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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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parlera plus de cette malheureuse affaire. Mais dis-lui également que je ne partirai point d’ici qu’il ne se soit engagé par serment à permettre à Lancelot de quitter le pays sain et sauf, sans perdre un seul éperon ni un seul de ses hommes. » Lorsque l’évêque entendit ces paroles, il en remercia Dieu d’autant plus qu’il y voyait le gage que la guerre allait s’achever. Aussi, après avoir recommandé la reine ainsi que tous ceux de la Joyeuse Garde à Dieu, il quitta la forteresse et s’en alla tout droit jusqu’à la tente d’Arthur pour lui transmettre ce message de la reine.
    Apprenant qu’on voulait bien lui rendre Guenièvre, le roi dit à haute voix devant tout le monde : « Par Dieu tout-puissant, si Lancelot s’intéressait autant à ma femme que l’on a voulu me le faire croire, il préférerait continuer cette guerre, ainsi qu’il le peut, des mois et des mois plutôt que de se séparer d’elle. Quant à moi, puisqu’il consent si généreusement à exaucer ma requête, je satisferai en tous points les exigences de la reine. Je le laisserai quitter le pays, sain et sauf, avec tous ses gens. » Et il pria sur ce l’évêque de Llandaff de retourner à la Joyeuse Garde et d’y prendre toutes les dispositions nécessaires pour que l’affaire se trouvât réglée dans les plus brefs délais. Le prélat se hâta d’obéir, et il fut convenu que la reine serait rendue le lendemain à son seigneur légitime, tandis que Lancelot quitterait l’île de Bretagne pour gagner avec les siens les terres de Gaunes et de Bénoïc dont ils étaient les seigneurs.
    Cette nuit-là, les troupes du roi célébrèrent joyeusement la fin de la guerre. Beaucoup de chevaliers s’étaient en effet attendus au pire en voyant s’éterniser les combats, et ils prévoyaient trop que cette querelle entre Arthur et Lancelot risquait de mener au désastre. Mais si la liesse régnait au camp, à la Joyeuse Garde, en revanche, on était accablé. Car tous voyaient Lancelot, Bohort, Lionel et Hector aussi navrés de tristesse que si le monde entier eût péri.
    Quand le jour fut levé, Lancelot dit à Guenièvre : « Dame, c’est aujourd’hui que nous allons nous séparer et qu’il me faudra quitter ce pays. J’ignore si nous nous reverrons, mais tu seras toujours dans mon cœur la seule et unique femme que j’aurai aimée. » La reine se mit à pleurer. « Oui, dit-elle, je le sais, tout comme je sais que je dois retourner auprès du roi, parce que cette guerre a déjà trop fait de victimes. Mais sache aussi que je ne pourrai t’oublier tant que j’aurai un souffle de vie. » Tous deux observèrent ensuite un profond silence, puis Lancelot murmura : « Guenièvre, voici l’anneau que tu me donnas jadis, quand je fis ta rencontre. Je l’ai gardé jusqu’ici pour l’amour de toi. Daigne le porter désormais pour l’amour de moi, et moi je porterai de même celui que tu gardes à ton doigt. » Ils firent donc l’échange de leurs anneaux en versant d’abondantes larmes et, après s’être tendrement étreints, ils allèrent se préparer.
    Lancelot avait ordonné à tous ceux de la Joyeuse Garde de former un cortège digne d’une grande reine. Lui-même, ainsi que Bohort, Lionel et Hector, étaient revêtus des plus riches habits qu’ils eussent trouvés. Autour d’eux s’étaient rassemblés cent chevaliers, tous vêtus de velours vert et montés sur des destriers caparaçonnés jusqu’aux sabots. Chacun des chevaliers tenait au poing, en signe de paix, un rameau. Quant à la reine, elle était somptueusement parée de soie, et une vingtaine de jeunes filles, toutes plus belles les unes que les autres, l’entouraient. Quand vint le moment, Lancelot fit ouvrir la grande porte de la Joyeuse Garde, et tous, s’ébranlant en ordre parfait, sortirent de la forteresse et se dirigèrent vers le camp du roi.
    Arthur vint en personne à leur rencontre, escorté de nombreux chevaliers. En le voyant approcher, Lancelot descendit de cheval, prit par le mors le cheval de la reine et dit à haute voix, de manière à être entendu de tous : « Seigneur roi, voici la reine, qui faillit être mise à mort par la déloyauté de certains chevaliers de ta maison, et que j’ai pris le risque, au péril de ma vie, de sauver. Si j’ai accompli cet acte, ce n’est pas en raison des faveurs qu’elle m’aurait accordées, mais seulement parce que je la sais la plus vaillante et la plus

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