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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la sienne aujourd’hui. Ce contrat a été passé devant toutes les personnes ici présentes, et je réclame seulement qu’il soit honoré. Après tout, Karadoc savait très bien ce qu’il faisait, et je ne l’ai pas obligé à me trancher le cou. »
    Au même moment, la reine Guenièvre sortit de ses appartements en compagnie de ses suivantes, toutes dames et jeunes filles de grande beauté. « Seigneur chevalier, dit-elle, épargne ce jeune homme. Ce serait grand péché et grand malheur que sa mort. Au nom de Dieu, accorde-lui la vie, tu en seras bien récompensé. Je t’en prie, déclare Karadoc quitte du coup d’épée, et tu obtiendras celles de ces jeunes filles que tu voudras. – Dame, répondit le chevalier à la robe d’hermine, je n’éprouve certes aucun mépris pour ces jeunes filles, mais je les refuse. Je ne veux obtenir rien d’autre que mon dû. S’il est au-dessus de tes forces d’assister à ce spectacle, regagne ta chambre. » La reine alors se couvrit la tête d’un grand châle et, dans sa douleur, entreprit de se lamenter.
    « Finissons-en, dit alors Karadoc. Qu’attends-tu pour me frapper ? » Il s’approcha d’une table et y posa sa tête. Le chevalier à la robe d’hermine leva son épée et l’en frappa du plat sans lui faire le moindre mal. « Lève-toi maintenant, Karadoc, dit-il. Il serait trop révoltant et trop malheureux que je te tue. Viens me parler en particulier, car je désire t’apprendre certaines choses. » Et, après qu’ils se furent retirés à l’écart : « Sais-tu pourquoi je ne t’ai pas tué ? reprit-il. C’est, sache-le, que je me nomme Éliavrès et que je suis ton père. » Là-dessus, sans plus attendre, il révéla à Karadoc le secret de sa naissance. Le jeune homme d’abord ne voulut pas le croire, mais les détails que lui fournit Éliavrès étaient si précis qu’il finit par devoir admettre que tout cela était vrai. L’entretien terminé, Éliavrès salua le roi, enfourcha son cheval et s’en alla.
    Karadoc était demeuré prostré. Et la belle Guinier eut beau venir à lui et l’embrasser tendrement, il répondit à peine à sa tendresse. L’interrogeait-on sur les confidences du chevalier à la robe d’hermine, il ne répondait rien et se retranchait dans un silence obstiné qu’il observa tout le reste de la journée. Enfin, le soir, après avoir demandé au roi Arthur la permission de quitter la cour et assuré Guinier de son indéfectible amour, il s’enfonça seul dans la nuit.
    Quelques jours plus tard, il parvint auprès du roi de Vannes qui l’avait élevé et qu’il avait toujours pris pour son père. Celui-ci manifesta la plus grande joie à le voir de retour sain et sauf. Mais Karadoc, le prenant à part, lui conta tout ce qu’il avait appris d’Éliavrès, non sans l’assurer qu’il demeurerait éternellement le meilleur et le plus dévoué des fils. Les révélations de Karadoc plongèrent d’abord le roi de Vannes dans un désespoir affreux ; puis la colère l’envahit et il voulut en personne châtier la reine Ysave en la passant au fil de l’épée pour l’avoir odieusement trompé. Mais Karadoc s’interposa. « Non, seigneur, dit-il. Toute coupable qu’est la reine, elle est ma mère, et je dois la protéger. Voici ce que je te conseille : afin que le maudit enchanteur ne puisse plus jamais la rejoindre, enferme-la dans une tour aussi haute qu’étroite ou du moins pourra-t-elle méditer sur ses forfaits et se repentir à loisir. »
    Ainsi fut fait. Le roi fit enfermer l’infidèle dans une tour où nul ne pouvait pénétrer hormis lui-même et ceux qu’il y autorisait. La reine Ysave n’y avait aucun homme pour compagnie. Seules des femmes la servaient. Une fois assuré que sa mère se trouvait sous bonne garde, Karadoc prit congé du roi de Vannes et regagna la cour d’Arthur, car il lui tardait de revoir la belle Guinier.
    Cependant, l’enchanteur Éliavrès, père de Karadoc, était fort ennuyé qu’on l’eût séparé de la reine. Il ne désirait en effet rien tant que d’aller la retrouver, et il s’y employa. Ses connaissances en matière de magie lui permirent de pénétrer dans la tour à l’insu de quiconque et à la grande joie de la dame. Toujours grâce à sa magie, il manda des musiciens qui lui jouaient de la harpe et de la vielle, des jongleurs qui la divertissaient, des danseurs qui menaient le bal et des acrobates qui accomplissaient des prodiges. De

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