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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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pâle que précédemment. Qu’est-ce qui avait pu apaiser son inquiétude ? Quant à Catherine de Saltonges, quoique tendue, elle ne laissait rien soupçonner du drame qu’elle avait vécu une semaine plus tôt.
    Louis de Leaume exultait.
    — Ce lieu est le joyau de notre groupe. C’est ici que nous nous sommes réunis à chaque fois que notre moral flanchait, que nous avions subi un revers, et il nous a toujours réconfortés ! Mais, aujourd’hui, c’est l’inverse. Les nouvelles ne sont pas bonnes, elles sont excellentes ! Miraculeuses ! Alors j’ai choisi cet endroit pour les fêter. Les Alliés sont aux portes de la capitale ! Leur attaque est imminente. Or il va leur falloir prendre Paris le plus vite possible. Donc, plus que jamais, ils ont besoin de nous !
    — Tous les groupes monarchistes parisiens viennent de voir leur valeur décupler, exphqua à sa façon Honoré de Nolant.
    Margont nota qu’il n’était pas dans l’habitude du baron de Nolant d’intervenir ainsi sans arrêt. En outre, son humour était cynique, morbide. Lui aussi se comportait de manière étrange.
    — Plus nous aiderons nos alliés, reprit Louis de Leaume, plus il leur sera difficile de ne pas rendre le trône de France à son seul propriétaire légitime : Sa Majesté Louis XVIII. Nous allons donc passer à l’action.
    — Sur-le-champ, ajouta Honoré de Nolant en exhibant un pistolet qu’il pointa sur Margont.
    Des armes à feu apparurent de tous les côtés. Louis de Leaume menaçait lui aussi Margont. Varencourt et Jean-Baptiste de Châtel tenaient Lefine en respect. Seule Catherine de Saltonges demeurait les mains libres.
    — Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Margont.
    Louis de Leaume rit franchement.
    — Même les yeux plongés dans la gueule de nos armes, vous continuez à faire face ? Bien ! L’opinion que j’ai de vous remonte un peu. Mais vos efforts sont inutiles, nous savons que vous êtes tous les deux des traîtres.
    — Vous nous avez vendus ! lança Margont à Charles de Varencourt.
    Celui-ci riait.
    — Pas du tout ! Vous n’avez rien compris.
    Le vicomte de Leaume ne pouvait résister à l’envie de révéler l’étendue de son triomphe.
    — Nous savions tout depuis le début, dès avant notre première rencontre.
    Cette annonce fut un coup de masse pour Margont. Mais son instinct de survie, sa ténacité lui permirent d’encaisser ce choc. Ses pensées s’emballaient, analysaient tout à une vitesse étonnante. Il ne poursuivait plus qu’un seul but : se sortir vivant de ce piège, avec Lefine, bien sûr. D’abord, gagner du temps. La police secrète de Joseph n’avait peut-être pas perdu leur trace, ou celle de Catherine de Saltonges et de Varencourt... Tenir bon jusqu’à l’assaut !
    Catherine de Saltonges ne semblait pas se réjouir de la situation. Son regard évitait de se poser sur le visage des prisonniers. Le vicomte de Leaume annonça :
    — Nous allons vous enfermer dans une cave jusqu’à la libération de Paris par les Alliés ! Cela sera bref. Ensuite, vous serez transférés dans une prison, jusqu’à ce que la justice du roi se penche sur votre cas. Cependant, je crois pouvoir dire que vous n’avez pas trop à vous inquiéter. Sa Majesté aura à coeur d’obtenir la réconciliation de tous ses sujets, les royalistes, les républicains et les bonapartistes. Puisque vous n’avez causé aucun préjudice à notre cause, je pense que vous serez assez vite libérés.
    Catherine de Saltonges se leva.
    — Je dois rentrer chez moi. C’était convenu...
    — Allez-y, chère amie. Roland va vous raccompagner, lui répondit Louis de Leaume.
    Elle s’en alla avec empressement. « Roland » devait désigner l’un des deux hommes qui montaient la garde en bas. C’était en tout cas ce qu’espérait Margont.
    Leaume avait mis trop de soin à les rassurer sur leur sort. Maintenant, Catherine de Saltonges quittait la pièce, elle qui s’était tenue à l’écart la nuit où Honoré de Nolant avait placé son couteau sur la gorge de Margont – car la situation aurait facilement pu dégénérer... –, elle qui ne voulait pas assister aux manifestations de violence... En outre, le vicomte de Leaume venait de leur en révéler beaucoup, or il avait l’obsession du secret... Margont comprit que le groupe allait l’assassiner, et Lefine avec lui. Voilà pourquoi on les avait reçus dans ce lieu : pour y puiser la force de supprimer de

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