La nuit de l'ile d'Aix

édition du Mémorial qui date de 1823, que Las Cases dut retoucher après de pressantes interventions. Cette vérité nous éclaire les zones d’ombre et le rôle trouble du général Gourgaud, délateur patenté et pair de France sous la Restauration.
    En 1910, le capitaine Driant qui allait devenir le héros du Bois des Caures écrivait un roman intitulé L’Évasion de l’Empereur où se mêlaient dans un carrousel picaresque le fils de Paoli et le lieutenant de vaisseau Besson, les sous-marins et les corsaires, etc. Le roman, signé Capitaine Denrit, connut un vif succès, mais les lecteurs s’attachèrent surtout à l’intrigue et oublièrent les sources historiques. Car des dizaines de complots avaient été ourdis pour organiser l’évasion de l’Empereur {102} .
    La tentative la plus spectaculaire fut l’œuvre de l’ingénieur Johnson qui avait construit un sous-marin et réussit à entrer en contact avec Gourgaud   ! Le sous-marin ne devait jamais quitter les rivages du Pacifique.
    Mme Fourès, richissime et baroque, toujours constellée de diamants et de pendentifs et qui avait été la maîtresse du général Bonaparte au Caire, avait recruté une centaine de mercenaires qui s’entraînaient à la façon des commandos de « marines   » pour prendre d’assaut Longwood.
    Joseph Bonaparte avait financé lui-même la construction dans le Connecticut d’une frégate spécialement aménagée pour le retour de Napoléon.
    La trahison de Gourgaud met un terme irréversible à ces velléités.
    Mentionnons enfin une anecdote qui semble relever la légende. Au printemps 1821, après de nombreuses tentatives avortées, un brick quittait San Francisco, avec deux cents hommes à bord. Le plan avait été longuement mûri. Depuis deux ans des émissaires secrets avaient fait transmettre à l’Empereur un plan d’évasion. La traversée retardée par de violentes tempêtes fut longue et pénible. Le navire parvint en vue de Sainte-Hélène le 20 mai... Napoléon était mort depuis quinze jours.
    Monza Treize Vents La Malmaison Font-Romeu Montana L’île d’Aix
    Mars-octobre 1984