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La momie de la Butte-aux-cailles

La momie de la Butte-aux-cailles

Titel: La momie de la Butte-aux-cailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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femme ? Jean-Pierre Verberin tergiversait. Pénétrer dans le salon ? Entrebâiller la porte ? Il n’osait se manifester, après avoir passé la nuit à mettre en scène ses retrouvailles avec celle qui, depuis qu’il avait eu le bonheur de goûter sa compagnie, lui chavirait le cœur. Trop vieux, trop laid, comment espérer la séduire ? Elle était amoureuse de cet Alphonse Ballu, qu’il commençait à détester. Grâce fût rendue au ciel d’avoir consenti à l’élimination de ce personnage envahissant !
    Il tambourina au carreau. Lucy le remarqua, se précipita. Interdite, elle contempla son expression tourmentée.
    — Une mauvaise nouvelle ?
    — Votre fiancé…
    — Alphonse n’est pas officiellement mon fiancé. Quoi ? Qu’y a-t-il ?
    Pris de court, il débita tout à trac :
    — On l’a ramassé, décédé, dans cette maudite maison.
    Elle émit un gémissement, s’agrippa à son bras.
    — Voulez-vous dire qu’on l’a…
    Il s’enferrait, mais impossible de se rétracter.
    — Assassiné, je n’ai pas de détails, j’ai eu un mot de ce libraire que nous avons croisé là-bas il y a quatre jours, c’est un peu vague mais explicite.
    — Oh ! Montrez-le-moi.
    — Sous le coup de l’émotion, je l’ai oublié.
    — En ce cas, pourquoi ne pas le lire à votre domicile ce soir ? proposa-t-elle en lui dédiant son plus charmant sourire.
    Il avait prévu des larmes, un malaise, tout sauf cela. Décontenancé, il ouvrit la bouche, nul son n’en sortit.
    — Cela vous ennuie de me recevoir, si, si, allez, inutile de protester. Au moins, acceptez que nous dînions ensemble, je fréquente une crèmerie du côté de la place du Commerce, c’est économique et succulent… Vous musarderez dans le quartier jusqu’à la fermeture ?
    — Certes, mais qu’il soit bien clair que vous êtes mon invitée.
    — C’est affreux, imaginer qu’Alphonse… Et votre ami, ce Bringolo ?
    — Il n’est pas mentionné dans la lettre.
    Était-il le jouet d’une illusion ou avait-elle réellement déposé un baiser furtif sur sa joue ? Il regrettait déjà son mensonge : parviendrait-il à s’en dépêtrer sans perdre la face ?
    Il serait toujours temps de soutenir le lendemain que le libraire s’était trompé.
     
    Victor attendait Tasha assis sur le lit, dans l’alcôve, Kochka lovée sur ses genoux. Il feuilletait son carnet et parcourait ses notes concernant le livre minuscule de tata Bric-à-brac. Ses enquêtes précédentes lui avaient révélé qu’à partir d’un certain point il possédait un fatras d’informations ne demandant qu’à être connectées entre elles. Le plus difficile était de repérer le fil d’Ariane idoine. Cette façon de procéder était risquée. À plusieurs reprises, il avait sélectionné une voie sans issue, évitant de justesse un désastre. Saurait-il mieux manœuvrer, cette fois ? Il négligea le fait que des vies étaient en jeu, agença un rébus composé de chiffres et de noms reliés par des flèches autour desquelles s’enroulaient des spirales et des arabesques. Résumer l’affaire en quelques phrases, était-ce envisageable ? Il écrivit :
    Benoît Magnus détenait la formule d’un parfum égyptien que convoitait une certaine Ginette, contremaîtresse dans la fabrique de parfums Romant. L’a-t-elle tué ? Ou bien l’a-t-elle convaincu de la seconder ? Récapitulons. Bringolo apporte sa pêche à La soupente garnie . Quelqu’un assiste à la transaction et…
    L’arrivée de Tasha le contraignit à fourrer le carnet dans sa redingote. Kochka bondit pour accueillir la jeune femme.
    — Demi-Pinceau, tu es un vrai chien ! s’écria-t-elle en jetant sa jaquette sur un dossier.
    Elle accourut vers Victor, auprès duquel elle se blottit.
    — Ce tableau promet d’être une horreur ! La dame insiste pour porter un abominable paletot jaune canari et une jupe à carreaux, et ses chéris, qui croulent sous les rubans et dont il est hors de question de se débarrasser, refusent de tenir en place !
    — Un cadeau pour toi, marmonna-t-il en lui offrant le flacon de benjoin.
    Ravie, elle se parfuma sur-le-champ et tenta de l’en asperger. Il se débattit en riant et leur lutte s’acheva en un tendre corps-à-corps. Alors qu’elle lui mordillait l’oreille, il murmura :
    — J’ai parlé à ton Hans. C’est un crétin absolu. Devine ce qu’il m’a déclaré : qu’il t’a raccompagnée ici le soir de l’expo au

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