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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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entendait repaître sa rancune coûte que coûte et quoi qu’il en pût advenir.
    Sur ces entrefaites, Karadoc de Vannes, qui traversait la forêt, entendit les plaintes et les gémissements de la jeune fille. Tout en armes et très droit sur sa selle, il dévalait une colline quand, alerté par les cris, il regarda vers le fond de la vallée et, d’un coup d’œil, embrassa le navrant spectacle du rapt. Sans hésiter une seconde, il éperonna son cheval et, au triple galop, courut sus au ravisseur. Dès qu’elle le vit, Guinier redoubla de supplications, tandis que lui, se mettant en travers du chemin, criait : « Seigneur ! Laisse cette jeune fille, ou bien gare à toi !
    — Comment ? répliqua Aalardin. De quel droit te mêles-tu de mes affaires ? Il faudrait que je fusse fou ou bien pleutre pour te céder cette jeune fille que j’ai conquise par ma vaillance ! C’est pour ton malheur, chevalier, que tu insisterais, car si tu veux ma proie, il te faudra me la ravir de force ! – Et telle est bien mon intention ! s’exclama Karadoc. Dieu me préserve d’abandonner jamais une femme qui m’appelle à son secours, sans quoi je renierais le serment que j’ai prêté lors de mon adoubement par le roi Arthur. En garde ! Défends-toi si tu veux un combat loyal, car, sache-le, je n’hésiterai pas à t’attaquer, quelle que soit ton attitude ! »
    De sa main libre, il saisit le cheval de la jeune fille par le frein. Alors Aalardin lui décocha un coup d’épée qui manqua lui couper le poing qui tenait la lance et, déviant, sectionna celle-ci en deux. Mais, avec le tronçon restant, Karadoc lui porta un tel coup que son adversaire vida les étriers et culbuta, tête la première, à terre. Karadoc bondit à bas de son cheval et provoqua de nouveau Aalardin. Farouchement, tous deux s’attaquèrent et, avec leurs lames tranchantes, mirent leurs boucliers en pièces et s’infligèrent force blessures. Il leur fallut même s’interrompre quelques instants, tant ils étaient à bout de souffle. Finalement, Karadoc réussit cependant à briser l’arme d’Aalardin qui, se voyant désormais hors d’état de se défendre, lui tendit la croix de son épée. « Seigneur, dit-il, je me rends à toi et me mets à ta merci. Je me reconnais ton prisonnier. Dis-moi ton nom, toi qui as failli me rompre les os, m’infligeant là ma première défaite !
    — Je n’ai aucune raison de te le cacher, répondit le vainqueur. Je suis Karadoc, le fils du roi de Vannes et le petit-neveu du roi Arthur. Et toi, qui es-tu donc ? – On m’appelle Aalardin du Lac dans mon pays. Amoureux de la jeune fille qui est ici, je voulais en faire la dame de mes terres. Mais comme elle a refusé mon amour, j’ai voulu, hélas ! la prendre de force et lui faire payer très cher ses dédains. Si tu ne m’avais tant malmené, je me serais certes bien vengé d’elle ! Mais ta valeur est telle que me voici contraint à consentir à toutes tes volontés. Parle. – Il convient, répondit Karadoc, que tu te rendes d’abord à la jeune fille que tu as offensée par ta violence. – Qu’il en soit comme tu l’ordonnes. » Et le vaincu s’agenouilla devant la belle Guinier pour lui manifester son repentir.
    « Seigneur Karadoc, dit alors la jeune fille, je ne saurais rien pardonner à cet homme avant qu’il ne m’ait rendu mon frère Cador sain et sauf. Je ne consentirai jamais à faire la paix avec ce brigand tant qu’il n’aura pas réparé le tort qu’il m’a fait en renversant et en blessant mon frère bien-aimé qui ne fut coupable que de me défendre contre ses entreprises éhontées ! » Karadoc se tourna vers le vaincu et lui demanda : « Qu’en dis-tu ? Lui rendras-tu son frère sain et sauf afin d’obtenir son pardon ? – Oui, répondit Aalardin. Il n’est rien que je n’entreprenne pour mériter son pardon et pour souscrire à tes volontés. »
    Aussitôt, tous trois se remirent en selle et allèrent rejoindre Cador au lieu où s’était déroulé le fâcheux combat. Ils le découvrirent étendu sur l’herbe verte, et si grièvement blessé qu’il n’aurait jamais pu se relever. À peine exhalait-il encore un faible souffle. À le voir si mal en point, la belle Guinier, incapable de retenir ses larmes, se répandit en imprécations contre Aalardin qui, au comble de la confusion, promit de réparer tout le mal qu’il avait causé. À grand-peine, les deux hommes, quoique affaiblis par

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