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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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adresser à des milliers de gens ? Et ce, sans risquer de vous faire tirer dessus ? Il vous faut des bulletins, des affiches... Mais les imprimeries sont surveillées. C’est ainsi que je deviens l’homme idéal. Je suis imprimeur ! Je réalise des programmes de théâtre, des affiches pour les spectacles... Officiellement, c’est ainsi que je gagne ma vie. Mais en réalité, je ne me suis intéressé à ce métier que parce que j’ai toujours eu l’idée de soutenir la cause du roi en utilisant l’une des armes les plus efficaces au monde : les mots !
    — C’est trop beau pour être vrai...
    — C’est pour cela que ça va marcher ! Parce que c’est tellement beau que vos amis voudront y croire !
    — Vous devriez jouer aux cartes, vraiment.
    — Je possède quelques notions sur le métier d’imprimeur. J’ai toujours rêvé de lancer un journal... Un vrai, ajouta-t-il en adressant un coup d’oeil à ceux qu’il avait posés sur la table. Comment se déroule une admission au sein du groupe ?
    — La belle question ! Cela dépend s’ils vous font confiance ou non. On vous pose des questions : « Pourquoi voulez-vous nous rejoindre ? », « Qui peut se porter garant de vous ?»... En ce qui me concerne, ils m’ont fait patienter pendant deux mois, le temps de se renseigner à mon sujet. Ils ont été satisfaits de cette enquête, alors mon admission n’a été qu’une formalité. Mais, pour vous qui voulez tout précipiter, il risque d’en aller autrement.
    — Cessez d’essayer de me faire changer d’avis, vous n’y parviendrez pas. C’est vous qui me recommanderez à eux. Quand quelqu’un est candidat, il doit poser des questions sur le groupe à la personne qui s’apprête à le recommander. Qui en est membre ? Quelles sont les actions qui sont menées ?
    — Non. Nous sommes un groupe royaliste qui prône l’action ! Nous sommes les Épées du Roi. Notre chef est formel : on ne dit rien d’autre. Parce que, si on en révélait plus à tous ceux qui prétendent vouloir nous rejoindre, il y a longtemps que notre groupe aurait été anéanti... Les polices de l’Empire sont très efficaces...
    — Voyez-vous un autre point à me préciser ?
    Varencourt secoua la tête. Il offrait une expression étrange où l’intérêt le disputait à la colère. Il semblait considérer leur situation comme un roulement de dés à l’issue duquel il y avait énormément à gagner ou tout à perdre.
    — Nos sorts se retrouvent liés, mais je ne sais rien de vous, monsieur Langés. Êtes-vous policier ? Non, vous n’en avez pas l’air. Les policiers aiment l’ordre et la discipline, ce qui est en général tout le contraire de ceux qui veulent devenir journalistes. Vous êtes soldat ?
    — De nos jours, le monde entier est soldat...
    — Vous êtes officier ?
    — Ah... Allez savoir...
    — Dites-moi au moins quel est votre véritable prénom.
    — Quentin. Quentin de Langés.
    — Vous continuez à vous méfier de moi et, pourtant, votre vie dépend désormais de mes talents de menteur...
    Margont respirait plus difficilement.
    — Et vice versa, Charles... Employez-vous à convaincre les Épées du Roi d’accepter de me rencontrer.
    Des yeux, il indiqua le Journal de Paris.
    — Gardez-le. J’ai glissé entre les pages l’adresse où me joindre et quelques lignes concernant ma vie. Vous êtes supposé me connaître, alors apprenez ces notes par coeur, puis faites-les disparaître. Il est indiqué que nous nous sommes rencontrés, à plusieurs reprises, à diverses tables de jeu du Palais-Royal. J’ai perdu contre vous ; je suis devenu votre débiteur ; je vous ai signé une reconnaissance de dette et nous en sommes venus à discuter ensemble. D’où la découverte de notre point commun : la cause royaliste. Bonne lecture ! J’attends que vous me contactiez à nouveau, à mon adresse, pour me faire rencontrer vos amis. Surtout, ne tardez pas trop...

 
    CHAPITRE VII
    Margont quitta le café et erra dans les rues. Il espérait semer un éventuel espion à la solde de Varencourt, des Épées du Roi ou de Joseph. Allez savoir... Mais plus il compliquait son trajet, plus il lui semblait être suivi. Il en venait même à distinguer des silhouettes dans les recoins d’ombre. À ce rythme, la suspicion aurait tôt fait de le rendre fou.
    Il se rendit au pont d’Iéna. Cet ouvrage avait été construit sur l’ordre de Napoléon, qui l’avait baptisé du

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