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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sens au prophète Merlin : tu avais vu un dragon brûler tout ce pays et se précipiter contre toi avec tant de violence que tu en perdais le souffle et la vie. – Comment sais-tu cela ? s’ébahit Arthur. – Il suffit que je le sache, répondit la jeune fille. C’était autrefois, n’est-ce pas ? C’était du temps où Merlin te donnait des conseils que tu écoutais. Maintenant, tu n’écoutes plus que ta colère et ta haine, et Merlin n’est plus là pour débrouiller les énigmes. »
    Troublé par ces paroles, le roi demeura silencieux. Alors, la jeune fille se tourna vers Gauvain. « Gauvain, dit-elle, tu étais autrefois le plus avisé et le plus prudent de tous les chevaliers de ce siècle. À présent, te voici certainement le plus insensé, et plus encore que je ne pensais, car tu cours à ta perte comme un forcené. Tu es aveugle, Gauvain ! Tu as tant et tant cherché la Lance qui saignait et la coupe d’émeraude que tu as fini par les découvrir dans le Palais Aventureux du Roi Pêcheur. Mais, alors, que s’est-il passé ? Tu t’es endormi ! Et, à ton réveil, tu n’as plus rien retrouvé de ce que tu cherchais. Ton inconscience est telle qu’elle te conduira au désastre. »
    Un instant ébranlé par ce discours, Gauvain eut tôt fait de se ressaisir en donnant libre cours à sa colère. « Si tu n’étais une femme, s’écria-t-il, il y a longtemps que je t’aurais passé mon épée au travers du corps ! Trêve de sermons ! Retourne vers celui qui t’a envoyée ! » La jeune fille demeura muette. « As-tu autre chose à nous dire ? » demanda le roi. Après avoir jeté un regard circulaire, elle soupira : « Puisqu’il en est ainsi, roi, puisque je ne peux obtenir de toi que la guerre, je vais rapporter à mon maître ta décision. – C’est cela, dit le roi, va et laisse-nous. »
    La jeune fille quitta le camp et regagna la forteresse où Lancelot l’attendait impatiemment. En apprenant qu’il ne pourrait faire sa paix avec Arthur, il se rembrunit fort, non qu’il eût peur pour lui-même, mais parce qu’il ne pouvait s’empêcher d’admirer et de vénérer le roi. Il se retira alors dans une chambre isolée et se mit à se tourmenter, à pousser de profonds soupirs, et des larmes roulaient sur ses joues.
    Il en fut ainsi jusqu’au moment où la reine Guenièvre vint le rejoindre. Il se trouvait dans un tel état d’affliction qu’elle se tint un long moment devant lui avant qu’il ne s’aperçût de sa présence. Alors, elle lui demanda pourquoi il faisait si triste figure, et il avoua sa souffrance de ne pouvoir se flatter du moindre espoir de réconciliation. « Dame, ajouta-t-il, si je parle ainsi, ce n’est pas que je redoute rien pour nous. Simplement, je ne puis oublier qu’Arthur m’a comblé de bienfaits et d’honneurs. Et je serais navré qu’il lui arrivât malheur. – Seigneur, répondit Guenièvre, il faut considérer que c’est lui qui te contraint à cette guerre. Tu n’as pas cherché à lui nuire, bien loin de là, et la perte de ses neveux n’est que la conséquence de leur animosité contre moi. Du reste, trêve de lamentations. Que comptes-tu faire, à présent ? – Je me battrai dès demain, répondit Lancelot. J’y suis obligé et, j’en jure, rien ne m’empêchera d’écarter de cette forteresse l’armée qui l’assiège. Puisque je ne peux escompter de mes ennemis ni réconciliation ni amitié, je suis résolu à n’épargner personne, excepté le roi Arthur, si par hasard nous nous trouvions face à face. »
    Il se rendit alors dans la grande salle de la Joyeuse Garde et prit place au milieu de ses chevaliers. Affectant un air plus riant que ne l’était le fond de son cœur, il donna l’ordre de dresser les tables et de les servir aussi magnifiquement que si l’on se trouvait à la cour d’Arthur. Une fois le repas terminé, ses gens l’interrogèrent sur ses projets. « Nous attaquerons demain avant la troisième heure, répondit-il. – Assurément, dirent-ils, voilà une sage décision, car si nous nous tenons enfermés davantage, les autres nous prendront pour des lâches. – Soyez sans crainte. Du fait même que nous n’avons jusqu’ici pas bougé, ils se croient d’autant plus en sécurité. Tenez-vous prêts, que nous puissions intervenir dès que le moment sera favorable. »
    Ainsi, tout fiers d’être conduits par Lancelot et Bohort, les chevaliers les plus vaillants et les plus

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