicomte de Leaume se dirigea vers la barrière de Montmartre. C’était le point idéal, car un peu plus loin au nord se trouvait la butte Montmartre, où Joseph Bonaparte avait établi son quartier général. S’il causait du trouble à cet endroit, les Français chargés de la défense extérieure entendraient des coups de feu

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