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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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chacun s’accordait à voir en lui l’un des plus valeureux chevaliers qu’on eût jamais croisés à la cour d’Arthur. Et pourtant, une grande tristesse étreignait le cœur des compagnons de la Table Ronde car, ils le savaient, Karadoc ne se déroberait pas, le moment venu, et force lui serait de subir le sort qu’il avait infligé au chevalier à la robe d’hermine. Or, si ce dernier était sorti indemne de l’épreuve, c’est qu’il était un magicien, tandis que Karadoc n’était qu’un guerrier, soumis comme tous les autres à la souffrance et à la mort. Cependant, Karadoc se ne souciait guère de son avenir, quoique approchant l’époque où il devrait retourner à Carduel subir son fatal destin.
    Comme, en conséquence, le roi Arthur avait convoqué tous ses barons et ses vassaux, leur demandant de venir à la cour avec leur famille, Cador de Cornouailles quitta son domaine en compagnie de sa sœur pour Carduel. Il pensait y arriver bien en avance et profiter de son séjour pour parler avec son cousin Arthur. Sa sœur, Guinier {12} , était belle et sage ; jamais elle ne se fardait ni ne se souciait des parures que lui avait prodiguées la nature. Elle et son frère voyageaient seuls, sans aucune escorte, mais la jeune fille se savait en sécurité, tant Cador était taillé en force et apte à la défendre en cas de nécessité.
    Or, comme ils traversaient une forêt, déboucha d’une vallée un chevalier tout en armes et qui les observa attentivement. Au premier coup d’œil, il reconnut la jeune fille. En effet, Aalardin du Lac, tel était son nom, aimait depuis longtemps la belle Guinier ; il l’avait même demandée en mariage à son père, au temps où celui-ci vivait encore, et à son frère Cador de Cornouailles, car il brûlait d’en faire son épouse et la dame de sa terre. Mais elle avait répondu ne vouloir être ni la femme ni l’amie d’Aalardin, bien qu’il fût l’un des plus beaux et des plus vaillants chevaliers de son pays. Lui, néanmoins, ne s’était pas tenu pour vaincu et guettait l’occasion de prendre sa revanche. Aussi, dès qu’il aperçut Guinier et son frère Cador seuls au milieu de la forêt, se sentit-il plein de joie et d’espoir. Il éperonna son cheval et eut tôt fait de leur barrer le passage.
    « Seigneur ! apostropha-t-il Cador, cède-moi ta sœur ! Tu ne saurais l’emmener un pas plus loin. Si tu ne consens à me l’octroyer de bon gré, je me fais fort de t’y contraindre, et prends garde, si tu m’en crois, à te couvrir soigneusement, car ta tête risque de voler dans l’herbe ! » Sans être désarmé, Cador avait repoussé son heaume en arrière à cause de la chaleur. « Certes ! rétorqua-t-il, voilà qui dépasse toute mesure ! Te figures-tu donc que je vais t’obéir et te laisser ravir ma sœur contre sa volonté ? Non seulement je ne compte pas m’humilier devant toi, mais je suis bien déterminé à défendre le droit de ma sœur et le mien ! En garde ! » Sur ces mots, il rabattit son heaume et se prépara au combat.
    Aussi les deux hommes ne tardèrent-ils pas à se précipiter l’un sur l’autre avec toute la fureur guerrière dont ils étaient capables. Et leurs montures les emportèrent à si vive allure qu’au premier choc chevaux et cavaliers mordirent la poussière en un tas confus. Mais Cador eut la malchance de tomber à la renverse sous son destrier qui lui brisa la jambe, et la violence de la douleur l’étreignit si fort qu’il demeura inerte comme une souche. Ce que voyant, Aalardin ricana d’un ton cruel : « Seigneur Cador, c’est en dépit de toi que ta sœur Guinier m’appartiendra. J’avais voulu en faire mon épouse et la maîtresse de mes terres, mais son refus et le tien me donnent une autre idée. Je ferai d’elle une putain à l’usage de mes valets. Ainsi serai-je vengé de l’affront que vous m’avez infligé, elle et toi ! »
    Alors, sans plus d’égards, il remonta sur son cheval et entraîna la monture de la jeune fille par la bride. « Ah ! s’écria Guinier, par la Vierge Marie, ne sera-t-il personne pour me secourir ? Prendre une femme de force n’est vraiment pas digne d’un chevalier ! C’est là pure cruauté ! Plutôt mourir que de suivre un homme qui méprise autant la volonté des femmes ! » Et elle se lamentait à grands cris, tout en pleurs, tandis qu’Aalardin, sans se soucier de ses reproches, allait de l’avant. Tout à son projet, il

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