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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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leurs propres blessures, réussirent à relever Cador et à l’installer sur un cheval. Puis la petite troupe s’engagea dans un chemin qui s’enfonçait dans une vallée profonde, Cador en croupe de Karadoc, car quoique celui-ci prît grand soin de maintenir une allure douce, le blessé n’eût jamais pu chevaucher seul. Quant à Guinier, elle laissait libre cours à son chagrin et menait grand deuil.
    À la longue, ils parvinrent néanmoins devant un pavillon qui, dressé au bord d’une rivière, leur parut magnifique avec ses rehauts d’or et d’argent. Tout autour verdoyait la prairie jusqu’aux rives émaillées de fleurs. L’endroit séduisit Karadoc, et le joyeux ramage des oiseaux dans les frondaisons n’adoucit pas moins les souffrances que lui infligeaient ses fatigues et ses blessures. « Ah ! Dieu tout-puissant ! s’écria-t-il, comme ce lieu est beau ! Est-il aimé de Dieu, l’homme qui en est le seigneur et maître ! »
    À peine avait-il prononcé ces paroles que s’éleva une mélodie merveilleusement chantée par des jeunes filles qui, assemblées dans la prairie, menaient des rondes infiniment gracieuses autour du pavillon. Mais il vit et entendit bien d’autres choses non moins étonnantes : à l’entrée de la tente, se tenaient deux automates magiques d’or et d’argent qui, respectivement, ouvraient et fermaient la porte sans l’intervention visible d’aucun portier ; ils avaient également une autre fonction : l’un jouait de la harpe en virtuose, tandis que l’autre, muni d’un javelot, défendait toute approche aux rustres en les frappant d’emblée d’un coup bien décoché. Quant à son compère harpiste, il avait, lui, le privilège de démasquer toute femme qui se prétendait indûment vierge. L’une de celles-ci se présentait-elle à l’entrée ? L’instrument détonnait, ses cordes se rompaient. À l’intérieur, le pavillon était jonché de joncs et d’herbes fraîches ainsi que de fleurs aromatiques destinées à embaumer l’atmosphère sitôt que survenait le seigneur. Karadoc interrogea Aalardin sur le propriétaire de ce pavillon si superbe et si raffiné. « Seigneur, répondit l’autre, je suis le plus proche voisin de ce pavillon, car il m’appartient. J’en suis le seigneur unique, et c’est donc chez moi, sache-le, que je vous amène. Les gens dont tu admires le chant sont tous de ma compagnie, chevaliers, dames, jeunes filles et valets. En entrant dans le pavillon, vous découvrirez mes grandes richesses et y verrez aussi ma sœur, que j’aime d’un grand amour et qui m’inspire le plus profond respect. »
    Du pavillon sortirent alors ses vassaux qui s’empressèrent de lui rendre hommage. Sa sœur, qui était fort belle, lui tint l’étrier, et tous les autres la secondèrent quand il entreprit de démonter doucement Cador puis de l’emmener à l’intérieur et de l’y étendre sur un lit moelleux. Du reste, à peine eut-il entendu la harpe mélodieuse que le blessé se ranima comme par enchantement. On eût dit qu’il s’éveillait d’un songe. Ni la belle Guinier ni Karadoc lui-même n’en croyaient leurs yeux. Quant à Aalardin, il dit à sa sœur : « Douce amie, je t’en prie, prends grand soin de ces chevaliers comme tu le fais de moi-même. Je te confie pareillement la jeune fille que voici. Use de tout ton pouvoir et de toute ta sagesse afin de guérir ces chevaliers pour le bien de ton frère. Pour ce qui est de moi, je te saurais également grand gré de répandre tes baumes sur mes blessures. Elles me font grandement souffrir. »
    Et, de fait, la sœur d’Aalardin leur dispensa à tous trois des soins si merveilleux qu’en moins de huit jours ils se retrouvèrent sur pied. En outre, elle témoigna tant d’honneur à la belle Guinier et lui manifesta une telle affection que celle-ci oublia jusqu’aux ressentiments qu’elle avait accumulés contre Aalardin et sa famille. Ainsi ces huit jours ne furent-ils qu’une fête continuelle enchantée de doux divertissements. Les trois hommes se jurèrent solennellement d’être compagnons à jamais, et Aalardin fit amende honorable envers Guinier des violences qu’elle avait subies. Et tous décidèrent de partir ensemble, le lendemain, pour la cour du roi Arthur, lequel avait convoqué le ban et l’arrière-ban de ses barons et de ses vassaux.
    Aussitôt prêts, ils se mirent en route par le chemin le plus direct. Karadoc chevauchait aux côtés de

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