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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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celui-ci ne reprenait sa femme et ne la traitait avec autant d’honneur qu’un roi doit traiter sa reine {61} . Et les évêques du royaume décidèrent d’envoyer l’un des leurs, l’évêque de Llandaff, discuter de l’affaire. Après en avoir conversé avec le roi Arthur, le prélat se rendit à la Joyeuse Garde et y demanda un entretien avec la reine Guenièvre.
    Dès que celle-ci fut en sa présence, il lui dit : « Dame, il te faut retourner au roi ton seigneur légitime. Ainsi le commande notre saint-père le pape. Le roi Arthur devra promettre, en présence de tous ses barons, de te traiter désormais comme un roi doit traiter sa reine. Il s’engagera également, lui comme les gens de sa cour, à ne tenir aucun compte de tout ce qu’on a pu raconter à ton sujet et au sujet de Lancelot du Lac, et ce en quelque endroit que tu te puisses trouver. – Seigneur évêque, répondit la reine, la chose mérite réflexion. Aussi vais-je demander conseil à ceux qui me protègent. Reviens dans deux jours, et je te donnerai ma réponse, quelle qu’elle soit. »
    Guenièvre fit alors venir dans sa chambre Lancelot, Bohort, Lionel et Hector, et elle leur dit : « Seigneurs, vous êtes ceux en qui j’ai le plus confiance. Je vous prie donc de me donner un conseil conforme à mon honneur ainsi qu’à mes intérêts. Voici de quoi il retourne : il m’est venu une nouvelle qui ne peut m’être qu’agréable : le roi m’a demandé de faire retour à lui, et il m’assure qu’il me chérira comme par le passé. Il m’honore fort de m’adresser cette demande et de bien vouloir oublier les torts que j’ai eus envers lui. Vous-mêmes n’aurez rien à y perdre, car je suis décidée à ne partir d’ici que s’il renonce à toute vengeance contre vous ou tout du moins accepte de vous laisser quitter le pays. Ainsi n’aurez-vous rien à redouter tant que vous resterez en cette terre. Dites-moi donc ce que vous me conseillez. Si vous préférez que je reste avec vous, je resterai. Si vous souhaitez que je m’en aille, je m’en irai. »
    Lancelot réfléchit un instant, puis il répondit : « Dame, si tu suivais les désirs de mon cœur, tu resterais. Mais comme je veux que cette affaire se règle conformément à ton honneur plutôt que selon mes vœux, je te demande d’aller retrouver le roi. Si, en effet, tu refusais l’offre généreuse qu’il te fait, il n’est personne qui ne dénoncerait ta honte et ma déloyauté. Voilà pourquoi je veux que tu fasses savoir au roi que tu retourneras chez lui quand il le désirera. Je t’affirme également que, lorsque tu nous quitteras, tu seras accompagnée d’une escorte plus magnifique que n’en eut jamais dame de haut parage. Et si je parle ainsi, bien que je t’aime plus qu’aucun chevalier n’aima jamais sa dame, c’est par souci de ton honneur. » Quand il eut prononcé ces mots, les yeux de Lancelot se brouillèrent de larmes, et la reine, elle, se mit à pleurer.
    Cependant Bohort, qui avait jusque-là écouté sans mot dire, s’insurgea : « Lancelot ! s’écria-t-il, tu agis bien étourdiment ! Dieu veuille que cela tourne à ton avantage mais, pour ma part, je crains que tu ne viennes de prendre une décision dont tu auras à te repentir. Pour peu que tu repartes pour notre pays tandis que la reine demeurera en cette île, plus jamais tu ne la reverras. Or, je connais si bien tes sentiments et le grand amour que tu as pour elle que, j’en jurerais, au bout d’un mois tu donnerais le monde entier, s’il t’appartenait, pour n’avoir jamais consenti cet abandon-là. Oui, Lancelot, tu te repentiras de cette faiblesse ! »
    Quand Bohort eut de la sorte exprimé le fond de sa pensée, son frère et son cousin prirent le relais et, soutenant son point de vue, allèrent jusqu’à blâmer Lancelot : « Hé, seigneur ! que redoutes-tu donc du roi pour lui rendre ainsi sa femme ? » Lancelot avait la mort dans l’âme. Malgré sa conviction que Bohort, Lionel et Hector avaient raison, il leur répondit cependant qu’il rendrait Guenièvre au roi Arthur, quoi qu’il put advenir et dût-il lui-même en mourir de chagrin.
    Aussi, lorsque l’évêque de Llandaff revint chercher la réponse promise, Guenièvre lui dit : « Seigneur évêque, tu peux maintenant aller trouver le roi. Salue-le de ma part et annonce-lui que j’accepte de retourner à la cour s’il me garantit que rien ne sera changé entre nous et qu’on ne

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