Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
instant, avoua Mary. Mais ils sont adultes aujourd’hui, et ont tous deux choisi leur destinée. Comme moi, ils se sont fait pirates.
    Ann sourit.
    — Ils ont leur propre navire ?
    — Oui, répondit Mary sans mentir.
    Rackham avait beau être le capitaine de La Revanche, c’était Ann qui gouvernait.
    — J’ai peur, lâcha Ann après un court moment de silence. Je brûle de serrer Petit Jack dans mes bras, mais j’ai peur.
    — Peur de quoi ?
    — Peur de l’aimer. Je ne peux pas expliquer cela. Peur qu’on me l’enlève. Cette seule idée me terrorise.
    Mary la vit porter sa main à son collier.
    — Ce bijou, demanda-t-elle, d’où vient-il ?
    — De ma mère. De mon passé, rectifia-t-elle. Mais je n’ai pas envie d’en parler.
    Ann soupira et se retourna vers elle. Leurs regards s’accrochèrent. Ils n’étaient que tendresse. Ann baissa le sien, troublée.
    — Tu as déjà été attirée par une femme ? demanda-t-elle.
    — Oui. J’avais ton âge. Elle ne m’a apporté que malheur.
    — J’aime ta compagnie, Mary. Elle m’apaise et tout à la fois m’effraie. Je voudrais m’en écarter et en même temps…
    — Me prendre dans tes bras ?
    Ann hocha la tête.
    — Moi aussi, Ann.
    — Terre ! hurla la vigie, au moment où Mary effleurait ses doigts.
    Ann les retira aussitôt et s’échappa comme s’ils l’avaient brûlée.
     
    — Dis-lui, Mary, insista Baletti en caressant ses hanches d’une main tendre.
    C’était la première fois qu’ils se retrouvaient ainsi depuis longtemps. Il n’était pas question de s’aimer sur La Revanche. Ils y manquaient d’intimité et Baletti ne voulait pas risquer d’éveiller la jalousie des autres. Il suffisait bien à l’équipage d’entendre gémir Ann au soir tombé. Le privilège dont jouissait Rackham pouvait fort bien leur donner des idées.
    Sur l’île des Pins, devant laquelle ils mouillaient, Rackham possédait une maison en rondins. Ann avait couru vers son fils à peine la plage foulée. Cela faisait huit jours maintenant que Mary ne l’avait vue. Pour compenser ce manque qui lui tenait le cœur, Baletti l’aimait.
    — Difficile de trouver le moment. Sur le navire, nous sommes sans cesse interrompues dans nos échanges. De plus, Ann distille ses confidences.
    — Force-les.
    — Je n’ose pas.
    — Allons, Mary. Ce n’est qu’un abordage de plus. Ou tu gagnes, ou tu perds, mais tu ne peux continuer à affronter des fantômes. Ils la terrorisent. Autant que toi. Délivre-la, ou abandonne-la.
    Mary se retourna et fixa le plafond de la chambre. Des insectes y tournoyaient en bourdonnant. Elle était moite de leurs étreintes et plus encore de la chaleur étouffante qui régnait sur l’île, balayée pourtant par les alizés.
    — Tu as sans doute raison. Je vais le faire. Je vais aller la voir et lui parler.
    — Plus tard, décida Baletti en glissant ses doigts sur son ventre. Plus tard.
    Mary l’attira à lui. Elle aussi avait besoin d’amour. Elle s’y abandonna de toute son âme.
     
    — Il faut que je te parle, Ann, seule, déclara Mary en s’annonçant à sa porte, quelques heures plus tard, alors que le jour déclinait.
    — Entre, lui dit-elle, visiblement ravie de sa visite. Rackham est sorti et je viens de coucher Petit Jack. Veux-tu le voir quelques minutes ?
    Mary hocha la tête et la suivit. Ann écarta une tenture. Un berceau se trouvait à côté du lit. Ann approcha la lanterne qu’elle venait de récupérer sur un meuble. La maison de Rackham était décorée de façon disparate, d’éléments récupérés au cours de ses nombreuses prises.
    — Il a l’air heureux, murmura-t-elle, voyant que l’enfançon souriait.
    — Je me sens si vulnérable à ses côtés, murmura Ann.
    — Je le sais. Je le sens.
    Mary s’écarta un peu pour que leur conversation n’éveille pas Petit Jack. Ann reposa sa lanterne et la rejoignit. Elles se faisaient face, portées l’une vers l’autre par une infinie tendresse.
    — L’autre jour, sur le navire… commença Mary.
    — Toi aussi, tu m’as manqué, chuchota Ann en lui prenant la main. Est-ce mal ?
    — Non. Non, ce n’est pas mal.
    Mary déglutit et se lança :
    — J’ai une fille, Ann. Une fille de ton âge…
    — Je le sais, la coupa Ann, la laissant désemparée.
    Elle se glissa contre elle et nicha son visage dans son cou. Les bras de Mary se refermèrent sur elle.
    — Tu sais ?
    — Je sais et je m’en

Weitere Kostenlose Bücher