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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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crois ?
    Elle hocha la tête.
    — Alors tu te mens à toi-même.
    — Pourquoi ?
    — Parce que tu aimais trop Niklaus pour pactiser avec son meurtrier.
    — Je crois que tu devrais jeter un œil, Mary, l’apostropha Baletti, qui s’était avancé vers eux, une longue-vue en main.
    Le brigantin de Rackham n’était plus qu’à quelques encablures, et s’apprêtait à virer de bord pour les prendre par le travers. Mary s’étonna de son sourire et colla un œil à la lentille. Son cœur bondit de joie.
    Le visage offert aux embruns, Ann Bonny se tenait à la proue de La Revanche, habillée en pirate.
    — La fille du vent, lui glissa Baletti à l’oreille, lui ceinturant la taille.
    — Ma fille, murmura Mary en découvrant ses traits, les détaillant pour s’en convaincre.
    Vanderluck accepta la longue-vue qu’elle lui remit, le cœur battant.
    — Ton instinct ne t’a pas trompée, Mary, affirma-t-il. Si cette bougresse n’est pas Ann Olgersen, je veux bien être damné.
     
    *
     
    — Toi ? s’étrangla Rackham en découvrant Mary au pied de la passerelle tendue pour l’accueillir sur le Sergent James.
    Vanderluck s’était rendu à ses ordres sans discuter.
    — Moi ! répliqua Mary, qui s’était forcée à se reprendre pour l’affronter, sans pouvoir empêcher son cœur de s’emballer en voyant Ann se glisser à ses côtés.
    — J’aurais dû m’en douter, à voir vos manières !
    Baletti s’avança et Rackham se mit à ricaner.
    — Vous n’avez donc pas été pendu avec Vane.
    — Il faut croire que non, lança Baletti.
    — Toujours en quête d’un navire, si j’en juge par ce nouveau rafiot. On dirait que Mary Read n’en finit pas de déchoir.
    — Tu es une femme ? intervint Ann.
    — Je suis une pirate, rectifia Mary. La vérité est que je te cherchais, Rackham.
    — Pour me venger de n’avoir pas voulu de toi ?
    — Pour m’enrôler à ton bord.
    — Plutôt crever ! grinça-t-il en crachant à terre.
    — Ça peut s’arranger, déclara froidement Mary en dégainant son pistolet.
    Il était armé. Rackham blanchit. D’autant que Baletti en avait fait de même et pointait Ann, presque à bout portant.
    — Garce ! C’était donc bien La Revanche que tu convoitais.
    Mary sourit. L’idée lui était venue, oui, de récupérer le navire en même temps que sa fille, mais l’œil farouche et furibond de celle-ci l’en empêchait. Ann aimait Rackham.
    — Pour cela, il me suffirait de t’abattre, dit-elle. Or je n’en ai pas envie. Avec les chiens de Woodes Rogers dans les parages, mieux vaut se trouver du bon bord. Le tien fait mon affaire. Il n’y a pas meilleur pirate que toi sur ces eaux.
    Rackham ne s’attendait pas à cette flatterie. Il écarquilla des yeux comme des soucoupes. D’autant que, cessant de le pointer, Mary Read lui tendait à présent son arme par la crosse.
    — Engage-nous, dit-elle. Tu n’auras pas à le regretter.
    Ce fut Ann qui lui enleva le pistolet des mains tandis que Baletti baissait le sien.
    — Bienvenue à bord de La Revanche, décida-t-elle pour son amant dans un sourire ravi. Je suis Ann Bonny.
    Le cœur de Mary s’accéléra.
    — Mary Read, se présenta-t-elle simplement en lui tendant une main franche.
    Ann la serra, puis se retourna vers Rackham, ennuyé de la voir suppléer à son autorité.
    — Ne t’avise pas de me doubler, Read.
    — Je n’ai qu’une parole, capitaine.
    Ann Bonny éclata d’un rire clair tandis que le cœur de Mary Read s’envolait. Là, au cou d’Ann, un pendentif d’émeraude s’amusait à la narguer.

33
     
     
    A peine le Sergent James se fut-il éloigné pour reprendre sa route, que Mary put juger de la place qu’Ann tenait sur La Revanche.
    Les premières semaines de sa présence à bord, Rackham avait dû contraindre son équipage, expliquant qu’on la débarquerait à Cuba et qu’elle y resterait pour élever leur enfant.
    — Cette garce avait bien d’autres ambitions, expliqua Harwood à Mary avec une pointe de respect et de tendresse dans la voix.
    Incapable de plonger dans le sommeil, celle-ci était remontée sur le pont prendre l’air. Le matelot s’y trouvait. Personne des anciens de Vane n’avait émis d’objection à leur enrôlement, leur ardeur au combat était encore présente dans toutes les mémoires. Harwood avait l’humeur aux confidences. Il enchaîna :
    — Ann s’est laissé emmener sur l’île des Pins, si prête à

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