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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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renommés au monde, les gens de la Joyeuse Garde mirent-ils, cette nuit-là, tout leur zèle à fourbir leurs armes et à veiller à ce que rien ne manquât. Et ils se tenaient cependant si tranquilles que cela frappa les hommes d’Arthur. « Roi, dirent-ils, voilà une garnison bien peu nombreuse ! Il ne nous sera pas difficile de prendre ce château-là ! » Mais Arthur leur objecta qu’il ne pouvait croire Lancelot si démuni de troupes. « Assurément, seigneur roi, intervint Mador de la Porte, il se trouve à l’intérieur un grand nombre de chevaliers et d’hommes valeureux. – Et comment le sais-tu ? demanda Gauvain. – Je connais Lancelot ! dit Mador. Et je suis absolument certain qu’il nous prépare un tour de sa façon. Ma tête à couper, tenez, s’il ne tente une sortie avant demain soir. » Tels furent les propos échangés dans l’armée d’Arthur au sujet des gens de la Joyeuse Garde. Et quand vint l’heure d’aller se coucher, on prit soin de poster de tous côtés des sentinelles, pour que personne ne pût attaquer le camp par surprise.
    Le lendemain, à la jeunesse du jour, ceux de la forteresse, s’étant organisés en six corps de bataille, hissèrent au sommet de la tour l’enseigne vermeille qui marquait le signal de l’attaque. Dans la forêt, dès qu’ils l’aperçurent, ceux qui faisaient le guet avertirent Bohort. Il dit alors aux membres de sa troupe : « Il ne nous reste qu’à nous mettre en selle, car Lancelot et les siens s’y trouvent déjà, qui vont sortir incessamment. Quant à nous, nous allons nous jeter si bien sur l’armée d’Arthur que rien n’en subsistera ! » Enflammés par cette harangue, tous s’élancèrent sur leurs montures.
    Ils sortirent alors du bois où ils s’étaient embusqués et se lancèrent dans la plaine. Ceux des gens du roi qui les virent les premiers crièrent : « Aux armes ! » et ils le crièrent si fort que ceux de la forteresse les entendirent et, de la sorte, surent que Bohort était entré en action. L’heure étant donc venue d’attaquer l’armée sur l’autre front, Lancelot, sans autrement tergiverser, donna l’ordre d’ouvrir la porte et de sortir en bon ordre. Tous obéirent aussitôt tant les dévorait l’impatience d’en découdre avec l’assiégeant.
    Bohort, de son côté, abordait le gros des troupes quand il aperçut, devant lui, le fils du roi Yon, monté sur un grand destrier. S’étant instantanément reconnus tous deux, ils lancèrent leurs chevaux l’un contre l’autre. Le fils de Yon brisa sa lance et Bohort le frappa si fort que ni bouclier ni haubert ne l’empêchèrent de lui planter la sienne au travers du corps et de l’envoyer, mort, sur l’herbe, tandis que les siens, renversant pavillons et tentes, abattaient tous ceux qui leur résistaient. Alertés par la grande clameur qui montait de l’armée, Arthur et Gauvain sautèrent en hâte sur leurs destriers afin d’aller porter secours à leurs compagnons assaillis.
    Or, à peine Arthur était-il en selle avec les siens qu’il vit son propre pavillon jeté à terre, avec le dragon qui ornait l’étendard du sommet. Il vit également que tous les autres pavillons avaient été abattus. Alors, Gauvain lui dit : « Mon oncle ! voilà les dégâts que nous ont causés Hector et Bohort ! » Il lança alors sa monture contre Hector qu’il venait de reconnaître et lui assena sur le heaume un coup si violent que le frère de Lancelot en demeura tout étourdi et, ne se fût-il cramponné à l’encolure de son cheval, il tombait à terre. Cependant, Gauvain, animé contre lui d’une grande colère, lui donna un second coup qui l’obligea à s’incliner en avant de l’arçon. Mais Bohort s’aperçut à temps de la fâcheuse posture où se trouvait Hector et, volant à son secours, se précipita sur Gauvain, l’épée levée, et le frappa si fort qu’il lui enfonça de deux doigts la lame dans le heaume. Gauvain en fut si commotionné qu’il éperonna son cheval et, plantant là les deux autres, se laissa emporter au gré de sa monture.
    Le combat devenait terrible devant la tente d’Arthur, et les compagnons de Bohort y auraient sûrement péri si Lancelot et les siens n’étaient survenus, les dégageant à coups de lance et d’épée. Quand la nuit fut venue, les chevaliers du roi, harassés de fatigue, retournèrent aussi vite qu’ils purent à leur camp. Leurs adversaires en firent autant du côté de la

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